u Mali, le taux d’accès à l’emploi est très contrasté selon les secteurs d’activités. Par exemple, les agents administratifs (54,5%) et autres diplômés des filières boulangerie et pâtisserie (48,3%), mécanique, comptabilité et banque (37,1%) de l’enseignement technique et professionnel (CAP et BT) chôment moins que dans d’autres secteurs. Ainsi, 18% des diplômés de 2013 de cet ordre d’enseignement ont obtenu leur premier emploi moins d’un mois après la fin de leurs études. Ils sont également 41,3% à avoir obtenu un premier emploi, l’année d’après leurs études.
Les diplômés en géologie (40,3%), en agronomie (35,4%) et en administration (31,9%) mettent plus de temps à décrocher un premier emploi. Une femme sur trois se retrouve en situation de chômage de longue durée. Pour les hommes, ce ratio est d’un sur quatre.
C’est ce qui ressort du rapport de l’étude : «Insertion des diplômés de l’enseignement technique et professionnel au Mali», réalisée par l’Observatoire national de l’emploi et de la formation (ONEF). Ce document de 44 pages a été disséminé, hier, au Conseil national du patronat du Mali (CNPM), auprès des autorités scolaires, des entreprises et des partenaires techniques et financiers. C’était à la faveur d’un atelier présidé par le secrétaire général du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Soumana Satao. Cette étude a été financée par la Banque mondiale, à travers le Projet de développement des compétences et emploi des jeunes (PROCEJ). Elle vise à produire, sur la base d’enquête de terrain, des indicateurs pertinents et analyses approfondies sur le devenir professionnels des diplômés de cet ordre d’enseignement. Selon les initiateurs, les résultats sont mis à la disposition des décideurs pour les aider dans la prise de décision.
Ainsi, du 27 juin au 29 juillet 2016, les enquêteurs ont, sur un échantillon global de 9 835 diplômés en 2013, interviewé 1 593. L’enquête a été réalisée au téléphone et par contacts physiques. Elle a couvert tout le pays et uniquement pris en compte la promotion 2013. Les questionnaires adressés aux enquêtés portaient sur « leur parcours d’insertion professionnelle sur le marché du travail, trois ans après la fin de leurs études.
Appuyé par un expert international, l’ONEF a utilisé «l’enquête longitudinale rétrospective» qui interroge une seule génération après l’obtention de leurs diplômes. La méthode a l’avantage de recueillir des informations fiables et précises sur la situation professionnelle des diplômés.
Le directeur général de l’ONEF a révélé que le taux global d’emploi des diplômés de 2013, au moment de l’enquête, était de 43,5 % contre un taux de chômage estimé à 22 %. Selon Boubacar Diallo, le pourcentage d’emplois est de 49,9 % pour les hommes et 32 % pour les femmes.
« Selon le groupe de filières, on observe des taux d’emploi élevés chez les diplômés en plomberie (60,9%), suivis respectivement de ceux des douanes et impôts (59,5 %), de l’agriculture et géologie 57,7 % », a relevé le patron de l’ONEF. Ajoutant que sur l’ensemble des diplômés, 64,5% occupent des emplois en adéquation avec leur formation.
Le secrétaire général du département en charge de l’Emploi a alerté. «Ces statistiques interpellent tous les acteurs intervenants sur le marché du travail afin de mettre en œuvre des actions concrètes pour promouvoir l’insertion des diplômés». Il argumente que l’Etat, avec l’appui de PTF, dépense des milliards de Fcfa dans l’éducation et la formation des jeunes. «Si aucune action concrète n’est entreprise, ces investissements en capital humain resteront vains et le risque d’insécurité sera, en conséquence, de plus en plus élevé» a-t-il prévenu.
Pour le coordinateur du PROCEJ, ce rapport est un outil d’orientation de la décision grâce aux données pertinentes et fiables qu’il met à la disposition des décideurs. Il pourrait par exemple, a illustré Drissa Ballo, guider l’orientation des admis au Diplôme d’études fondamentales (DEF). Les données peuvent être aussi utilisées pour la création d’une base de données au niveau du PROCEJ, du FAFPA et des ministères…
La réalisation de cette enquête a également permis de renforcer les capacités techniques et matérielles de l’ONEF. Celui-ci est désormais une structure outillée et apte à réaliser des études fiables et viables sur l’emploi et la formation. Afin de mettre fin « au pilotage à vue », en matière de formation, création d’emplois et de lutte contre le chômage des diplômés.