Qu’un magistrat, qui ait soutenu une position devant le prétoire, vienne s’expliquer devant des journalistes, dans une logique de tempérer la décision rendue, n’est pas chose courante chez nous.
C’est pour cette raison que la conférence de presse animée, le 26 juillet dernier, par Dramane Diarra, procureur de la République près du Tribunal de Grande Instance de la Commune IV, suscite et continue de susciter questions et questionnements au sein de la population où certains se sont déjà fait une opinion. «Il n’aurait pas tenu une telle conférence s’il n’avait pas subit des pressions», déclare Ali Traoré, un étudiant. «Ras Bath est actif au sein de la Plateforme An Tè A banna dont les membres pourraient en vouloir au procureur qui a requis cette peine contre Rasta», a ajoute une autre source.
Youssouf Mohamed Bathily dit Ras Bath, a été jugé coupable « d’incitation à la désobéissance des troupes » et fut condamné par le dit tribunal à 12 mois d’emprisonnement ferme plus 100. 000 F CFA d’amende. Une décision qui, comme on pouvait s’y attendre, n’a pas été du goût des supporteurs de Ras Bath. Ils ont abondamment exprimé leur colère sur les réseaux sociaux, cette semaine. Pour la plupart, il s’agit d’une «décision politique».
Dans un communiqué, la direction de la Plateforme « Antè, A banna», déclare avoir pris acte de la décision rendue contre Youssouf Mohamed Bathily, condamné pendant qu’il est absence du pays. «On veut l’empêcher de retourner à Bamako», croit savoir un partisan du chroniqueur. Face à une cette interprétation tendancieuse de la décision du tribunal, le Procureur Dramane Diarra, a voulu mettre les choses dans leur justes proportions en rencontrant les journalistes. A cette occasion, il a surtout joué à l’apaisement.
Il a ainsi fait comprendre que la décision rendue ne signifie point (comme certains tentent à le faire croire) que Ras Bath sera cueilli à la frontière ou à l’aéroport pour être conduit (manu militari) à la Maison central d’arrêt. «Non, ce n’est pas le cas “, a rassuré Dramane Diarra. Pour celui qui occupait le banc du ministère public au cours de l’audience, «Aucun mandat de dépôt ou d’arrêt n’a été décerné contre Ras Bath». Contacté par nos soins, le procureur de la République, Dramane Diarra, nous a confié qu’il n’a reçu de menaces de personne. «D’abord, il n’y a pas d’affaire Ras Bath» nous a-t-il répondu d’entrée.
Le magistrat d’ajouter ensuite : «C’est une affaire qui a été tranchée définitivement ; C’est une question qui a été jugée selon le droit ; Je n’ai fait que dire le droit. Personne, quelle soit de la tendance du Oui ou du Non, ne peut m’influencer…» a ajouté notre interlocuteur. Avant de conclure sur un ton péremptoire : «Si des gens pensent que j’ai animé cette conférence parce que j’ai subi des pressions, ça n’engagent qu’eux. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas quelqu’un qu’on peut intimider».