Le 26 juillet 2017, le verdict de l’affaire Ministère Public contre Youssouf Mohamed Bathily dit Ras Bath et le Directeur de la Radio Maliba FM a été rendu à la grande stupéfaction de nombreux fans du chroniqueur. Ras Bath écope d’un an de prison ferme et de 100 000 F CFA d’amende, pour incitation à la désobéissance des troupes. Le Directeur de Maliba FM, M. Tounkara dit Djougous, se voit lui condamné à six mois avec sursis et 50 000 FCFA d’amende pour complicité. Ce verdict sévère est tombé à un moment très critique pour le pouvoir IBK. Aujourd’hui, la question que bon nombre d’observateurs se posent est celle de savoir si cette sentence n’ouvre pas un nouveau foyer de tension pour le régime ? Voici trois conséquences d’un éventuel emprisonnement de Ras Bath, actuellement hors du Mali.
En août 2017, l’arrestation pour incitation à la désobéissance des troupes, de Youssouf M. Bathily, a provoqué des manifestations suivies de destructions qui sont encore dans la mémoire des Bamakois. Entre-temps, il a été mis en liberté provisoire en attendant son jugement qui est tombé le 26 juillet. La condamnation par contumace du célèbre chroniqueur à un an de prison ferme et 100 000 F CFA, n’a pas manqué de mettre des esprits en surchauffe. Au point que l’on se demande si la déclaration télévisée du Procureur de la République de la commune IV, Dramane Diarra, disant que pour l’instant, aucun mandat de dépôt ou d’arrêt n’a été délivré contre Ras Bath, ou les appels à la retenue de ses avocats va calmer les fans. Ceux-ci s’organisent déjà pour réserver un accueil triomphal à leur héros au retour de sa tournée européenne. Ils envisagent également d’organiser une série de manifestations pour s’opposer à l’exécution de la décision qu’ils trouvent arbitraire et destinée à le faire taire pendant un an, le temps d’assurer un second mandat à IBK. S’il est vrai que nul n’est au-dessus de la loi, il est d’autant plus certain que cette décision pourrait bien avoir des conséquences sur l’ordre public. Voici trois probables conséquences d’une éventuelle arrestation de Ras Bath
Premièrement: manifestations et troubles à l’ordre public
En arrêtant Ras Bath pour les faits qui lui sont reprochés, cela pourrait provoquer l’ire des milliers de frustrés et victimes du système qui n’hésiteront pas à battre le pavé avec des risques de débordements habituels, si les autorités venaient à réprimer les manifestants. Tant que la crise de confiance profonde entre gouvernants et gouvernés subsiste, le Mali ne serait pas à l’abri d’un soulèvement.
Deuxièmement : la récupération de cette affaire à des fins politiques
Le Mali ne serait pas à l’abri d’un scénario semblable au printemps arabe qui débuta par une banale affaire. En Tunisie, Mohamed Bouazizi, jeune diplômé sans emploi, marchand de fruits et légumes s'immola en réponse à l’injustice dont il a été victime. Ce geste qui, en d’autres temps, serait classé dans le registre des faits divers, a déclenché le top pour le départ du printemps arabe. Aujourd’hui au Mali, face à un régime qui peine à la demande sociale des citoyens, les risques de remous sociaux ne sont pas négligeables. L’opposition, voulant accéder à Koulouba en 2018, profitera d’une crise même mineure pour affaiblir davantage le pouvoir IBK afin de réduire ses chances de rempiler pour un second mandat.
Troisièmement : le discrédit de l’appareil judicaire
Nombreux sont les citoyens qui pensent, à tort ou à raison, que la justice au Mali est sous ordre du pouvoir exécutif ou généralement au service du prince du jour. Ils ne comprennent pas que les malfrats de la République (ceux qui ont pillé les derniers publics et qui attentent au quotidien à la vie des paisibles citoyens) soient traités avec amabilité tandis que Ras Bath, est traité avec la dernière rigueur. Ce jugement pourrait, de ce fait détériorer davantage la perception pas luisante que les citoyens ont envers leur justice.
Youssouf Sissoko