L’horizon de l’inconscience et de la foutaise va vers une chute faramineuse. Le choc d’une génération prend progressivement en main une partie de la République que des têtus gouvernants ont mise en bail. Les questions qui se posent ont longtemps trouvé réponses, face à des forces vives, pas toutes certes, frappées de déchéance de leur légitimité.
Ras Bath, un homme imprévisible, le flambeau d’une époque, le guide d’une génération appelée « Rasta ». Comme un soleil d’Eté, l’homme du moment est adulé par une jeunesse embarrassée et engagée. La foule qui a déferlé dans les rues de Bamako, le jeudi dernier, est une illustration sans équivoque contre les décisions caricaturales d’un régime voyou.
Etait-il seul ? A-t-il payé cette marée de manifestants ? La réponse est gênante pour ses détracteurs qui, sans lui reconnaitre son charisme, admettent la mobilisation en sa faveur. Rien et personne ne doivent être au-dessus de la Respublica ! Avec des mots en forme de piques, l’homme a atteint les cœurs et les consciences des voleurs de grands chemins.
Ras Bath, c’est le changement dans les actes, ce sont des attaques contre la majorité et l’opposition. Personne ne peut se targuer de l’avoir muselé ou récupéré pour toujours. Aujourd’hui, ami aux membres de la plateforme, demain, pourfendeur potentiel des leaders qui ne prêcheront pas la franchise. Les mots de Ras Bath sont des chocs moraux et familiaux contre les experts de la déperdition.
Le Rasta ne recule pas. L’autorité de l’Etat est enterrée jour après jour, avec des épreuves, des menaces et des condamnations qui aguerrissent une génération qui énerve, qui choque et qui éduque visiblement. Mais cette force de Ras Bath vient de sa témérité, de sa virilité verbale et de sa responsabilité à assumer chacun de ses actes. Cela s’appelle être homme. Ce peuple dans la rue, c’est à cause d’un mépris flagrant des chefs, vomis par une population pleine d’amertume et de désillusion. Rasta est le refuge de ces maliens frustrés, spoliés et abusés par une administration de trafic et de mafia.
Récemment, Mohamed Youssouf Bathily alias Rasta et sa génération ont reçu l’étiquette de ‘’drogués de réseaux sociaux’’. Ils ont accepté ces termes avec humilité et philosophie. L’accueil du jeudi dernier est une adhésion et une reconnaissance à cette nouvelle forme de conscience, taxée de droguée par d’indignes et incompétentes personnalités venues aux affaires par effraction.
Dans ce contexte de malaise généralisé, avec des priorités et des urgences énormes, Ras Bath est fortifié par la bénédiction et la participation de sa chère maman. Les gouvernants sont donc sommés de collaborer avec mesure, de sanctionner avec intelligence et de pardonner avec sincérité. Une telle équation peut facilement être équilibrée mais ce sera l’évidence, la transparence et la conviction.