Dans le cadre de la fourniture des cartes biométriques pour le régime de l’Assurance Maladie obligatoire (AMO) au profit de la Caisse nationale d’assurance Maladie (CANAM), Cissé Technologie SARL (CTECH-SARL) a décroché un gros marché en 2015 pour la confection de cartes à puce AMO qu’elle a sous-traitée avec la société Française GLI - GILLES LEROUX INDUSTRIE, experte en solutions d’identification biométriques. Après l’exécution de ce marché juteux, qui s’est terminé en queue de poisson entre les deux alliées, le torchon brûle aujourd’hui entre le Président Directeur Général de la société ‘’Cissé Technologie’’, Mohamed Cissé et son partenaire français GLI.
Ce dernier a décidé de ne plus travailler avec Cissé Technologie, l’accusant d’imposture et de manque de sérieux mais aussi que sa société n’a aucune connaissance et expertise dans le domaine de la sécurité biométrique. Paniqué et frustré, le patron de CTECH use de stratagèmes dilatoires pour empêcher voire annuler la nouvelle procédure d’appel d’offres lancée par la CANAM, le mois passé. Pour son intérêt personnel, il jure de mettre en cause la sécurité et la fiabilité des cartes biométriques AMO que lui-même a fournies si jamais la CANAM décide de donner ce marché à une autre société. En perte de crédibilité parce que ses carences ont été démasquées, Cissé tire sur tout ce qui bouge dont l’Etat malien.
Disparition de 800 millions de F CFA….
Cissé Technologie est-elle devenue une société à scandales ? En tout cas, cette question mérite d’être posée car Mohamed Cissé, patron de Cissé Technologie n’a pas bonne presse dans le milieu des affaires et de la technologie. Il est mêlé à plusieurs scandales au Mali dont celui relatif à la disparition de 800 millions de F CFA avec le personnel de la Banque Internationale pour le Commerce et d’Industrie du Mali (BICIM) et qui a conduit en prison Hamadoun Boré, directeur commercial-entreprise de ladite Banque. Une affaire qui s’était soldée par la grève générale des banquiers du Mali il y a deux ans de cela. Il y a ensuite le scandale dit ‘’des pharmacies” avec l’ouverture d’une officine de pharmacie dans la zone ACI, en violation des normes établies, pour sa femme Mariam Diallo, fille de Mme Diallo Madeleine Ba, ministre de la Santé à l’époque et qui avait poussé l’ordre des pharmaciens à observer une grève illimitée en 2011.
Son bras de fer avec l’ancienne ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, Dr Marie-Madeleine Togo, suite à l’affaire dite du « Scanner » hors usage de l’Hôpital Sominé Dolo de Mopti, surfacturé à coups de milliards. Il est également cité dans le scandale de l’attribution du marché de confection des cartes d’identité et passeports biométriques, sans compter ses histoires de créances avec les différentes banques de la place. Comme si tout cela ne suffisait pas, de nos jours, le patron de Cissé technologie semble exporter son indiscipline à l’étranger notamment en France.
De quoi s’agit-il ? Et pourquoi ?
Récemment, Mohamed Cissé a commandité des articles de presse pour discréditer et ternir l’image de son désormais ex-partenaire français GLI. Cette société est éditrice exclusive de la solution de biométrie du système d’information intégré à identification biométrique de type web services de l’AMO acquis par la CANAM auprès de Cissé Technologie SARL par le Marché N°0506 DGMP-DSP 2015. Elle travaille pour les marchés de l’identité, de la sécurité et de la lutte contre la fraude. Elle gère la carte biométrique de plusieurs pays dans le monde depuis près de 10 ans et n’a jamais eu de problème de confiance avec un partenaire si ce n’est Mohamed Cissé, comme l’expliquent les responsables de la société française.
Dans le cadre de leur premier marché, CTECH a fourni à la CANAM 700 mille cartes biométriques à puce pour les bénéficiaires de l’AMO. Face à l’engouement et à l’adhésion des populations à la carte biométrique, une véritable alternative à la fraude grâce à une bonne politique de communication et de sensibilisation, la Canam est devenue une référence en Afrique en matière d’assurance maladie. Pour satisfaire aux demandes de ses adhérents, la direction de la Canam a lancé la procédure d’un avis d’appel d’offres en juin dernier, entièrement ouvert à la concurrence et conformément à la réglementation en vigueur.
Plus d’une vingtaine de sociétés dont Cissé Technologie SARL ont acheté le pli suivant le numéro 004/MSAH/CANAM2017.
