Il n’aura pas échappé aux férus des réseaux sociaux l’information selon laquelle, un chef de guerre libyen du nom de Ahmad El Hasnaoui, après avoir été chassé par le Maréchal Khalifa Haftar, aurait pris refuge sur nos terres du nord. Le post du très suivi Berger Dicko, qui assure que c’est une info béton, précise que le terroriste serait l’auteur d’une centaine de massacres à Derna, dans l’est libyen. Certes, il est difficile avec nos moyens de savoir si réellement El Hasnaoui se trouve à la « cité interdite ». Mais cela n’aurait rien de surprenant puisque depuis plus de 5 ans, Iyad Ag Ghaly, terroriste notoire, coule lui aussi des jours paisibles dans le nord malien entouré de ses sbires.
Ce dernier se payerait même le luxe souvent de passer la frontière algérienne, sans la moindre inquiétude. Le nom d’El Hasnaoui est mentionné dans le Rapport du Groupe d’Experts sur la Libye qui date de juin dernier et le présente comme étant très proche de la mouvance d’Al Qaida. Lui et nombreux de ses alliés terroristes font partis de la mouvance salafiste madkhaliste particulièrement violente et dont les principaux prédicateurs sont entre autres, Oussama El Outaibi et Rabih El Madkhali, tous deux saoudiens. L’algérien Mokhtar Bel Mokhtar que l’on donnait un moment donné au sud libyen est, lui, annoncé au sud libyen. Mais comment a-t-il pu s’échapper des mailles de Serval et de la MINUSMA ? Autant de questions qui restent sans réponses.
La sécurisation de la partie nord du Mali est donc laborieuse malgré la présence de trois forces armées que sont la MINUSMA, Barkhane ainsi que l’Armée malienne. Ce qui fait de la zone, une des plus militarisée au monde. Les terroristes, bien que leur capacité de nuisance ait été fortement réduite, parviennent à assurer une stratégie de communication assez bien rôdée et souvent même avec une agence d’information. Néanmoins, le refuge que le nord malien est devenu depuis la période post-crise est, pour le moins, troublant. Où sont donc passés Iyad Ag Ghaly, Mokhtar BelMokhtar ou encore Ould Hamaha alias Barbe rouge donné pour mort ? Et l’information selon laquelle le sanguinaire chef terroriste libyen, El Hasnaoui aurait élu domicile dans la cité interdite, épaissit davantage le mystère.
Le nord malien sortira-t-il de la spirale terroriste un jour ?
En début du mois de mars, Iyad Ag Ghaly annonçait la fusion de trois groupes terroristes en un seul. Le groupe qui s’appelle « Jamaât Nosrat Al-Islam Wal Mouslimine » est dirigé par le même Iyad. Il dispose aussi, tout comme le groupe terroriste Etat Islamique, d’une agence d’information (Zalakha). L’action militaire de Barkhane et de la MINUSMA n’est pas suffisamment forte pour neutraliser toute velléité terroriste. L’Etat malien devra donc, dans les prochaines années, miser plus sur le domaine militaire pour sa survie. Car les forces étrangères ne seront pas toujours présentes sur le territoire national et leur bonne foi fait l’objet de doutes.
Egalement, il faut dénoncer l’attitude des groupes rebelles touaregs qui souvent n’hésitent pas à apporter une complicité active aux réseaux terroristes. D’ailleurs, la frontière entre groupe rebelle et terroriste n’est toujours pas claire. L’on sait que le HCUA abrite de nombreux anciens combattants d’Ansar Dine. BelMokhtar lui-même aurait bénéficié de cette complicité pour de raisons stratégiques de la part du MNLA mais aussi parce que ce dernier a marié une femme touareg de Tombouctou. Il bénéficia donc d’une fidélité sans failles de la part de ses beaux-frères. Et le fait qu’il soit encore actif aujourd’hui n’est pas dû au hasard.
Quant à l’Algérie, tant que ses terroristes au nombre desquels AbdelMalek Droukdel, tout puissant chef d’AQMI, restent en dehors de son territoire, point besoin pour elle de jouer franc-jeu avec l’Etat malien. Et voilà que le nord est devenu un sanctuaire abritant terroriste malien, algérien et peut-être aussi, libyen. Tout un paradoxe !