Le nord du Mali renoue avec le cycle de la violence. En effet, des durs combats ont opposé, il y a quelques jours, le GATIA et la CMA. Au-delà, il semble que les rebelles de Kidal et leurs alliés chercheraient à liquider physiquement le chef de la communauté des Imghads, le Général El Hadj Gamou. Selon des informations en provenance du nord, l’officier général aurait même échappé de peu à la mort lors des affrontements qui ont eu lieu, la semaine dernière, à Tabankort (40 km de Kidal). Qui veut éliminer Gamou ? Pourquoi ? L’opinion malienne s’interroge. Elle se demande surtout si Bamako n’a pas sacrifié cet officier.
Iyad et ses ouailles en n’ont fait un impératif: neutraliser Gamou à tout prix. Ainsi, l’officier général est traqué sur tous les terrains, de Bamako à Kidal. Et, des soutiens occultes au niveau international sont mis à contribution. La preuve vient (à nouveau) d’être établie par la bataille de Takalot, il y a quelques jours. Cette attaque visait, selon plusieurs sources, à éliminer physiquement le Général. La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) avaient, en effet, été informée de la présence du Général dans la zone. Mal lui en a pris ! Non seulement Gamou s’en est sorti idem, mais la Cma a perdu son chef de guerre Rhissa Ag Bissada, bras droit du colonel Najim.
Bien avant cette attaque expéditive, bien d’autres ont visé El Hadj Gamou. Mais à tous les coups, les ennemis de cet officier fidèle à la République ont mordu la poussière.
Gamou a toujours défendu la République et s’est opposé aux rebelles de Kidal. Cette posture de patriote attise la haine viscérale que lui voue les bandits et narcotrafiquants de l’Adrar des Ifoghas, coalisés sous la bannière du HCUA. Un mouvement fantoche téléguidé par Iyad Ag Ghaly, leader du groupe terroriste Ansar.
En effet, soldat aguerri et patriote avéré, le Général El Hadj Gamou a été de tous les combats au nord et à Kidal. Faut-il le rappeler, il fait partie des officiers et combattants touaregs intégrés dans l’armée nationale à la faveur de la signature du pacte national en 19992. Depuis, il est resté fidèle à son engagement sous le drapeau national. Il a même pris part aux opérations de maintien de la paix au Libéria, où un contingent malien avait été dépêché sous mandat de l’ONU.
Gamou sacrifié ?
A l’éclatement de l’insurrection armée dirigée par Ibrahim Ag Bahanga en 2006, Gamou dirigeait la région militaire de Gao, qui couvrait la région de Kidal à l’époque. De 2006 à 2008, le colonel major siège au PC opérationnel qui était basé à Gao et qui conduisait les opérations de sécurisation enclenchées par l’armée pour juguler cette insurrection. Malgré sa présence au sein du commandement, Gamou n’hésitait pas à descendre sur le terrain et à prendre la tête des unités placées sous son autorité.
L’officier maîtrise le terrain et connaît tous les acteurs de l’insurrection de l’époque. Pour venir à bout de l’insurrection de Bahanga, les autorités ont finalement donné carte blanche à l’armée de déclencher l’opération « Djigui Tougou » ou « combler l’espoir ». Dans le dispositif mis en place, Gamou et ses hommes avait en charge une zone de combat précise à Kidal. Elle passe totalement sous le contrôle de l’armée à partir de fin février 2009. Après cet épisode, El Hadj Gamou reste dans le dispositif sécuritaire de Kidal jusqu’en 2011. Ensuite, il est affecté à la présidence de la République, où il est nommé chef d’Etat major particulier adjoint.
Mais l’officier ne resta pas longtemps à Koulouba. En effet, au mois de septembre 2011, les effets de la crise libyenne atteignaient le Mali et le Niger, avec le retour de soldats touaregs de l’armée libyenne. Sur instruction du chef de l’Etat, Gamou est retourné à Kidal afin de gérer cette situation. Il réussit à sensibiliser le plus gros contingent de soldats rentrés au bercail. En effet, grâce à lui, plus de 500 soldats de la tribu Imghad ont remis leur matériel et affirmé leur attachement à la République. Et c’est avec ces soldats et des éléments de l’armée malienne, il a défendu la patrie contre les bandes de racailles, notamment le Mnla et Ansar Dine qui ont mis le pays à feu et à sang à partir de janvier 2012.
« Les insurgés peuvent toujours s’agiter ou tenter des actions d’éclat par endroit, mais ils ne pourront jamais prendre le contrôle d’une ville malienne », avait-il confié à L’Aube.
Gamou et ses troupes ont tenu leurs positions à Kidal, jusqu’au coup d’Etat de mars 2012 qui a cassé la chaine de commandement. La suite est connue… L’une après l’autre, les régions de Kidal, de Gao et de Tombouctou sont tombées aux mains des rebelles et leurs alliés djihadistes. Finalement, Gamou et ses hommes ont trouvé refuge au Niger où il a été la cible d’une tentative d’assassinat, orchestrée depuis Kidal.
C’est en 2013, à la suite de l’opération Serval, que le Général et des soldats ont regagné le bercail, avec armes et bagages.
Mais, le Mnla, alors remis en scelle par la France, s’est farouchement opposé à ce que Gamou et sa troupe soient déployés dans la région de Kidal. Pour autant, le combattant ne range pas les armes. A la tête du groupe d’autodéfense des Imghads et alliés (Gatia), il va enchainer les victoires militaires. Ménaka, Anéfis, Tabankort… ont ainsi été libérés de l’emprise des groupes armés de la CMA. Et en janvier 2016, Gamou était sur point de libérer Kidal. La victoire était assurée d’avance, n’eût été l’intervention des forces françaises et de la Minusma qui se sont érigées en « défenseurs des rebelles ».
Aujourd’hui encore, le Mnla et consorts doivent leur existence à ces forces étrangères.
Et tout est fait pour mettre Gamou sur la touche.
En réalité, cet officier paie les frais de son loyalisme et de son patriotisme à l’adresse de la République. Une situation n’émeut personne au sommet de l’Etat. A se demander si les autorités maliennes n’ont pas sacrifié Gamou sur l’autel d’intérêts inavoués.