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Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise, Président de la CDS Mogotiguiya: « C’est extraordinaire quand le modèle devient la cible »
Publié le lundi 7 aout 2017  |  Le challenger
Atelier
© aBamako.com par A S
Atelier à l`intention des militants du CDS Mogotiguiya
Le parti CDS Mogotiguiya a organisé un atelier à l`intention de ses militants le 24 Septembre 2016 à l`AGETIC.
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La rubrique « Grande interview » a pour invité, le Président de la Convention Sociale Démocrate (CDS Mogotiguiya), Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise. Enarque, administrateur civil de classe exceptionnelle, spécialiste en management de projets internationaux, Blaise Sangaré est une figure très connue du landerneau politique malien. Concepteur de Mogotiguiya, le premier responsable de la Convention Sociale Démocrate peut se targuer d’être l’un des rares hommes politiques disposant d’un bastion électoral. Qu’il pleuve ou qu’il neige, Blaise et sa CDS sont imbattables à Bougouni. Ce qui ne fait pas de la CDS un parti régionaliste, car s’il est vrai que la démocratie tire son ancrage de la légitimité, tout homme politique digne du nom doit pouvoir se trouver un fief électoral.
Dans sa plaquette « Mali 2000 », le quotidien national ‘’L’Essor’’ présente Blaise Sangaré comme un leader politique qui aime les duels à haute intensité. Médiateur hors pair et « beau parleur », Blaise Sangaré garde une certaine constance dans l’option politique qu’il a délibérément choisie en harmonie avec ses convictions. Et cela en dépit des vicissitudes de l’histoire. Homme d’honneur et grand visionnaire, Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise est sans aucun doute l’un des hommes politiques les plus intelligents et les plus stratèges de sa génération. Dans cette première partie de l’interview qu’il a bien voulu nous accorder, le Président de la CDS Mogotiguiya se prononce sur le projet de révision constitutionnelle, la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le rôle de la décentralisation dans la résolution de la crise et sa plainte pour diffamation contre le directeur d’une radio et l’animateur Ras Bath. Lisez plutôt cette interview exclusive.
Le Challenger : Monsieur le Président, le débat sur la révision de la Constitution du 25 février 1992 fait rage au sein de l’opinion. Certains observateurs de la scène politique estiment que vous n’êtes pas assez visible sur la ligne de front…
Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise : Vous avez certainement raison de penser ainsi, mais au contraire j’estime que je suis le président de la Convention Sociale Démocratique et en tant que tel, j’ai beaucoup d’autres champs d’actions, de défense des intérêts de la République et des positions du gouvernement, en ma qualité d’homme politique sur le terrain d’abord et à l’Assemblée nationale, mais aussi au niveau de certaines instances électives. Vous n’êtes pas sans savoir que je suis conseiller communal à la base, conseiller de cercle et vous devinez de quel cercle. Et je suis aussi très actif au niveau des instances régionales de Sikasso. Vous savez que notre parti politique est représenté au niveau de l’Assemblée nationale. Encore une fois, faut-il le souligner, c’est notre parti qui préside la commission Loi à l’Assemblée nationale.
L’activité et la présence des responsables politiques ne sauraient se résumer par la seule présence médiatique au quotidien qui ressemblerait très souvent à du m’as-tu-vu, du « show-off » comme le disent les anglais. Mais l’essentiel c’est d’aller aux populations au plus près pour leur expliquer les motivations de ce genre de changement indispensable et nécessaire à notre démocratie. Et c’est ce que le président de parti que je suis et l’ensemble de nos élus nationaux, régionaux et locaux ainsi que les relais politiques partout où nous sommes représentés, s’efforcent de faire au quotidien.
La preuve, il a été rapporté que les militants et l’ensemble des populations qui partagent notre vision politique en faveur du référendum ont fermement repoussé les opinions ou actions submersibles visant à saboter sa tenue. Comme quoi, la propagande a sa portée dans le show au quotidien entre les élites, mais à notre sens, concourir à l’adhésion populaire est encore mieux et profond.
