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Colère populaire : Le régime opte pour la stratégie du chaos
Publié le jeudi 27 juillet 2017  |  L’aube
Rentrée
© aBamako.com par Momo
Rentrée politique du PARENA
Bamako, le 20 février 2016 le PARENA a tenu sa rentrée politique 2016 au Palais de la culture
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« En politique rien n’arrive par hasard. Chaque fois qu’un évènement survient on peut être certain qu’il avait été prévu pour se dérouler ainsi » Franklin D Roosevelt 32 eme Président des Etats-Unis.

Dans la dernière chronique intitulée « Braconnage constitutionnel, un aveuglement qui menace la nation », on avertissait en ces termes : « il faut que les promoteurs du référendum se demandent jusqu’où ils sont prêts à aller une fois la procédure enclenchée pour faire taire la contestation. Ils ne doivent promouvoir ce projet que s’ils sont prêts à tout y compris les meurtres et les assassinats politiques…Faudrait-il ajouter ces conséquences désastreuses à la crise sécuritaire, politique, économique et sociale actuelle ? » Apparemment le Pouvoir IBK sait ce qu’il fait, au regard de la série d’actes d’agression dont sont victimes militants, responsables ou leurs proches de la Plateforme « Antè A Bana, Touche pas à ma constitution ».



Au Mali d’aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si le Président IBK sera battu aux élections présidentielles de 2018, cela est une certitude dans toute la classe politique y compris au sein de sa majorité d’où le parti du président assiste impuissant au débarquement de ses partenaires du train fantôme.

A présent la question est de savoir si le président prendra le risque d’organiser des élections qu’il va inévitablement perdre, en n’arrivant même pas à se qualifier, en cas de candidature, pour le second tour. Tous les sondages commandés par ses propres services lui prédisent une défaite dès le premier tour.

Cette perspective crée le désarroi total au sein d’une l’équipe au pouvoir dont l’autopsie de la trahison contre le Mali reste à faire.

Mais, devant l’évidence, le Président de la république reste indifférent aux appels de toutes sortes venant de ses amis de l’extérieur du pays, d’une partie de ses services de sécurité, de sa précaire condition physique, d’une large couche de la population et de la raison même, de céder le pouvoir et d’amorcer une sortie honorable lui garantissant un repère historique dans le pays. Pire, il préfère installer le Mali dans le chaos.

Dans cette même chronique, l’on dénonçait il n’y a pas longtemps, les bateleurs de foire et les troubadours de service qui s’efforçaient de nous vendre d’une part une révision constitutionnelle comme la trouvaille du mandat, d’autre part un IBK à qui mieux-mieux, vantant sa gloire et ses réalisations que l’on cherche en vain sur le territoire national.
D’ailleurs, certains de ces thuriféraires ne sont pas sans rappeler la fable du renard et le buste: Le renard louant l’effort de la sculpture: « Belle tête, dit-il; mais de cervelle point », tant la vacuité des arguments avancés annonce une véritable honte pour la nation vue de l’extérieur.
Il ne fait aucun doute, que si la candidature en chantier nous était imposée par les puissants du moment, soucieux de préserver leurs acquis et privilèges, il va sans dire que pour une place bien en vue dans les loges présidentielles, ils sont prêts à payer au diable son tribut. Voyez leurs montées en puissance n’a jamais été, aussi criarde, certains poussant même l’impudence d’indexer nos militaires en privé de tous les maux qui rongent notre société pour mieux cacher leurs multiples forfaitures contre la grande muette, depuis quatre (4) ans.

Durant cette période, le Mali n’a jamais autant assisté à l’émergence d’une pléthore de criminels en col blanc confortablement installée dans les arcanes du pouvoir avec leurs corollaires de scandales, de détournement, de corruption et de rapine.

On comprend que l’alternance du pouvoir qui se dessine et qui donne espoir à la jeunesse, aux intellectuels du pays soucieux de refonder l’Etat, de consolider l’unité nationale et l’Etat de Droit et l’indépendance de sa justice, effraie.

