«Quand j’ai appris que Tessalit a été abandonné, je n’ai pas pu retenir mes larmes » ! Ibrahim Boubacar Keïta, député et candidat à l’élection présidentielle. Janvier 2012. « Je suis ivre de bonheur ». IBK président de la République à la cérémonie de signature de l’accord d’Alger. Mai 2015.
« La paix est là ». IBK chef de l’Etat en conférence de presse avec Emmanuel Macron. Juillet 2017. Trois moments, trois déclarations qui font de l’exploitation politique de la question du Nord dans la phase de conquête du pouvoir au déni de la réalité une fois installé aux responsabilités.
Si le président a été tant bouleversé en 2012, on imagine combien il doit être inconsolable depuis ce week-end avec l’occupation de Ménaka par des combattants de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad).
En 2012, l’armée malienne se battait seule (vaillamment) contre des forces autres plus redoutables composées du Mnla, Ançar Dine, Mujao et le soutien non dissimulé de Nicolas Sarkozy.
En 2017, 12 000 hommes de la Minusma et 3 000 de Barkhane sont là et censés veiller à notre sécurité.
Parallèlement nous avons signé un accord dit d’Alger présenté comme une panacée. Ce qui s’est passé à Ménaka prouve à suffisance que nous mentons à nous-mêmes en célébrant un Accord qui ne nous apportera la paix que le jour où les forces de la division considéreront qu’elles ont eu leur « part du Mali ».
« La paix n’est pas là », n’en déplaise à la Cour constitutionnelle et sa présidente qui ne voient qu’une insécurité résiduelle là où des villes comme Anefis, Ménaka, Ber peuvent tomber entre les mains des groupes armés. Quelle terrible nouvelle cinq ans après un coup d’Etat dont la première décision avait été de demander à l’armée de cesser le combat pour se replier à Bamako afin de consolider le fragile pouvoir de la junte.
A ce rythme les larmes du président ne suffiront pas, il faut un chœur de pleureuses au chevet du pays à défaut de forces pour le protéger.