Ce que vous appelez la ligne de front, à notre avis, est mal définie parce que nous estimons qu’il n’y a pas de front tranché. Ce n’est pas une guerre de tranchées. C’est juste un croisement d’idées contraires qui nous permettra d’aller vers la lumière. C’est ça aussi la dialectique. La dialectique voudrait qu’en politique il y ait des pour et des contre. Et qu’en fin de compte, la ligne médiane soit trouvée pour le bonheur du peuple malien, pour l’avancée de la démocratie malienne.
Selon vous, quelles sont les avancées dans ce texte qui divise tant ?
Les avancées de ce projet de révision constitutionnelle sont d’abord que le projet est proposé. Il est en chantier. On attend maintenant que ce projet soit validé et devienne la nouvelle Constitution de la République du Mali. Le raisonnement est tout à fait simple. De 1960 à nos jours, nous devrions être à juste titre les devanciers, les pionniers de la vie démocratique.
Vous rendez-vous compte que notre pays ne connaît pas à présent de réforme en douceur ? Nous avons connu des coups d’Etat, des coups de force militaires. Nous avons connu des révolutions, des changements dans la brutalité. Or, la gestion républicaine c’est le changement dans la douceur. Le changement dans la douceur s’appelle la réforme. Nous devons avoir maintenant la culture de la République. Ce qui est en train de se passer maintenant est même souhaitable. Cela veut dire que le débat sera tellement ardu, bien croisé qu’à la fin quand cette réforme verra le jour, vous allez vous rendre compte qu’elle sera un grand point dans la démocratie malienne. Ce sera peut-être fait dans la douleur certes, mais cela procède de la pratique républicaine et démocratique.
Ces débats constituent de très bons points pour la démocratie malienne et pourront centraliser toutes les opinions, que ce soit au niveau de la rue, à l’Assemblée nationale, au niveau des partis politiques. On n’en aura jamais assez tant que les gens auront des observations et des critiques. Croyez-moi, tout cela est connu, entendu. Et tout cela est bon mais c’est la synthèse qui importera pourvu que chacun se retrouve dans ce texte constitutionnel pour constater que nous avons progressé de 1992 à maintenant.
Le regroupement APM dont la CDS est membre, est favorable à une seconde lecture approfondie du projet de texte portant révision de la Constitution. Cette position ne gêne-t-elle pas le Président de la République et son gouvernement ?
Cela ne gêne en rien le Président de la République. Au contraire, cela fait partie de ses attentes. Le Président de la République que je connais, homme politique, homme cultivé et républicain, ne doit pas s’attendre forcément ou n’apprécie pas du tout une collaboration indolente des responsables politiques qui doivent leur position à des actes administratifs et réglementaires ne reposant sur aucune forme de légitimité qui requiert un sens de responsabilité partagée. Parce que pour moi, participer à la gestion d’un Président de la République suppose la participation à la correction des décisions et à leur prise en charge dans l’application. Voilà pourquoi, à l’écoute de nos concitoyens et en responsable résolument engagé pour la réussite des réformes en cours, nous avons proposé la prise en charge de certaines de leurs préoccupations pour la recherche d’un consensus national. Cela dénote de notre engagement permanent et constant à la réussite du mandat du Président de la République.
Il nous dit chaque fois que la majorité doit proposer et doit être à l’initiative. A ce titre-là, la majorité est au contrôle et à la correction. C’est ce que fait l’APM en tant que groupe politique d’appui à la majorité présidentielle parce que nous sommes le deuxième groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. L’APM est composée de partis représentés à l’Assemblée Nationale et alliés du Président de la République. Donc notre capacité de réflexion n’est pas seulement d’aller voter et ajouter seulement nos voix aux autres partis politiques qui composent cette majorité présidentielle mais aussi de proposer des idées de manière à faire la relation intelligente entre nous, les partis politiques, l’Assemblée nationale et l’opinion nationale.
Nous sommes tous à l’écoute de cette opinion nationale. Si au départ nous avons cru que ce texte était bon, maintenant avant l’arrivée nous nous rendons compte qu’il y a des observations objectives faites à l’heure, que nous devons intégrer. En ce moment-là, en tant que force politique, nous venons dire au Président les avancées qui sont possibles en faisant telle ou telle correction ou concession. Ça c’est notre rôle. Et cela prouve à suffisance que l’APM n’est pas une simple représentation.