Désormais, d’obscures forces occultes tirent les ficelles, organisent la violence verbale, morale et depuis peu physique. Le récent attentat contre l’activiste Madou Kanté dit « Maréchal Madou ou Madou ka Journal », en atteste éloquemment. Cet attentat pour grave qu’il soit survient après tant d’autres agressions contre les militants du non la révision constitutionnelle.
En vérité, le pouvoir IBK cultive au quotidien, la stratégie de la tension comme moyen de conservation du pouvoir.

Ainsi l’insécurité a été utilisée comme soupape de sécurité pour un régime en panne d’imagination. Des groupes armés ont été financés, entretenus et employés contre tous ceux qui ressemblaient à une opposition y compris l’opposition républicaine et démocratique qui a vu par endroit ses élus ou candidats ciblés et assassinés. Les conflits communautaires et intracommunautaires instrumentalisés et les porte-paroles ethniques portés en triomphe et présentés au reste du monde comme de trophées de paix.

Le régime qui dirige le Mali depuis le coup d’Etat fomenté par la junte contre la nation et la démocratie, n’a pas l’intention de quitter la scène. Mais face au vent de colère longtemps contenue qui désormais monte, il opte pour la stratégie de chaos.

Ce faisant, les tenants du pouvoir espèrent au virage d’une hypothétique intimidation, que le peuple continuera à subir le viol répétitif de sa constitution, de ses lois, de ses ressources et de ses mille espoirs et mille rêves qu’il n’a jamais cessé de caresser depuis un 4 septembre 2013, l’année de la confiscation de toutes ses aspirations.

Vent de révolte !

Mais, rien n’y fit les Maliens ont toujours su déceler l’axe de force de leur combat pour la refondation de l’Etat, l’unité et la cohésion sociale.

En effet, face à l’épuisement de l’élan démocratique, un vent de révolte, souffle sur le Mali et deux tendances s’affrontent en coulisse pour imprimer leur volonté à la nature du processus du d’alternance qui se profile inévitablement.

D’une part, les extrémistes, représentés par les tenants du pouvoir, les islamistes radicaux et les autonomistes de tous poils, qui prônent le chaos comme issue à la crise, dont ils espèrent tirer profit, et, d’autre part, ceux qui privilégient une alternance pacifique par les urnes, en s’appuyant sur une mobilisation citoyenne, comme l’opposition républicaine et démocratique, les associations de jeunes et de femmes. En somme la nouvelle société civile non soumise.
C’est dire que l’éveil des forces populaires et la menace du chaos par les extrémistes caractérisent l’ébullition de la situation politique et sociale du pays.

Le pouvoir en place est rejeté massivement par la population et ce rejet est exprimé explicitement par la mobilisation en cours contre la révision constitutionnelle, même si l’objectif du mouvement reste le retrait pur et simple dudit projet de loi.

Le pouvoir comme à son habitude, la réponse politique à cette mobilisation est restée des plus minables, et face au vide politique qui s’installe toutes les convoitises sont possibles.
Le système « famille-parti » a totalement échoué et la tendance dominante qui se dessine est une reconfiguration du champ politique sur le mode de l’affrontement volontairement organisé par le pouvoir.

C’est désormais, le noyau dur du pouvoir de l’ombre, qui est exercé dans une opacité totale en dehors des institutions de l’État et qui règne sur le Mali sans partage qui semble être en avant dans cet affrontement.

Le Pouvoir IBK, dès son instauration, elle n’a pas tardé à fédérer une clientèle élargie à la société civile, qu’elle instrumentalise pour le compte d’une démocratie de façade.
Représentée dans ce décor par une multitude de formations politiques et d’associations serviles, qui gravitent autour du centre du pouvoir et qu’elle a réussi à imposer à l’opinion comme une façade pluraliste, la « famille-parti » en réalité fonctionne sur la logique des intérêts familiaux.
La supercherie de cette démocratie de façade fonctionne avec tout ce que ce système politique pluraliste comporte comme institutions, dressées comme des épouvantails dans un champ politique où il est interdit de s’aventurer pour quiconque n’est pas intronisé par ce pouvoir pour servir ses intérêts de famille.

