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La notion de démocratie inconnue au Mali !
Publié le mercredi 26 juillet 2017  |  Le Démocrate
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La population malienne est constituée à plus de 70 % d’analphabètes qui ne comprennent pas grand chose au nouveau mode de désignation des dirigeants, qui, de toutes façons n’a pas amélioré leurs conditions de vie. La multitude de partis politiques ne correspond à aucune réalité politique ou sociologique sur le terrain.

L’histoire de nos royaumes et empires nous montre que l’organisation politique précoloniale reposait sur un certain nombre de constantes. La première est que le dirigeant, depuis le village jusqu’au niveau central n’agissait pas seul. À titre d’exemple, le chef de village était le plus âgé du village. Dépositaire d’une expérience, d’une sagesse que lui conférait son âge, il était assisté des chefs de famille qui l’orientaient, ce qui constituait une garantie de la communauté contre tout abus. Les villages groupés formaient une province administrée par un représentant du roi ou l’empereur qui agissait dans le sens du respect des coutumes et traditions. Le pouvoir central gouvernait en prenant en compte les avis et recommandations des gouverneurs de province.



C’est dire que l’individu était présent, d’une manière ou d’une autre, mais à travers des mécanismes hérités de traditions cultuelles longuement éprouvées. Même le colonisateur s’entourait, dans bien des cas, de chefs indigènes ou de chefs spirituels influents parce que profondément ancrés dans les réalités socioculturelles de leur milieu. Cette organisation politique dont les responsables tiraient leur légitimité de la tradition a été abandonné avec les indépendances. De nos jours, la légitimité par le droit d’aînesse ou par la naissance (hérédité) a fait place à la légitimité par le suffrage universel. La démocratie a donné à tous les citoyens le droit de dire directement leur mot dans le choix des dirigeants. Tout le monde est électeur et éligible.

L’élection est le mode d’expression de la démocratie. Le vote au suffrage universel est le moyen de sa mise en œuvre. Il fait participer tout le mode, y compris les jeunes, au vote, donc au choix des dirigeants. Tout le monde peut être candidat à toutes les élections, et devenir président de la République, député ou maire. Les critères d’éligibilité sont ceux exclusivement définis par la loi.

Ces nouvelles sources de la légalité et de la légitimité ne prennent en compte ni l’héritage politico-institutionnel, ni les mécanismes de reproduction du pouvoir en Afrique. Dans le passé, seule une élite, d’un certain âge, aristocratique, guerrière ou maraboutique, pouvait accéder au pouvoir. Les dirigeants procédaient à une large concertation, et exerçaient le pouvoir de façon collégiale. Tous ceux qui étaient concernés par une décision étaient consultés avant qu’elle ne soit prise, mais tout le monde ne participait pas à la prise de la décision. On voit bien ici que la notion de démocratie n’était pas inconnue des Maliens, même si sa base n’était pas large, seulement aristocratique, guerrière, ou maraboutique.

De la manière dont les choses sont perçues actuellement, le suffrage universel confère la légalité sans garantir la légitimité. La population malienne est constituée à plus de 70 % d’analphabètes qui ne comprennent pas grand chose au nouveau mode de désignation des dirigeants, qui, de toutes façons n’a pas amélioré leurs conditions de vie. La multitude de partis politiques ne correspond à aucune réalité politique ou sociologique sur le terrain. Les populations ne se reconnaissent pas ou ne se retrouvent pas dans le système des partis qui mobilise une très faible proportion sur une base et selon des critères qui ne leur sont pas familiers.

Quelle est la légitimité des dirigeants issus d’un scrutin où à peine un quart des électeurs prend effectivement part au vote? Quelle est la légitimité des dirigeants dont les modes de désignation (suffrage universel) ne représentent et ne signifient rien dans la mémoire collective de la grande majorité de la population ? Quelle est la légitimité des dirigeants dans lesquels les administrés ne se reconnaissent pas ? Quelle légitimité le suffrage universel confère-il aux dirigeants mal élus, quand toutes les phases préparatoires et les résultats des élections sont systématiquement contestés par l’opposition qui les ont perdues ? Quelle est la légitimité des vainqueurs d’un scrutin quand ils sont contraints de faire participer les perdants à la gestion des affaires pour pouvoir gouverner ? Quelle est la validité du suffrage universel pour une population à majorité analphabète ?

Sambou Sissoko
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