Monsieur le Président, les récents événements survenus dans les régions de Kidal et Ménaka ne donnent-ils pas raison à ceux qui s’opposent à la tenue du référendum, arguant que les conditions sécuritaires ne sont pas réunies ?
Je crois qu’il faut toujours éviter de faire des amalgames dans notre pays. Je ne cache pas ma satisfaction quand je discute avec les Maliens dans les différentes langues nationales. Il y a une différence de taille qui apparaît comme une nuance. Sécurité et occupation ne sont pas les mêmes. Aujourd’hui, nous savons que les conditions de sécurité ne sont pas remplies. Elles ne le sont d’ailleurs nulle part. Au Mali, nous connaissons comme les Etats voisins, des forces que nous ne maîtrisons pas, des forces incontrôlables. C’est une guerre qui est plus terrifiante que la guerre conventionnelle. Donc cela a créé une condition d’insécurité qui fait que la quiétude nécessaire pour aller et venir en toute tranquillité n’existe pas. C’est un constat. Nous sommes tous d’accord mais ce constat n’est pas tel qu’il trouve sa profondeur dans la volonté de réforme du peuple malien et du Président de la République pour pouvoir justement apporter les solutions et les réponses qui sont souvent revendiquées comme causes d’une situation d’instabilité, de cette insécurité.
Si on nous dit que vous ne pouvez pas avoir l’arbre sans la racine, mais commençons par la racine même s’il faut couper l’arbre qui existe. Aujourd’hui, il y a beaucoup de choses qui sont dites mais la vérité est telle que la grande réforme qui donne naissance à la satisfaction des réclamations au nord du pays doit être entreprise forcément. Et pour qu’on l’entreprenne, il faut qu’elle prenne les racines dans un texte constitutionnel. Or, ce texte constitutionnel en effet induit, ne peut être que par voie de referendum comme ça a été proposé par le Président de la République et accepté par l’Assemblée nationale. Donc la question préjudiciable est de savoir est-ce que nous nous engageons tous à créer ces conditions constitutionnelles pour ensuite prendre des textes organiques ou d’autres textes qui réglementent tout le reste ?
Moi je pense que la réponse est oui. Même ceux qui continuent à s’agiter au nord disent que les conditions de leur satisfaction ne sont pas réunies. Or pour le faire, je prends par exemple les Maliens de l’extérieur, qui sont d’ailleurs pourvoyeurs de plus de 600 milliards de FCFA. Si on leur dit qu’ils sont représentés dans l’Assemblée nationale de leur pays, c’est un plus mais qui ne peut être porté que par voie constitutionnelle. Si on dit par exemple qu’il faut que la décentralisation soit poussée de manière à ce qu’il y ait une autonomie plus grande, pas seulement pour le nord mais pour l’ensemble du pays, ça doit prendre racine dans la Constitution. Si on parle de la représentation des notabilités ou des autorités coutumières au Haut conseil des collectivités ou au Senat, il n’y a que changement d’appellation sinon l’institution existe avec les charges et les structures administratives. Il faut qu’on accepte les avancées pour pouvoir régler définitivement les problèmes récurrents. Moi je me dis qu’en ce moment-là, l’insécurité qu’il y a doit être contenue pour nous permettre de passer à la reforme pour pouvoir tout juguler. Ce sera la démarche en des termes plus précis. Si fondamentalement, on dit qu’il y a l’insécurité oui, mais il n’y a pas une occupation du Mali par des forces étrangères.
Il y a des parties du territoire qui échappent au contrôle de l’Etat central ?
Il y a des parties qui échappent au contrôle de l’Etat central de façon pratique oui, mais ces parties doivent revenir dans cette gestion. Vous vous rappelez quand je dis que la crise du Mali aujourd’hui est telle qu’il ne s’agit pas forcément de combattre avec des armes et des munitions mais avec une stratégie, une approche. Ce que vous ne pouvez pas faire avec la force, faites-le avec les idées. C’est avec les idées que nous devons continuer à contourner les obstacles.
