Le désert ? Sans doute l’un des endroits les plus ingrats pour y installer un festival. Certains ont osé. Des projecteurs se sont allumés, des riffs de guitare ont cisaillé le silence et du monde a rempli le vide dans des endroits au bout de nulle part. Les Américains ont créé Burning Man, dans le désert de Black Rock au Nevada, et Coachella, près d’Indio, en Californie. Les Africains ont aussi inventé leurs festivals désertiques. Avec des moyens plus modestes, mais portés par des idées fortes : sauvegarder la culture saharienne, la sortir de son isolement.
Avant le festival Taragalte, lancé en 2009, dans le Sahara marocain, près de Zagora, le Festival au désert fait figure de pionnier. Il surgit en 2001, au milieu des sables, à Tin-Essako, non loin de Kidal, dans le massif montagneux de l’Adrar des Ifoghas, dans le nord du Mali. Au fil des éditions et de son nomadisme dans la région, la manifestation (après Tin-Essako, elle se posera à Tessalit, vers la frontière algérienne, puis Essakane, à 70 km de Tombouctou), participera grandement à révéler au monde la richesse de la culture tamacheq (touareg). Des rockeurs notoires (Robert Plant, Bono…) l’ont fréquentée et commentée avec ferveur.
Contraint à l’exil
Un festival au milieu des dunes, explique Manny Ansar, son directeur général, c’est d’abord des problèmes de logistique à surmonter. L’approvisionnement en eau, en électricité, l’acheminement du matériel à travers les pistes… Cahin-caha, tout cela fonctionnait néanmoins plutôt bien. Jusqu’à ce qu’un climat d’insécurité s’installe dans le coin. Après l’occupation de la région en 2012 « par des mouvements séparatistes et (…) islamistes qui prônent l’instauration d’une “charia” hostile à toute manifestation festive », écrit Manny Ansar, dans un long communiqué daté du 19 septembre 2012, le festival est contraint à l’exil.