À peine annoncée, l’application de la loi portant prévention et répression de l’enrichissement illicite fait déjà face à des réticences. Une attitude qui tranche avec la volonté populaire, qui réclame à cor et à cri des mesures de moralisation des mœurs publiques. La société civile, dont la mission embrasse la défense de l’intérêt général, est fortement interpelée face à cette à l’attitude curieuse du SYNTADE, qui à travers une lettre circulaire, a purement et simplement rejeté l’initiative des plus hautes autorités du pays.
La lutte contre la corruption et la bonne gouvernance annoncée par le président de la République aux premières heures de son quinquennat ne sont plus un simple slogan, mais un acte de gouvernance. La loi contre l’enrichissement illicite, une première dans notre pays, suivie de la mise en place d’un organe d’exécution en sont les témoignages éloquents de la concrétisation de cette promesse présidentielle. Seulement voilà, depuis quelques jours voire semaines, nous entendons des bruits de botte dans certains états-majors syndicaux. Des fonctionnaires véreux se sentant directement menacés par la mesure sont à la manœuvre. En tous cas, le Syndicat national des travailleurs des administrations d’État (SYNTADE) s’est déjà positionné contre l’initiative, à travers une lettre circulaire à ses militants.
Pour justifier son refus, le SYNTADE s’est barricadé derrière plusieurs astuces, mettant en avant le prétendu « caractère attentatoire à l’honneur et à la dignité des travailleurs de la fonction publique en général et des services financiers de l’administration d’État en particulier » des procédures de mise en œuvre des activités de l’Office central de l’enrichissement illicite.
Cette attitude du SYNTADE interpelle, au-delà du gouvernement, la société civile malienne qui fait de la bonne gouvernance et la moralisation des mœurs publiques son cheval de bataille. En tout cas, le gouvernement ne doit, en aucune manière, fléchir dans l’application d’un texte qui a passé par toutes les étapes pour être adoptée par l’Assemblée nationale.
C’est sous le couvert de sa double casquette de secrétaire général du Syntade, non moins patron de l’UNTM, Yacouba Katilé, qui est initiateur de la lettre circulaire, en date du 19 juillet 2017, appelant publiquement les fonctionnaires à contrevenir à l’application de la loi portant sur l’enrichissement illicite. Une démarche qui en dit long sur la mesure du péril qui menace l’action syndicale.
Voilà désormais, au Mali, la vertu syndicale, telle qu’elle s’apprécie, au sein du SYNTADE, face à l’impératif d’assainir la gestion des fonds publics.
Alors, la société civile doit prendre toutes ses responsabilités pour aider le gouvernement à mettre une décision qui participe à la bonne gouvernance dans notre pays, un souhait partagé par tous les Maliens, même si certains ne pensent pas moins qu’il faut d’abord commencer par les autres ou que ‘’c’est seulement les autres qui sont concernés’’