« Si les problèmes demeurent par nature les mêmes, en degré ils se sont exacerbés, la crise au nord a connu de nouvelles mutations : rébellion, séparatisme, djihadisme et autres. En somme, un fantasmagorique jeu des ombres dont les ficelles sont tirées par l’étranger et dont la résolution du puzzle réclame surtout plus d’intelligence politique et de doigté diplomatique, que d’armes et de munitions ». Il y a presqu’un an, vous tenez ces propos lors d’une rencontre de votre parti à la Bibliothèque nationale. Que voulez-vous dire ?
Est ce que vous pouvez rappeler que cela a été dit il y a un an ? Est-ce que ce n’était pas une espèce de prémonition et que ça prouve la constance à la démarche politique que j’ai pu prouver ? Donc je vous suggère plutôt de reprendre tout ça par écrit pour confirmer ce qui se passe. Nous n’avons d’autres solutions que la solution de l’intelligence appliquée à la résolution de cette crise parce que même ceux qui doivent nous aider, c’est-à-dire les moyens de coercition nécessaires, procèdent par règlement d’intérêt. Les Etats sont gérés par intérêt pas par rapport au sentiment. Nous sommes un Etat. Notre collaboration avec les autres Etats doit nous permettre d’avoir des techniques, un savoir-faire nécessaire pour régler notre crise sans que des Maliens ne tuent d’autres Maliens.
Toujours lors de la même rencontre, vous déclariez ceci : « pour la CDS-Mogotiguiya, toute autre alternative à la politique de décentralisation poussée comme solution de la crise au nord et condition de bonne gouvernance territoriale de notre pays, relèvera de la simple procrastination ». Comment la décentralisation peut être une solution à cette crise ?
Vous savez, la décentralisation peut être une solution à la crise. C’est comme si nous venions aux racines. Je pense que si nous dépassionnions tous ces débats, si réellement on s’écoutait pour comprendre, ceux qui sont en train de diriger les partis politiques et l’Etat malien en général sont les fruits de l’indépendance. Tous ceux qui sont partis à l’école à partir des années 60 sont des richesses pour ce pays parce qu’ils sont partis à l’école au moment où le Mali était l’une des plus grandes nations décentralisées à l’époque en Afrique. La constitution de la première République, si je vous y renvoie, le dit nettement. C’est le même système qui est proposé. Le Mali était présidé par des conseils régionaux comme ça vient d’être redéfini parce que les premiers dirigeants avaient eu conscience de cette différence. Ils ont voulu faire de cette différence une richesse.
Le Mali est riche de sa diversité à condition que cette diversité s’articule dans un ensemble cohérent, donc qu’on sache que ceux qui sont au nord ont des traditions, des pratiques et des différences mais qu’ils acceptent d’être Maliens comme ceux qui sont au sud et au centre. C’est ça l’esprit de la décentralisation poussée. Que chacun retrouve son identité dans l’ensemble national. Ça c’est la conviction de la CDS qui fait partie aussi du socle de la majorité pour dire que vous ne pouvez pas simplement bâtir une nation avec la force et la contrainte. Une nation se bâtit avec l’acceptation de tous, avec la volonté, l’adhésion de chacun. Pour susciter l’adhésion, acceptons de reconnaître nos différences afin que chacun se sente reconnu et respecté. C’est exactement l’application que nous cherchons à faire. C’est pourquoi, nous soutenons absolument la réalisation de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger.
Deux ans après sa signature, l’accord pour la paix et la réconciliation n’enregistre pas d’avancées notoires, selon de nombreux observateurs. Êtes-vous de cet avis ?
Je partage ce sentiment juste pour une raison. La raison est qu’il ne faut jamais faire une fuite en avant dans la gestion politique. Il faut être réaliste, mais la part d’optimisme c’est l’espoir que nous entretenons au fur et à mesure, les uns envers les autres.
De la signature à aujourd’hui, beaucoup de choses ont été faites. Il y a eu des réformes institutionnelles, des avancées ont été faites sur le terrain, il y a la volonté des responsables nationaux. Cet accord n’est pas seulement un accord entre deux parties en conflit au Mali, c’est un accord qui a été signé entre les parties en conflit et la communauté internationale qui en est le garant. De part et d’autre, à défaut d’un arbitrage mécanique, il y a l’arbitrage psychologique, l’arbitrage moral. Et la communauté internationale a réalisé que la volonté d’aller vers la paix est du côté des autorités maliennes et que cette volonté ne s’ébranlera pas. Il y a des difficultés. Notre tâche au quotidien au sein de la majorité, en appui au Président de la République, c’est de faire en sorte que ces difficultés soient progressivement gérées.
