Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Région
Article




  Sondage


 Autres articles


Comment

Région

Mali: les pêcheurs de Gao ont repris le fleuve (REPORTAGE)
Publié le jeudi 4 avril 2013  |  AFP


© AFP par DR
Kadji : arrestation de 50 presumes complices du Mujao
Vendredi 1 mars 2013. Des personnes arrêtées sur une île du fleuve Niger située près de Gao


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

GAO (Mali), 04 avr 2013 (AFP) - Dix-sept heures: le soleil devient orange
et descend sur le fleuve Niger. Pour les pêcheurs de Gao (nord-est du Mali),
enfin libres de repartir jeter leurs filets après deux mois d’interdiction, il
est temps de rentrer au port.
Tout trafic sur le fleuve avait été interdit en février par les autorités,
revenues à la suite de l’offensive franco-malienne qui a libéré Gao. Une
décision prise après trois incursions de combattants jihadistes qui avaient
sans doute pénétré en pirogues dans le centre de la grande ville du Nord
malien et s’y étaient battus jusqu’à la mort.
La semaine dernière, cédant aux suppliques des pêcheurs incapables de
nourrir leurs familles, les autorités ont de nouveau autorisé pirogues,
barques et pinasses à reprendre l’eau, mais uniquement de 06H00 à 17H00.
"Il était plus que temps", sourit, assis en tailleur sur une natte dans la
cour de sa maison, Mahdi Flabake Traoré, président de l’association des
pêcheurs de Gao (près de 1.200 km de Bamako). "Nous avons vécu à crédit auprès
des commerçants pendant deux mois, ce n’était plus tenable. Dieu et la France
nous ont sauvés, mais ensuite nous n’avions plus rien à manger. Bamako nous
avait oubliés".
"J’allais tous les matin à la caserne supplier les militaires de nous
laisser reprendre la pêche", dit-il, en caressant la couverture d’un coran
rouge. "Ils ont fini par nous entendre. Nous avons recommencé la semaine
dernière, il y a beaucoup de poissons car personne n’a pêché pendant deux
mois. Nous travaillons toute la journée, comme des forçats dès le lever du
jour: il faut maintenant payer nos dettes".
Le "capitaine", ici poisson roi, et la quarantaine d’espèces qui peuplent
le Niger nourrissent en temps normal les quelque 1.500 pêcheurs de Gao, qui
exportent leur production, fraîche, séchée ou fumée, vers Mopti (centre du
Mali), la capitale Bamako ou Niamey, au Niger voisin.
Surveillance jour et nuit

Avec l’interdiction de naviguer, c’était le principal poumon économique de
la ville qui s’était arrêté pendant huit semaines: les transports fluviaux en
tous genres, l’arrivée à Gao de bétail ou de fourrage pour les animaux, la
venue en ville des habitants des villages isolés.
Auparavant, de grandes pinasses confortables et bien équipées promenaient
aussi des touristes, mais les guides locaux n’en ont pas vu une depuis
l’arrêt, en 2009, des vols charters sur Gao de la compagnie française
Point-Afrique.
Aujourd’hui, les balles de "bourgou", cette longue herbe servant de
nourriture au bétail, s’empilent à nouveau sur la rive et les pinasses
déchargent leurs cargaisons de bois, de chèvres et de moutons.
"C’était dur, mais le prix à payer pour la sécurité", assure, assis sur sa
chaise basse plantée dans le sable au bord du fleuve, le lieutenant Diallo,
chef de secteur du quai de Gao. Il a placé des hommes en faction tous les 200
mètres, interdit la circulation automobile sur la berge et affirme assurer une
surveillance de fer, nuit et jour.
"Le fleuve entoure Gao, c’est la plus grande vulnérabilité", explique-t-il
à l’AFP, d’un geste circulaire. "Alors nous avons autorisé le trafic et la
pêche de 06H00 du matin à 17H00, mais il faut partir et arriver sur un seul
quai où nous surveillons tout".
"Les bateaux, même les plus petites pirogues, sont fouillés au départ et au
retour. Nous ouvrons les sacs, cherchons des armes et vérifions l’identité de
tout le monde. Les bandits du Mujao ne pourront plus passer par là",
ajoute-t-il, en référence au Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique
de l’Ouest, un des groupes islamistes ayant occupé le nord du Mali en 2012 et
qui a revendiqué des incursions de combattants jihadistes dans Gao.
Le lieutenant Diallo assure disposer, prêt de l’armée française, de deux
paires de jumelles à vision nocturne pour ses hommes "postés sur des points
hauts". "Ici, c’est le poste le plus vulnérable, celui qui intéresse les
bandits islamistes, parce que nous sommes près du grand marché, de la mairie,
du palais de Justice. Mais maintenant, avec l’armée française à l’aéroport et
les Sénégalais en ville, je ne crois pas qu’ils s’y risqueront à nouveau".
Il y a certes, près du principal pont, deux hors-bords de patrouille de la
gendarmerie fluviale mais, tirés sur le sable, entrailles des moteurs à l’air,
ils ne semblent pas prêts d’être remis à l’eau.
mm/cs/lbx

 Commentaires