C’est là, le véritable danger qui menace la paix civile, notre souveraineté nationale et l’intégrité de notre territoire.



La révolte des idées

Les principaux moteurs de cette menace sont les discours et pratiques extrémistes, qui sont véhiculés d’une part, par les soutiens religieux du pouvoir et les rentiers de tout genre dans sa négation de la liberté de conscience, dans une vaine tentative d’instrumentaliser des secteurs sociaux de plus en plus larges qui s’autodéterminent chaque jour un peu plus.
D’autre part, c’est le discours des régionalistes et fédéralistes et de leur extension autonomiste, qui s’appuient sur la pureté identitaire, en niant le caractère multiculturel de notre société, qui menacent à court, à moyen ou à long terme l’unité du territoire de la Nation, que les forces patriotiques œuvrent pour sa consolidation et la préservation de sa partition.
La menace est d’autant plus réelle, qu’elle est devenue l’expression même de la reconfiguration du champ politique provoqué par l’épuisement de l’élan démocratique, épuisement entretenu par le système de la « famille – parti ».

Devant la menace que font peser ces extrémistes sur le torpillage de l’éventualité d’un processus de changement pacifique, deux possibilités d’actions complémentaires s’imposent à nous pour préserver la paix civile, la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale : la révolte des idées et l’éveil des forces populaires.

La révolte des idées est un des éléments fondamentaux du changement pacifique, celle des intellectuels et des journalistes dont le véhicule privilégié c’est la presse et les médias en général ainsi que la littérature, dont l’objectif principal est d’éclairer le public et de réveiller les consciences. Être journaliste ou chroniqueur dans une situation historique critique comme celle que traverse aujourd’hui le Mali, c’est saisir toutes les occasions pour affirmer une volonté de protestation, de contestation et de révolte.

Le réveil des intellectuels organiques se situe dans ce sillage, comme des lanternes qui jalonnent les chemins obscurs.

Le Mali vit il sa Renaissance, son « éloge de la folie » pour s’élever contre l’obscurantisme et ouvrir la voie qui a mené vers les Lumières. Le pays a grand besoin de ce réveil pour prévenir du danger que représente la recherche de la pureté identitaire face à sa potentielle perversion de menace à l’unité nationale.

Or, l’élément intellectuel du changement pacifique qu’est la révolte des idées est de plus en plus menacé par le pouvoir. Les journalistes les intellectuels sont les premières victimes de sa stratégie du chaos.

L’autre élément du changement pacifique est paradoxalement donné par la révolte populaire en cours.

Il tente de provoquer par son engagement, en sillonnant inlassablement le territoire national par l’organisation de débats directs avec la société civile, dans le but de sa conscientisation à la mobilisation citoyenne autour du retrait du projet de loi de révision constitutionnelle, mais sa seule existence pourrait constituer une force nationale de changement.

Non, sans résistance de toutes sortes d’extrémistes et d’opportunistes à vouloir torpiller son action, ainsi qu’on voit les actions de l’administration et certaines forces obscures dans les régions.
À ce propos, nous convenons que ce mouvement est à contour indéterminé, voire flou, mais s’inscrivant dans un travail de mobilisation pour un Mali de paix, de justice et de prospérité. La construction d’un tel mouvement est innovante. Ces limites sont loin d’être connues.
Voilà pourquoi l’engagement sincère et honnête de l’intellectuel, du journaliste et de l’artiste engagés par la révolte des idées pour venir à bout d’une crise de l’Etat, des institutions, de la justice, en somme pour l’idée de refondation, contre les menaces de toute part par toutes sortes de nuisances destructrices, doit être soutenu par les partis politiques dont la vocation est la consolidation de la démocratie, la république et l’unité nationale.

Souleymane Koné

Ancien ambassadeur

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