Le colonel-major malien, El Hadji Ag Gamou, a été rappelé de toute urgence à Bamako pour des explications. Le colonel-major El Hadji Ag Gamou, qui dirigeait des opérations militaire contre les jihadistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) à Gao, a été rappelé par le chef d’état-major général des armées à Bamako il y a environ trois semaines.
À Bamako, on explique que ses divergences avec les militaires français au front, notamment dans la gestion du dossier du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), sont à l’origine de cette convocation. Ag Gamou avait en effet fait arrêter trois responsables du MNLA dont Abdoul Karim Ag Matafa, alors que ces derniers se rendaient à un rendez-vous avec des militaires français à Menaka, le 9 février. Il serait également reproché à Gamou une implication dans l’évasion du maire de Tarkint, Baba Ould Cheick, qui avait été arrêté dans le cadre de l’enquête menée par la justice malienne sur un trafic de drogue. En outre, des bruits persistants faisaient état du projet d’Ag Gamou de se rendre, avec ses 700 combattants, à Kidal, une ville jusque là sous le contrôle des forces franco-tchadiennes, en ce qui concerne l’aéroport et, pour le reste, du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA) et du MNLA. Le colonel Gamou ne souhaite pas s’étendre sur ces dissensions. «Je suis là (à Bamako), dans le cadre du travail et pas d’autre chose. Il n’y a pas de problème », assure-t-il à nos confrères de Jeune Afrique. Mais dans son entourage proche, on reconnaît qu’il est très affecté par sa convocation. « Depuis son retour à Bamako, Gamou est complètement démoralisé, il nous a dit qu’il ne reprendrait l’initiative qu’après la tenue des élections », confie à Jeune Afrique l’un de ses fidèles.
Au niveau du haut commandement malien, Procès-Verbal a pu glaner quelques informations supplémentaires. Ainsi, il serait reproché au colonel Gamou d’avoir quitté, sans ordre de la hiérarchie, les positions qui lui avaient été assignées dans la région de Gao pour se retrouver jusqu’à Tessalit, en pleine zone franco-tchadienne. La chose aurait déplu aux généraux français qui ne veulent, pour l’instant, avoir aucun soldat malien dans les pattes dans la région de Kidal où la chasse aux jihadistes bat son plein dans le massif des ifoghas. « Le colonel Gamou a gardé les vieilles habitudes qu’il avait prises sous le président ATT; ayant toute la confiance de ce dernier, l’officier agissait à sa guise, sans se soucier de plans d’ensemble ou de chaîne de commandement. C’était un électron libre dans l’armée, qui prétendait ne recevoir d’ordres que de Koulouba », analyse un officier. La même source nous confie que l’unité commandée par le colonel Gamou, majoritairement composée de combattants touaregsImghads (l’ethnie de Gamou) sera reconstituée et repositionnée sur le théâtre des opérations. « Gamou ne gardera plus le commandement de cette unité car elle sera démembrée et répartie entre plusieurs chefs militaires », révèle notre source.