Bamako - Deux Casques bleus sont morts mercredi dans le crash vraisemblablement accidentel de leur hélicoptère dans le nord du Mali, ont annoncé les Nations unies, alors que de nouveaux affrontements ont été signalés dans ce pays particulièrement instable du Sahel.
L’hélicoptère faisait partie du contingent allemand de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), selon des responsables de l’ONU.
Le gouvernement allemand devait donner une conférence de presse mercredi soir à Berlin.
"Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali et chef de la Minusma, M. Mahamat Saleh Annadif, annonce avec consternation la survenue d’un crash d’hélicoptère de la mission onusienne aujourd’hui mercredi 26 juillet 2017, en début d’après-midi au sud de Tabankort dans la région de Gao", a indiqué la Minusma dans un communiqué.
"L’hélicoptère avait à son bord deux Casques bleus constituant l’équipage et qui, malheureusement sont tous décédés", poursuit le texte.
"Les indications préliminaires font état d’une défaillance technique. Les enquêtes ouvertes détermineront les circonstances exactes du crash", ajoute la Minusma.
"Nous sommes bouleversés par ce crash, je saisis cette opportunité pour présenter mes sincères condoléances aux familles des disparus", a déclaré M. Annadif, cité dans le communiqué. M. Annadif a également salué le "sacrifice suprême consenti par ces soldats de la paix".
A New York, au siège de l’ONU, un porte-parole, Farhan Haq, a expliqué que l’hélicoptère s’était écrasé alors qu’il "surveillait des affrontements au sol".
En mars 2015, deux militaires néerlandais de la Minusma avaient déjà péri dans un accident d’hélicoptère, également près de Gao.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes ont été en grande partie chassés par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013, à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de la Minusma (forte de 12.000 hommes), régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes.
Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène gagne les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.
De violents affrontements entre groupes armés ont été signalés mercredi dans la région de Kidal (nord), à plusieurs centaines de kilomètres du lieu du crash de l’hélicoptère allemand.
Ces combats ont opposé le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, progouvernemental) et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg), qui sont pourtant signataires de l’accord de paix, selon une source militaire au sein de la mission de l’ONU.
"Il y a eu de nombreuses victimes et des prisonniers", a ajouté cette source, en soulignant qu’il s’agissait d’une "nouvelle violation du cessez-le-feu".
Les belligérants, interrogés séparément par l’AFP, se sont rejeté la responsabilité de la reprise des hostilités.
L’armée allemande a renforcé depuis le début de l’année sa présence au Mali, avec l’arrivée de huit hélicoptères et de plusieurs centaines d’hommes, une décision emblématique de la montée en puissance européenne que la France appelle de ses voeux en Afrique.
Le contingent allemand de la Minusma, qui compte actuellement 639 membres, constitue le plus gros déploiement de la Bundeswehr à l’étranger.
Les quatre hélicoptères de combat Tigre ont pour fonction d’assurer la sécurité rapprochée des troupes et de participer à des missions de reconnaissance, au côté de blindés légers et de drones allemands.
Par ailleurs, début juillet, les dirigeants des pays du G5 Sahel (Mali, Tchad, Mauritanie, Burkina Faso et Niger), aiguillonnés par la France, ont acté la constitution d’une force antijihadiste conjointe et débloqué des fonds pour commencer son déploiement en septembre-octobre.
Déployée dans un premier temps aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, avec un effectif initial de 5.000 hommes, la nouvelle force s’ajoutera aux troupes de l’opération Barkhane et de la Minusma.