Vous avez porté plainte pour diffamation contre le directeur d’une radio et Rasth Bath. De quoi s’agit-il ?
Vous avez touché un point qui ne me concerne pas seulement, mais qui concerne les acteurs politiques et les personnalités publiques. J’aimerais que vous reteniez une chose, c’est extraordinaire quand le modèle devient la cible. Quand le modèle devient la cible, l’extraordinaire se produit.
Je vous donne les éléments précis que vous pouvez approfondir. Tiona Mathieu Koné, Directeur du groupe Kledu à l’époque, avait initié un grand débat, club de la presse de radio Kledu. La CDS venait de battre une liste commune à Bougouni au premier tour, c’est cela aussi qui a donné une identité à la CDS.
Pour la première fois, un parti politique affrontait un parti au pouvoir avec deux alliés. Je les cite, c’était l’ADEMA, le PARENA, le PDP, tous des partis implantés et tous avec des chefs de partis ministres d’Etat. La CDS, le petit poucet, est partie en élection contre cette liste commune et l’a terrassée en 24 heures au premier tour. Il n’y a pas eu de deuxième tour.
Comme on le dit en Bambara « Bibagaton dalakolo tè », littéralement « quelqu’un qui tombe trouvera toujours des raisons à sa chute ». Ils ont commencé à dire que Blaise ne travaille pas, il vient de quitter la Caisse des retraites où il a ramassé suffisamment d‘argent. C’est avec ça qu’il nous a battus. Eux qui étaient au pouvoir n’avaient pas suffisamment d’argent. Ça ne faisait rire personne à l’époque. Comme ça, c’est parti, Blaise a volé. Quand je parle, au lieu de voir le succès politique que ce parti venait de réaliser et essayer de l’imiter, non, on a voulu trouver l’explication de sa victoire et la réponse c’est qu’il a volé. Parce qu’ils pensent que rien n’est possible sans avoir volé de l’argent. C’est tout à fait triste pour ces esprits simples. Alors, puisque je n’ai pas continué à voler de l’argent depuis 20 ans, comment je fais donc pour les battre encore. Première des choses.
Comme c’était lors du club de la presse, il y a un journaliste, Ibrahim Maïga (il était au Zénith je crois) qui a dit : Monsieur Blaise, vous êtes convainquant….mais quand on prête vos succès politiques au fait que vous avez de l’argent volé de la caisse des retraites, qu’est-ce que vous répondez ?
J’ai répondu que pour moi, c’est simple. Un homme politique, quand on vous accuse d’avoir pris un franc de vos concitoyens, n’allez pas enterrer le dossier, n’allez négocier aucun dossier, allez devant le tribunal pour que le juge règle la question une bonne fois pour toutes. C’est d’abord pour vous, pour votre famille et pour votre parti.
Je crois que mon défi a été attendu à l’époque. Ils ont encore entendu. Donnez-moi une explication. Quelqu’un qui a quitté la Caisse des retraites en 1996, est interpelé en 2000 après trois (3) passations de services à la Caisse. Donc je laisse les points d’interrogation. Je viens qu’est-ce qu’on me dit : il paraît que vous avez pris de l’argent…..
Moi j’ai été une fois candidat à l’élection présidentielle, deux fois, trois fois. Mais de guerre lasse j’avais quitté la fonction publique pour animer des projets parce que c’est ça que je sais faire.
On oublie que j’ai étudié au Canada après l’ENA. J’ai vécu de subsides. J’ai animé mon parti politique, j’ai continué à faire des élections, à avoir quelques résultats. Ça ne se sait pas.
