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Refus de la révision constitutionnelle La Plateforme « Antè A Bana » passe à la vitesse supérieure
Publié le lundi 31 juillet 2017  |  Le Républicain
Meeting
© aBamako.com par A S
Meeting de la plateforme « An tè, A Bana!
Bamako, le 01 juillet un Meeting de la plateforme « An tè, A Bana! eu lieu a Bamako
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Jusque là centrées sur le retrait du projet de révision constitutionnelle, les revendications de la Plateforme « Antè A bana » ne sont plus loin d’une invitation à la démission du président de la République. Elles s’adaptent assurément à la progression de la tension autour de ce projet, dont dépend la création du Senat prévu dans l’accord de paix. La Plateforme du refus a invité le Président de la République à tirer les conséquences politiques et de droit de la violation de la constitution et du parjure, dont elle l’accuse.
En annonçant qu’elle organisera une nouvelle marche, suite aux actes d’intimidation contre la liberté d’expression et d’opinion par des menaces, tentative d’assassinat, et condamnation judiciaire, la Plateforme « Antè Abanna – Touche pas à ma Constitution » est passée à la vitesse supérieure. Au-delà du « retrait pur et simple du projet de révision constitutionnelle », la Plateforme repose en outre ses revendications sur des griefs, comme « la violation de la constitution par le président de la République, l'amputation et le tripatouillage du serment du Président », et d’autres points comme « l'incapacité du Président et du Gouvernement à enrailler l'insécurité sur l'ensemble du territoire, la solidarité avec les FAMAS et leurs familles, la politisation de la justice ». Les revendications s’élargissent aussi à « la vérité sur la tentative d'assassinat de Maréchal Madou ».
Les griefs nouveaux viennent étayer davantage l’invitation de la Plateforme, à travers une lettre du 24 juillet adressée au président de la République, à « tirer les conséquences politiques et de droit de la violation de la constitution et du parjure ». Même si la Plateforme ne le dit pas clairement, il s’agit là d’un appel à la démission du Président Ibrahim Boubacar Kéita. Tout porte à croire que les agressions physiques et les invectives dont sont l’objet ses membres, contribuent à radicaliser la position de la Plateforme Antè A Bana. Dans un communiqué de presse du 27 juillet 2017, le directoire de la Plateforme s’est dit « déterminé à maintenir la mobilisation en vue de faire barrage à toute tentative de révision constitutionnelle tant que les conditions sécuritaires, techniques et matérielles ne seront pas réunies sur toute l’étendue du territoire national et auprès de nos compatriotes contraints à la vie de réfugiés ». A ce titre, la Plateforme informait de sa décision d’organiser « une nouvelle marche républicaine dans les meilleurs délais », autour de points comme, « le retrait pur et simple du projet de révision constitutionnelle; la violation de la constitution par le président de la République; l'amputation et le tripatouillage du serment du Président; l'incapacité du Président et du Gouvernement à enrailler l'insécurité sur l'ensemble du territoire; la solidarité avec les FAMAS et leurs familles; la politisation de la justice; la vérité sur la tentative d'assassinat de Maréchal Madou... »
Ainsi diverses raisons poussent la Plateforme à demander le retrait pur et simple du projet de révision constitutionnelle. Pour la Plateforme, en initiant cette révision le président de la République viole la constitution de 1992, en raison de la menace sur l’intégrité territoriale du Mali, au moment où l'insécurité galopante endeuille chaque jour le peuple malien.
La constitution violée
L’article 118 de la constitution du Mali dispose en son alinéa 3: « Aucune procédure de révision constitutionnelle ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu'il est porté atteinte à l'intégrité du territoire ». La Plateforme indique : « des pans entiers du territoire national dans les régions de Ségou, Mopti, Tombouctou, Taoudéni, Gao, Kidal et Ménaka échappent au contrôle de l'État malien. Plus de 130 sous-préfets sur 140 ne sont pas à leurs postes dans ces régions. Le retour de l'Administration et des FAMAS à Kidal annoncé pour le 20 juin, puis le 20 juillet a été reporté sine die.... Plus de 500 écoles étaient fermées pendant l'année scolaire écoulée dans les sept régions mentionnées ci-dessus. Plus de 600 Maliens et étrangers sont morts depuis janvier au Mali du fait de la guerre et des actes de violence quasi-quotidiens ». Des affrontements sanglants ont opposé ces derniers mois les communautés maliennes dans les régions de Ménaka, de Kidal, de Mopti et de Ségou. Les régions de Kidal et de Ménaka sont ensanglantées par une guerre civile intercommunautaire qui a fait plus de 100 morts et qui nous éloigne de la paix en creusant un fossé entre les populations et les groupes armés. On connait la suite de cette guerre fratricide qui nous éloigne davantage de la paix avec la prise de Ménaka par la CMA depuis le vendredi dans l’après midi. « Au regard de la détérioration de la situation sécuritaire et de l'absence de l'État dans plusieurs circonscriptions administratives du pays dont la région de Kidal, engager une révision constitutionnelle, c'est violer la constitution de 1992 », assène la Plateforme « Antè A Banna –Touche pas à ma constitution ».
Parjure
En plus du viol de la constitution, la Plateforme Antè A Bana accuse le Président IBK de parjure, par « l'amputation et le tripatouillage du serment du Président ». Dans le projet de révision constitutionnelle, l’article de la constitution de 1992 consacré au serment prêté par le Président au moment de son entrée en fonction, a été amputé de l’engagement à « garantir l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national ». Ce qui vaut haute trahison de la part de celui qui est normalement le garant de la constitution, et équivaut à un parjure que la Plateforme n’est pas prête à pardonner. Elle invite le Président de la République à tirer les conséquences politiques et de droit de cette violation de la constitution et du parjure.
Solidaire des FAMAS
La Plateforme proclame sa solidarité avec les FAMAS et leurs familles et déplore que « nos FAMAS tombent chaque semaine, victimes d'actes terroristes. Ils sont enterrés, le plus souvent, en catimini et sans aucun hommage officiel. Le président de la République n'a jamais abandonné un projet de voyage pour rendre un hommage pourtant mérité aux FAMAS qui meurent pour la liberté du peuple. La découverte des corps d'une dizaine de FAMAS dans la région de Ménaka n'a pas dissuadé le Chef suprême des armées de partir....à Abu Dhabi pour son 128ème voyage à l'étranger depuis qu'il préside aux destinées de notre pays. En mai dernier, il est parti....à Bakou en Azerbaïdjan pour une réunion sur le dialogue interculturel alors que l'Etat-major enterrait huit jeunes FAMAS tombés lors d'une embuscade sur la route Diabaly-Nampala ». Selon la Plateforme, de septembre 2013 au 22 juillet 2017, le Président a effectué 128 voyages à l'extérieur. Il a parcouru plus de 813.000 kilomètres à travers le monde, soit 20 fois le tour du monde et 32 voyages par an! Ces voyages ont coûté plus de 10 milliards de francs CFA pour les seuls frais de l'avion, sans compter plusieurs autres milliards de frais d'hôtel et de mission. « Pour un pays pauvre en guerre et dont les forces armées et de sécurité ont d'immenses besoins non satisfaits, c'est trop. Et trop, c'est trop », selon la Plateforme Antè. Le verdict de ce front du refus est implacable : l'incapacité du Président et du Gouvernement à enrailler l'insécurité sur l'ensemble du territoire. Elle dénonce la politisation de la justice et exige la vérité sur la tentative d'assassinat de Maréchal Madou.
B. Daou

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