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Kidal : l’impasse !
Publié le mercredi 26 juillet 2017  |  Le Canard Déchaîné
Kidal,
© Autre presse par Dr
Kidal, troisième grande ville du Nord du Mali
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En reportant, sine die, la mise en place du MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination) prévue pour la énième fois, le 20 juillet, à Kidal, La CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad) vient de prouver, à ceux qui en doutent encore, qu’elle n’a rien à foutre avec l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, signée les 15 juin et 20 juin 2015. Pire, au nez et à la barbe de la « communauté internationale » que cette situation de « ni guerre, ni paix » semble, plutôt, arranger.

C’est le contraire qui aurait pu étonner les Maliens. En effet, depuis la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, en deux étapes au lieu d’une, nos concitoyens ne croient plus à la bonne foi des Groupes armés, regroupés au sein de la CMA. Principalement, le MNLA, le HCUA (la branche politique d’Ansar Dine, le Groupe terroriste d’Iyad Ag Ghali).

La CMA, le torpilleur du processus de paix

Durant ces deux dernières années, ces deux mouvements ont érigé plusieurs barricades sur le chemin de la paix : boycott des travaux du comité de suivi de l’accord, dont ils sont membres ; multiplication des attaques sur le terrain, viols des femmes, racket des populations civiles, érection de Kidal en une République au sein de la République……
Mais coup de théâtre : les leaders de ces mouvements sont, toujours, les premiers à accuser le gouvernement, sur les antennes de RFI, d’être à l’origine du retard pris dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, issu du processus d’Alger.
Pour ne pas être pris à défaut par ses partenaires internationaux, l’Etat malien a, contre la volonté de ses propres citoyens, tout mis en œuvre pour remplir sa part du contrat : mise en place des autorités intérimaires dirigées dans leur grande majorité par des hommes issus de la CMA, des gouverneurs des nouvelles régions, des présidents des conseils de cercle et du MOC de Gao….
Mais jusqu’à nos jours, les gouverneurs de Taoudéni et de Kidal peinent à rejoindre leur poste. Parce que la CMA s’y oppose. Ou presque.
C’est pour mettre fin à ce « marché de dupes », dans lequel les leaders de ces Groupes armés sont passés maîtres dans l’art, que le gouvernement les a conviés à une rencontre, en juin dernier, pour examiner les voies et moyens d’accélérer la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Principale décision issue de cette rencontre, entre la CMA, le gouvernement et la Plateforme : la mise en place, le 20 juillet dernier, du MOC à Kidal, suivie du retour de l’administration.
Mais énième coup de théâtre : quelques jours avant cette date buttoir, la CMA crée, de toutes pièces, un affrontement avec son rival de toujours, le GATIA, à Anéfis. Résultat : à la date du 20 juillet, elle (la CMA) le gouvernement malien devant le fait accompli en ces termes : « croyez-vous, qu’avec ces affrontements qui se poursuivent, on peut mettre en place, à Kidal, le MOC censé réunir les combattants issus des différents groupes armés et un contingent de l’armée malienne ? ». Convoquant, dès le lendemain, une conférence de presse, le gouvernement prend l’opinion nationale et internationale à témoin, face à cette énième volte-face de la CMA. Selon le ministre de la Défense, tout a été mis en œuvre, par son département, pour que le MOC soit mis en place à cette date : les véhicules pour les patrouilles mixtes, les armes et le camp devant accueillir le MOC…

Deux « proies », deux mesures

Le plus surprenant, dans ce dossier, c’est le silence assourdissant de la fameuse « communauté internationale ». Partie prenante, dans l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, elle a toujours été prompte à accuser le gouvernement malien de vouloir torpiller le processus de paix.
Mais après cette grave violation du processus de paix, motus et bouche cousue de la France. Laquelle semble s’accommoder avec cette situation de « Ni guerre, ni paix », qui semble arranger ses « affaires ». « Qui ne dit mot, consent ! », a-t-on coutume de dire. Tacitement soutenue par l’Elysée – c’est du moins ce que pense l’écrasante majorité de la population malienne, y compris celle du nord – la CMA viole, chaque jour que Dieu fait, l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. En toute impunité. Avec une certaine passivité de l’Etat malien, sous la pression de l’Elysée. Depuis la signature, il y a deux ans, de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, La CMA n’a pas respecté une seule de ses obligations. A commencer par le désarmement et le cantonnement de ses combattants, devenus des « sujets tabous ». Sans que le Malien lambda sache trop pourquoi.
C’est pour protester contre cette « politique de deux poids, deux mesures », que les populations descendent dans la rue, chaque semaine, pour s’opposer au projet de révision constitutionnelle, en vue de la mise en place d’un Senat, préconisé par l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.
« Pourquoi allons-nous continuer à respecter les termes de l’accord de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, alors que la CMA, elle, foule chaque jour cet accord au pied, en toute impunité ? », s’interrogent les Maliens, las de voir les efforts du gouvernement tomber à l’eau. Par la faute d’une poignée d’individus, qui tirent bénéfice de ce chaos à travers leurs réseaux de distribution de cocaïne et d’armes.
Autres victimes de la complaisance de la France, vis-à-vis de la CMA : les populations de Kidal. Favorables, dans leur écrasante majorité, au retour de l’administration et des services sociaux de base dans leur région, elles se voient obligées de se soumettre au diktat de la CMA. Au risque de se voir envoyer ad patres.

Le silence assourdissant des Nations-Unies

Prise, récemment, par les Nations-Unies, la récente résolution prorogeant le mandat de la Minusma prévoit des sanctions contre tout Groupe armé, qui se serait rendu coupable d’une action quelconque, susceptible de compromettre la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Pour autant, la CMA n’a rien à craindre. Rassurée qu’elle est d’être soutenue par la France, chef de file de la « communauté internationale » dans la crise malienne. Il est temps, grand temps, pour le Chef de l’Etat malien, IBK, et la France de changer de fusil d’épaule, face à l’attitude de la CMA. Trop c’est trop ! Une poignée d’individus ne peuvent prendre en otage tout un pays à cause de leurs « intérêts égoïstes ». Trop de colère, de rancœurs se sont cristallisées, ces quatre dernières années, dans les cœurs. Et dans les esprits. Et le réveil des populations maliennes risque d’être brutal. Très brutal. Trop brutal. Si brutal, qu’il provoquera le vertige à la CMA et à l’Elysée, devenus tous deux, sourds à la colère qui gronde au bord du Djoliba.



Oumar Babi
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