En fait, ce ne sont pas mes adversaires qui parlent de cela. En fait, ce n’est même pas Ras Bath qui en parle. Le petit, on le manipule. Je le dis. C’est ceux qui veulent me gêner avec ce dossier qui en parlent et ceux qui veulent me gêner ne sont pas forcément mes adversaires. Chaque fois que je gagne des élections, on dit : il a volé. Est-ce que quelque part, on ne se fout pas des Maliens ? Est-ce que quelque part, ces gens-là n’ont pas d’autres arguments ?
Ton fils devient dernier de la classe, au lieu de dire pourquoi il n’a pas étudié à la maison, il te reproche que tu n’es pas instruit sinon tu l’aurais formé à la maison, tu lui aurais donné des cours du soir à la maison. Donc c’est ta faute s’il ne fait pas d’exercice à la maison parce que toi-même tu n’es pas instruit, donc il va échouer en classe.
Voilà la logique qu’on a articulée parce qu’ils savent que le peuple malien n’aime pas un dirigeant qui est censé voler son argent. Ils savent que Blaise est capable.
Je le dis. Ils savent que main nue je les bats. Ils savent que je n’ai pas peur d’affronter les élections, ils savent que j’ai gagné depuis 1996. De 1996 à 2017, les enfants qui sont nés sont déjà mariés.
On me reproche toujours d’avoir fait quelque chose que je n’ai pas fait. Donc je me dis que Ras Bath, c’est la nouvelle vague, si lui aussi se lève avec ça sans vérifier, la meilleure façon pour lui de vérifier c’est que je l’interpelle devant la loi. Qu’il vienne devant la loi avec ses preuves. Qu’il se rende compte que Tonton Blaise est voleur ou qu’il n’est pas voleur. Qu’il se rende compte qu’il y a beaucoup de gens qui le supportent mais que Blaise les bat à mains nues. Donc qu’il aille trouver d’autres arguments… J’espère qu’il commencera à dire que même si Blaise n’a pas de poste, il gagne. Ça aussi c’est l’apprentissage démocratique…
J’espère vous n’allez pas gaspiller votre encre en écrivant que moi-même je ne reconnais plus la presse au Mali. C’est un message à leur endroit.
Quand j’ai gagné les élections législatives, il y a beaucoup de gens qui disaient que Blaise va être dans le gouvernement. Il a son groupe parlementaire. Il a gagné. Ceux qui ne voulaient pas à l’époque que je sois dans le gouvernement ont dit que j’ai volé sans preuve. Saouti Haidara de l’Indépendant a pris sa plume, il a écrit le cas Blaise, en disant : vous ne pouvez accuser ce garçon là d’avoir fait des choses et lui porter préjudice. Nous sommes dans un Etat de droit, jugez-le s’il est coupable vous le condamnez, s’il n’est pas coupable, vous lui donnez ce qu’il mérite. J’appelle ça la presse. Merci grand-frère Saouti. C’est aujourd’hui ce que je lui dis. Encore une fois merci grand-frère Saouti.
Moi je vois la presse comme ça. Que ceux qui veulent aussi intervenir parce qu’ils sont de la presse m’apportent la preuve du contraire. Qu’ils voient aussi les hommes politiques autrement.
Moi je n’accepte pas qu’on prenne la rue ou qu’on prenne la radio pour insulter quelqu’un, pour lui prêter des choses qu’il n’a pas fait parce que ça va le détruire et profiter à d’autres.
Ceux qu’ils veulent passer par ça, n’ont pas à monter mes enfants contre moi. Quand on était tout jeune, je les ai battus. Maintenant, ils ne peuvent pas faire un transfert de mauvaise conscience à leurs enfants. Moi, je n’accepterais pas. C’est seulement la loi qui peut le dire. Voilà pourquoi je dis que ça ne peut être connu que devant la loi. Puisque nous avons dit que nous sommes dans un Etat de droit.

Est-ce que l’Etat de droit vous permet comme ça de dire à un homme politique qu’il a volé ? Ceux qui vous ont dit qu’il a volé ne vous ont pas donné la preuve qu’il a volé. Si des fois la justice fait la preuve qu’il n’a pas volé et que vous avez menti, et vous et ceux qui vous ont donné l’information, vous allez comprendre que ceux-là ont toujours triché avec leur conscience.
Propos recueillis par Chiaka Doumbia et Bourama Camara
Source: Le Challenger
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