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Kati-Draal : Le temple insalubre de la viande
Publié le mardi 1 aout 2017  |  La Sirène
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Sous des arbres poussiéreux et sur une vaste étendue de plumes, quelques camionnettes de vendeurs de fruits et légumes à la sauvette sont stationnées et se trouve un marché. Le lieu : Kati-Draal, dans la commune de Kambila à 7km de Kati, sur la route de Kolokani.
Il est environ 11h, les bouchers, portant des tabliers entachés de sang, sont là, au bord du goudron et sous les hangars qui leur ont été attribués, il y a des années, par les autorités locales en train de découper les morceaux de viande (de bœufs et de chèvres précisément). D’autres se contentent d’exposer leurs marchandises, des bêtes fraîchement égorgées, en attendant les clients qui ne tardent pas à venir poser des questions sur les prix.
Justement, ce sont ces derniers qui attirent les petites bourses et même les riches à venir jusqu’à ce marché pour s’approvisionner en viande de bœuf à 2700F le kg. «Cette quantité de viande que vous voyez ici est réservée à un restaurateur qui vient de Bamako. Nous n’égorgeons pas moins de 60 bœufs pour répondre à la demande de nos clients qui nous viennent de plusieurs endroits du pays», explique un boucher tout en continuant à préparer sa commande.
Absence d’Hygiène
Dans ce temple de la viande rouge, ce ne sont pas les prix qui dérangent selon les clients croisés sur les lieux, mais plutôt l’hygiène. Selon un vendeur, ce marché serait dépourvu d’eau saine depuis quelques semaines. En ce samedi, le jour de la foire hebdomadaire, la demande se fait pressante et le flux de fréquentation ne semble en aucun cas perturbé, malgré toute cette saleté. «Il faut venir en fin de journée pour constater vous-même l’engouement des citoyens sur notre viande fraîche. Tant il y a du monde, il est presque impossible de circuler», s’enthousiasme un boucher, qui balance fièrement d’être l’unique dans ce marché à faire de la viande hachée. Même si à l’intérieur du marché, la salubrité fait défaut, ne laissant place qu’au sang, la situation est plus déplorable à l’extérieur.
En plus de l’étendue à perte de vue de la bouse d’animaux, l’abattoir est une véritable catastrophe, dans le sens propre du mot. Y entrer est presque impossible, sauf pour les bouchers qui s’y sont habitués, tant les flaques d’eau infectes, de sang et de bouses envahissent l’endroit et toute sa périphérie.
D’ailleurs, à l’entrée du parc à bétail, ce sont des tas de bouses qui tapissent le sol. Pour le sang, il est déversé sur un espace spécialement aménagée à l’arrière du parc.
Des locaux fermés
Le plus aberrant dans cette situation est la présence d’un grand espace commercial fermé à deux pas de ce marché. Ici, seul un individu exerce à même le trottoir. D’après les bouchers du marché, ces locaux leur étaient initialement destinés mais pour les besoins d’une visite officielle, ils ont été placés dans cet endroit prévu à ses débuts pour être un marché de fruits et légumes.
Ces places ont été attribuées à d’autres personnes qui ne sont pas du métier et qui ont fini par fermer au bout de quelques jours. Ce tableau noir n’est rien comparé à ces jeunes installés un peu plus loin qui égorgent et vendent à même le sol de la tête de bœufs de mouton et même de chèvre.
Les stands de viande sont accrochés dans des conditions les plus pitoyables exposés à tous les microbes. Les approcher nous a valu une agression verbale et même des menaces. Ils disent ne pas pouvoir bénéficier de locaux fermés parce qu’ils manquent de la considération de la part des autorités communales. Malgré cette insalubrité criante, les clients y sont abondants. À quand cette inconscience et cette passivité ?
Mariam Konaré
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