Cissé dans ses petits souliers …
A quelques jours de l’ouverture des plis, prévue pour le 7 juillet 2017, la société GLI coupe le courant et refuse de travailler désormais pour la société Cissé Technologie. Pris de panique, Mohamed Cissé tombe dans le dilatoire et menace. Il va jusqu’à mettre en doute le professionnalisme et la fiabilité de GLI. Ces élucubrations mensongères et malhonnêtes ont poussé les responsables de la société GLI à réagir pour donner la vraie raison de leur refus de sous-traiter avec Cissé Technologie. Donc, le patron de GLI met M. Cissé dans ses petits souliers. Il balance…
« Les propos de CTECH visant à discréditer notre savoir-faire et à reporter ce savoir sur ses amis sont complètement erronés et mensongers. S’il y a bien un acteur n’ayant absolument aucune connaissance et expertise en ce domaine, nous voyons bien de qui il s’agit. », a laissé entendre un responsable du GLI avant de poursuivre : « enfin CTECH dévoile et détourne des courriers privés pour semer le doute sur notre capacité financière en sachant surtout que les problèmes que nous avons eus en 2016 proviennent directement et uniquement de CTECH qui règle ses factures 5 à 6 mois en retard. Si CTECH avait fait le peu qu’on lui demandait sur ce marché, nous n’aurions pas eu ces difficultés passagères. Quoiqu’il en soit, GLI a résolu seul ses problèmes, a été moteur dans ce projet, a rempli ses objectifs et la meilleure preuve en est la satisfaction de la CANAM. A ce jour encore, CTECH n’a pas payé ses partenaires alors qu’il a été intégralement payé de son côté. C’est ce manque de fiabilité et de considération de CTECH qui a été à l’origine du mon refus de continuer de travailler avec cette société. Ce qui est à l’origine de toutes les démarches de déstabilisation par son dirigeant frustré. » a-t-il fait savoir.
Toute chose qui n’arrange pas les affaire de M. Cissé. Dans sa tentative de sabotage ou sa stratégie pour verrouiller le marché de livraison de la carte biométrique, le patron de la société Cissé Technologie utilise tous les moyens, y compris les voies détournées pour empêcher voire annuler la procédure d’appel d’offres lancée le mois de juin passé.
Mise en cause la sécurité des cartes AMO…
A cet effet, le 5 juillet dernier, Cissé Technologie a décidé d’attaquer la CANAM en saisissant le président du comité de Règlement des différends de l’Autorité de régulation des marches publics et des délégations de service public (ARMDS-CRD) d’un recours visant à annuler l’avis d’appel d’offres N°004/MSHA/CANAM-2017.
Auparavant, Mohamed Cissé avait adressé une correspondance en date du 28 juin 2017, au Premier ministre avec ampliations au ministre de la Solidarité et de l’Action Humanitaire, celui de l’Economie et des Finances, au DG de l’ARMDS-CRD, dans laquelle il donne des prétextes fallacieux d’inadéquation entre le besoin exprimé et l’état des lieux. Pire, il remet en cause le niveau de sécurité des cartes que lui-même a fournies et propose même de fourniture gratuite des cartes à la CANAM.
Recours irrecevable…
Le hic dans cette affaire est que Mohamed Cissé, PDG de CTECH, bien qu’ayant souscrit à d’appel d’offres N°004/MSAH/CANAM-2017, a sans équivoque, affirmé sa volonté dans une lettre adressée au DG de la CANAM de ne pas prendre part à ladite consultation. Cela est compréhensible, dans la mesure où il n’est pas crédible aux yeux de ses partenaires étrangers pour sous-traiter le marché au cas où il le décrocherait.
Malgré son refus de participer à la consultation, M. Cissé a osé trainer la Canam devant le Comité de règlement des différends d’un recours dirigé contre l’additif n°02 du dossier d’appel d’offres en question dont il s’est retiré officiellement.
Heureusement que tout le monde n’est pas comme lui, Alassane Ba, président du Comité de règlement des différends, l’a mis encore dans ses petits souliers, en rejetant son recours le 14 juillet dernier et ordonnant à la CANAM la poursuite de la procédure de l’appel d’offres. Un véritable désaveu pour Mohamed Cissé et sa société, dans sa démarche irréfléchie.
Le PDG de Cissé Technologie doit rapidement se ressaisir et arrêter sa démarche honteuse dans l’intérêt des assurés de l’AMO. Le retard pris dans le processus d’acquisition des matériels techniques et cartes a des conséquences graves pour la Canam à savoir : une partie des assurés ne disposera pas de la carte biométrique à puce et ne pourra pas bénéficier des soins ; en dehors des capitales des cinq régions et le District de Bamako, les autres localités ne seront pas couvertes ; toutes les structures conventionnées ne disposeront pas de kits de lecture et d’authentification et de mise à jour des cartes. Tout ceci aboutirait à l’aggravation de la fraude et à la mise en cause des efforts louables de la Canam en matière de la sécurité sociale de ses assurés. Mais un imbroglio judiciaire n’est pas à écarter ?
Aliou Badara Diarra
Source: L'Enqueteur