La France et l’Allemagne ont scellé leur rapprochement sur le front sécuritaire en Afrique en apportant leur concours à la future force conjointe du «G5 Sahel», pour laquelle une conférence des donateurs sera organisée en septembre à Berlin.
Les questions de financement de la future force conjointe du «G5 Sahel ont largement dominé les débats à huis clos des cinq chefs d’État du Sahel (Burkina Faso Mali, Mauritanie, Niger Tchad) et le Président français Emmanuel Macron lors du Sommet extraordinaire du G5S de Bamako. Le coût évalué de la Force s’élève à 275 milliards de FCFA.
Ce budget, qui comprend notamment la logistique, a été révélé par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, lors du point de presse conjointement animé avec son homologue français à la fin du sommet.
Où trouver cet argent ? C’est justement la grande interrogation à laquelle les chefs d’État devaient trouver une réponse. Chacun des 5 États du Sahel va faire l’effort de 6,5 milliards de FCFA, a précisé le Président IBK, président en exercie du G5 Sahel.
Le total des contributions fait 33 milliards de FCFA. À cela, il faut ajouter les 33 autres milliards de FCFA promis par l’Union européenne. Lors de la cérémonie d’ouverture, le président Macron a annoncé un appui logistique de 70 véhicules militaires, des protections pour les soldats et le matériel de communication. Cet appui, qui se chiffre à plus de 5 milliards de FCFA, sera disponible d’ici à la fin de l’année. En mettant bout à bout, ces montants annoncés s’avèrent être en deçà des attentes et des espoirs.
Voilà pourquoi lors de ses rencontres séparées à Paris avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président américain Donald Trump, le président français Emmanuel Macron a demandé à ses partenaires de contribuer au financement de projets de développement et à la force antiterroriste du G5 Sahel.
De source diplomatique, la lutte contre le terrorisme a constitué le cœur de l’entretien entre les présidents Macron et Trump, et, s’agissant du Sahel, les deux dirigeants envisagent ensemble les meilleurs moyens de soutenir les 5 pays en question.
Dans la continuité des chefs d’État, la ministre française des Armées, Florence Parly, et la ministre allemande de la Défense, Ursula Von der Leyen, qui se sont rendues à Niamey, N’Djaména et Bamako, ont réaffirmé le soutien de la France et de l’Allemagne à la montée en puissance de la force conjointe du G5 Sahel. Cette force, qui doit compter 5 000 hommes et entrer en mouvement en octobre pour être pleinement opérationnelle au printemps 2018, est, en effet, appelée à jouer un rôle essentiel pour combattre le terrorisme et les trafics qui contribuent à l’instabilité de la région. La France, avec la force Barkhane, apporte un appui opérationnel à cette initiative prometteuse des États de la zone. La ministre a par ailleurs rendu visite à l’état-major de la Force Mixte Multinationale (FMM) à N’Djaména, qui regroupe les forces de sécurité du Tchad, du Niger, du Cameroun et du Nigéria dans le cadre de leur lutte commune contre la secte Boko Haram, sévissant dans la région.
Dans les entretiens communs qu’elles ont eus avec leurs hôtes, au Niger, au Tchad et au Mali, la ministre des armées et son homologue allemande ont par ailleurs marqué leur appui en équipement et en formation à la force du G5, ainsi que leurs efforts actifs pour mobiliser les partenaires européens et internationaux en soutien de son action.
C’est dans ce sens qu’une conférence des donateurs (l’Allemagne préfère parler de conférence de coordination des moyens) sera organisée en septembre à Berlin, a annoncé Florence Parly.
Déjà l’Italie, l’Espagne et d’autres ont déjà marqué leur intérêt», a précisé Ursula Von der Leyen avant son départ de Niamey où elle a annoncé la fourniture d’équipements au Niger.
«L’idée est de solliciter des contributions bien au-delà de l’Union européenne», déclare-t-on de source militaire française.
Le choix du lieu de la conférence n’est pas un hasard. Fortes de leur action commune au Sahel, la France et l’Allemagne souhaitent en effet attirer d’autres partenaires.
« Cette initiative franco-allemande va se renforcer et faire en sorte que d’autres pays européens nous rejoignent dans notre soutien au G5 Sahel », a d’ailleurs dit la ministre allemande. Déjà l’Italie, l’Espagne et d’autres ont déjà marqué leur intérêt», a précisé Ursula Von der Leyen avant son départ de Niamey où elle a annoncé la fourniture d’équipements au Niger.
En mettant Berlin en avant, Paris espère convaincre plus facilement les partenaires européens.
Le nouvel axe franco-allemand va sans doute aussi jouer sur une autre corde. Si l’ambition affichée par le déploiement du G5 est la lutte contre le terrorisme, Berlin et Paris ne manqueront pas de souligner qu’il servira aussi, et peut-être surtout, à stabiliser une région grande émettrice de migrants clandestins.