Dans un entretien qu’il nous a accordé, David Sangaré, membre du Collectif ‘’SOS Adema’’, secrétaire politique de la section ADEMA/PASJ de Kati, donne son avis sur la déclaration du Comité Exécutif du parti relative à la présidentielle de 2018. Selon lui, l’ADEMA/PASJ aura son candidat en 2018 sous réserve d’un congrès extraordinaire.
Le Tjikan : La déclaration du Comité Exécutif de l’ADEMA/PASJ issue de sa dernière réunion tenue à l’hôtel ‘’Timbouctou’’ a été largement commentée par les médias. Quelle lecture faites-vous de cette déclaration ?
David Sangaré : Nous, au niveau du ‘’Collectif SOS Adema’’, la lecture que nous faisons de cette déclaration du CE (Comité Exécutif) est très simple. Le premier communiqué qui a été diffusé était très clair à notre avis. Car celui-ci disait que l’ADEMA/PASJ aura son candidat en 2018. Mais après, ils ont fait passer des bandeaux d’annonce pour dire que ce n’était pas le bon communiqué. Le 2ème communiqué qui a été publié le lendemain stipule que l’ADEMA/PASJ aura son candidat en 2018. Mais ce qui pose problème, c’est quand on dit dans la même déclaration qu’au cas échéant, on trouvera un candidat au sein d’un regroupement dupôle de gauche pour l’élection générale de 2018. Au niveau du ‘’Collectif SOS Adema’’, nous pensons que c’est du dilatoire. Car tout était déjà clair quand, à l’issue de la 15ème conférence nationale tenue au pavillon des Sports du Stade Modibo Keïta, toutes les régions avaient demandé et obtenu dans les résolutions de cette conférence que le parti ADEMA aura son candidat à l’élection présidentielle de 2018. Et le Comité Exécutif avait été invité à enclencher le processus de choix de ce candidat.
Mais nous savons aujourd’hui que cette position n’arrange pas certains membres de la direction du parti, notamment le premier responsable Pr. Tiémoko Sangaré et ses soutiens. Nous nous posons la question aujourd’hui, pourquoi est-ce que ces cadres torpillent la décision d’une instance supérieure au Comité Exécutif à savoir la Conférence ? C’est la première fois dans l’histoire de notre parti que le Comité Exécutif refuse d’exécuter la décision d’une instance supérieure. Mais nous comprenons pourquoi. Car ces cadres ont privilégié l’intérêt personnel au détriment de l’intérêt général du parti et de ses militants parce qu’ils sont dans le gouvernement où dans d’autres fonctions au compte de l’Etat. C’est pourquoi, ils ont parlé de pole gauche dans la déclaration pour rester dans le gouvernement.
Or, si on s’en tenait à dire que l’ADEMA/PASJ aura son candidat en 2018, le débat serait clos. Nous nous disons au sein du ‘’Collectif SOS Adema’’ que l’ADEMA/PASJ aura son candidat sous réserve d’un congrès extraordinaire.
Par ailleurs, ce que nous avons relevé comme insuffisance, c’est que le communiqué du CE n’est pas assorti d’un chronogramme de mise en œuvre. Nous allons veiller à ce que tout cela soit corrigé, car le peuple ADEMA est un peuple patient et très engagé.
Dans la déclaration, on parle d’une nouvelle offre politique, pouvez-vous nous expliquer cela ?
La nouvelle offre politique n’est autre qu’un nouveau programme de société pour l’ADEMA/PASJ. C’est autour de ce nouveau programme de société que doit être constitué un ensemble de partis politiques qui désirent faire alliance avec l’ADEMA soit au 1er tour ou au second tour. Nous, nous disons aux cadres du CE qu’unpôle de gauche assorti d’une nouvelle offre politique ne se décrète pas. De plus, ce qui est grave et très marrant, c’est que nous constatons que certains élus de l’ADEMA/PASJ, qui hier se faisaient passer pour des donneurs de leçons, se prononçaient sur toutes grandes questions en interpellant l’ADEMA et les autorités, à la grande surprise de tous, sont devenus aujourd’hui des porteurs de valise d’argent. Toute chose qui est très grave. C’est pour mettre fin à ces mauvaises pratiques que le Collectif SOS Adema a été créé. Car si nous croisons les bras, notre parti va en pâtir. Heureusement qu’au sein du Comité Exécutif, bon nombre de cadres sont favorables à la présentation d’une candidature interne sans aucune ambiguïté, conformément à la résolution de la 15ème conférence nationale du parti.
Du constat général, il ressort que le parti ADEMA/PASJ traverse une crise. Est-ce qu’on peut craindre l’éclatement du parti ou le départ de certains de ses cadres et militants pour d’autres horizons?
A mon avis, nous ne sommes pas encore arrivés à ce niveau. Mais une chose est claire, la majorité des militants et cadres du parti souhaitent que le parti ait son propre candidat en 2018. Nous connaissons ceux qui ne sont pas favorables à cette position, ils sont minoritaires et certains d’entre eux avaient déjà quitté le parti avant de revenir. Ils ont été battus dans leurs propres communes et villages à l’issue des élections communales. S’ils décident de partir demain, cela ne posera aucun problème au parti. Mais s’il faut un congrès extraordinaire pour que l’ADEMA ait son candidat, il aura lieu.