Au tournant des années 70, alors que nous n’étions que des gamins précoces, nos aînés n’avaient d’yeux que pour Mick Jagger. Jagger était un sobriquet que tous les adolescents nourris à la sève du Rock & Roll rêvaient de porter. C’était très tendance. Les Rolling Stones cartonnaient fort et le leader du groupe, Mike Jagger, était une bête de scène. Ses jeux de jambes, ses contorsions fort suggestives, ses coups de gueule, ses interactions avec le public, ses frasques… ne laissaient personne indifférent.
Un phénomène était né. La radio, les disques vinyles et le cinéma, pour ce qui nous concerne, y ont été pour quelque chose. Mick Jagger et les Rolling Stones d’un côté, les Quatre garçons dans le vent de Liverpool (Les Beatles) de l’autre, l’Angleterre puritaine et le monde étaient déchirés entre ces deux courants majeurs du moment. Outre-Atlantique, le mythique Festival de Woodstock avait fait chorus au désarroi d’une certaine jeunesse dorée en quête de sensations fortes. C’est la période de toutes les contestations, de la drogue, de toutes les drogues (LSD, cocaïne, héroïne…). Mai 68, en France, ça vous dit !
L’Europe et l’Amérique de la vague hippie se ruent sur les routes du monde et une ville, Katmandu (Népal), semble spécifiquement les attirer. Le dépaysement, le large, la liberté, le rejet de la guerre (Biafra, Viet-nam…) et de toutes les guerres neo-coloniales… autant de thèmes, de grandes causes qu’amplifient les paroles incendiaires des tubes à succès de Mick Jagger. Brown Suggar, I Can't Get No Satisfaction, Jumpin' Jack Flash, Fool to cry… et bien d’autres titres enrichissent une discographie hors pair. Mick Jagger est un de ces personnages qui ne tiennent pas dans une boîte.
A 74 ans, Sir Michael Philip Jagger donne encore de la voix. On le voit, malgré le grand âge, il ne renie aucun de ses combats et sort de ses gongs pour cogner sur la classe politique britannique qui a poussé le pays hors de l’Union européenne (BREXIT). L’autre punching-ball qui tire le grand-père « Mick » de sa semi-retraite, c’est Donald Trump, encore lui. Le papy vient de mettre sur le marché deux titres sous forme de coups de gueule, England Lost et Get a Grip, et un clip en noir et blanc avec l'acteur britannique Luke Evans, qui tente de quitter l'Angleterre, en vain. Comme le rapportent les médias spécialisés, Mick Jagger vide son sac.
Mick Jagger ne se retrouve plus dans l'Angleterre post-Brexit et tient à le faire savoir dans son dernier clip, précise Le Figaro. «Je suis allé chercher l'Angleterre mais je ne l'ai pas trouvée/Je crois que je suis en train de perdre mon imagination/J'en ai assez de parler d'immigration/Tu ne peux pas entrer et tu ne peux pas sortir». Pour frapper l’imaginaire de ses concitoyens, Mick Jagger a évoqué sur la radio Beats 1 un match de football décevant où l'Angleterre n'a pas gagné. Ce match, vous l’aurez compris, c’est le Brexit, qualifié de «moment difficile de notre histoire». Le clip, en noir et blanc, est encore plus fort. Il montre l'acteur britannique Luke Evans essayant d'échapper à plusieurs personnes qui le poursuivent et l'empêchent de s'enfuir.
Il s'y fait coup sur coup renverser par un vélo puis une voiture avant d‘être rattrapé les pieds dans l'eau. Une petite fille lui demande alors: «Où pensais-tu pouvoir aller?». Comme s'il ne pouvait pas quitter le Royaume-Uni, écrit Titouan Gourlin. C’eût été franchement surprenant et même décevant qu’on n’entendît pas une forte gueule comme Mick Jagger sur le cas « Trump ». Le milliardaire américain tente de détricoter tout ce en quoi Mick Jagger a cru le long de sa longue et riche carrière. Pis, il en a marre des « Fake news » que Donald Trump a la manie de mettre toujours en avant pour expliquer ses déboires.
Dans le deuxième couplet de sa chanson, note Le Figaro, le rockeur de 74 ans enchaîne les contradictions volontaires, indiquant avoir essayé «la méditation et la médication», «des marches longues et des sorties en voitures» ou encore «la folie provoquée ou la chrétienté». Puis il se met dans les bottes d'une personne qui tiendrait un discours anti-immigration «Les immigrés se répandent, réfugiés sous la peau, gardez les enfermés, gardez les dehors, intellectuels, fermez-là». Tout le monde en prend pour son grade. Ça vous apprendra de provoquer un vieux « rockeur » toujours sur les barricades, prompt à pousser des coups de gueule. Theresa May et Donald Trump n’ont qu’à bien se tenir. A bon entendeur, salut !