Une forte délégation de 6 nouveaux pays du CILSS (Comité permanent Inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Guinée Conakry, Liberia, Côte-d’Ivoire, Bénin, Togo et Ghana) et les responsables du Centre régional AGRHYMET, ont échangé, hier jeudi, avec les paysans de 15 villages du secteur OHVN, à Ouéléssébougou, utilisateurs de l’information agro-météorologique.
Ce voyage d’études, qui a duré 2 jours, initié par le Centre régional AGRHYMET, une institution spécialisée du CILSS a pour but de s’enquérir de l’expérience de l’Agence nationale de la météorologie (Mali-Météo), surtout en matière de suivi agro-hydro météorologique opérationnel de la campagne agricole.
Conduite par Abdou Aly, expert hydrologue au Centre régional AGRHYMET, dont le siège est à Niamey au Niger, la délégation est composée de 2 délégués par pays et d’autres responsables du Centre régional AGRHYMET.
On y notait aussi la présence des membres du Groupe de travail pluridisciplinaire d’assistance météorologique au monde rural (GTPA), composé, entre autres, des structures chargées du développement rural, de la sécurité alimentaire, des ONG, l’ORTM et la Protection civile du Mali.
La délégation était accompagnée par les responsables de Mali-Météo et de l’OHVN (Office de haute vallée du Niger).
Les visiteurs du jour ont été reçus par Yacouba TANGARA, le chef secteur OHVN de Ouléssébougou, qui compte 6 communes, ainsi que les paysans observateurs de 15 villages, utilisateurs de l’information agro-météorologique.
Selon le chef de mission, après la grande sècheresse de 1973, le CILSS a mis en œuvre des mécanismes de prévention et de lutte contre ces catastrophes naturelles. En effet, a-t-il reconnu, en la matière, l’expérience du Mali est considérée comme étant une réussite dans la sous-région. D’où, l’organisation du présent voyage d’études des six nouveaux membres du CILSS qui aujourd’hui, subissent de plein fouet les effets du changement climatique.
Les paysans ont eu à témoigner sur les avantages de l’application des informations agro-métrologiques.
Selon Dabatiè SAMAKE, paysan observateur-météo de la commune de Sanankoro-Djitoumou, autrefois, ils n’avaient aucun repère pour commencer les semences. Ils se fiaient surtout au niveau des cours d’eau. Aussi, a-t-il avoué, ils n’avaient pas un bon rendement.
Depuis qu’ils ont commencé à utiliser les informations agro météorologiques, ils ont compris qu’ils peuvent ainsi semer quand ils recueillent 40 mm de pluie pendant une décade (10 jours). Mieux, ils savent désormais qu’un millilitre correspond à un litre d’eau versé sur une surface d’un mètre carré.
La porte-parole des paysannes a renchéri, en soutenant que les femmes tirent d’énormes d’avantages de l’utilisation des informations météorologiques. En effet, elles ne font plus le linge encore moins sécher les céréales ou restes d’aliments par hasard.
« Nous tenons maintenant compte des informations de la Météo pour toutes ces activités. Et depuis, règne dans nos foyers, une cohésion et une entente avec nos maris, car nous ne gaspillions plus les céréales », a-t-elle témoigné.
Les responsables de Mali-Météo ont expliqué à leurs hôtes que les activités de suivi de la campagne agricole permettent de contrer les effets qui affectent sérieusement les économies en prenant en compte, notamment les informations météorologiques et climatiques dans la planification et l’exécution des activités agricoles.
Aussi, ont-ils rappelé, au Mali, l’organe chargé de l’opérationnalité de ce système est le Groupe de travail pluridisciplinaire d’assistance météorologique au monde rural (GTPA), placé sous la présidence de la Direction nationale de l’Agriculture ; mais sous la coordination de Mali-Météo.
Depuis plus de 3 décennies, le GTPA assure le suivi de la campagne agricole pour la production et la diffusion d’informations destinées aux décideurs et aux responsables chargés du Système d’alerte précoce (SAP) et aux producteurs ruraux.
Les visiteurs ont posé des questions d’éclaircissement, notamment la différence entre le « paysan-observateur » et simple paysan ; les motifs d’engouement des paysans qui ne sont pas rémunérés en partageant l’information météorologique.
En réponse, ils ont expliqué qu’un « paysan observateur » est un paysan qui a reçu la formation et dispose d’un pluviomètre et est seul habilité à remonter l’information au niveau des services météorologiques.
Sur la deuxième question, leur réponse a été la suivante : « Nous en tirons déjà assez d’avantages des informations agro-météorologiques pour en demander davantage ».
En tout cas, les visiteurs étaient visiblement très satisfaits de ce voyage d’études dans notre pays. Ils ont exprimé leur volonté de mener ces expériences chez eux, car ils ont tous été impressionnés par ce qu’ils ont vu et entendu au Mali qui a été reconnu comme la référence en la matière dans la sous-région.
Créé en 1974, le Centre régional AGRHYMET, institution spécialisée du CILSS regroupant 13 pays (Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et le Togo) a pour objectifs principaux : de contribuer à la sécurité alimentaire et à l’augmentation de la production agricole dans les pays membres du CILSS et de la CEDEAO ; d’aider à l’amélioration de la gestion des ressources naturelles de la région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest.