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Venezuela : Référendum du 30 juillet Le peuple démontre qu’il est maître de son destin
Publié le mercredi 9 aout 2017  |  Le Reporter
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À la mort de Hugo Chavez, les secteurs les plus réactionnaires de la droite vénézuélienne, réunis au sein de la Table de l’opposition démocratique (MUD), se sont donné pour mission d’empêcher par tous les moyens Nicolas Maduro, bien qu’élu démocratiquement, de gouverner le pays et de consolider son pouvoir et son autorité.
Le 5 janvier 2016, lors de son installation à la direction du Parlement, alors qu’une large majorité de Vénézuéliens espéraient un projet nouveau pour le pays, l’opposition annonce avec fracas que son seul et unique objectif est le renversement de Nicolas Maduro en six mois ! Elle commit deux erreurs monumentales. D’abord en décidant d’ignorer superbement les avertissements du Tribunal Suprême de Justice et admit en séance plénière trois députés de l’Etat d’Amazonas dont l’élection, en décembre 2015, faisait l’objet de «suspension pour irrégularités». Ensuite, en faisant l’impasse sur ce que stipule la loi (article 72 de la Constitution) sur les étapes indispensables et les exigences juridiques pour la tenue d’un référendum révocatoire.
En riposte à l’affront que l’opposition lui a infligé, le TSJ proclama la non-validité des décisions de l’Assemblée nationale en raison de la présence en séance de trois députés de l’Etat d’Amazonas dont l’élection, en décembre 2015, faisait l’objet de «suspension pour irrégularités». En plus de ces attaques incessantes, coordonnées de l’opposition putschiste et des pressions internationales, notamment celles des Etats-Unis, de la Colombie voisine, s’est ajoutée une sécheresse impressionnante, la deuxième en importance depuis 1950, et une terrifiante canicule, conséquence climatique du phénomène El Niño. Or, il faut savoir qu’au Venezuela, 70% de l’énergie est fournie par des centrales hydroélectriques, dont la principale est installée sur le super-barrage El Guri. Avec l’absence de pluies, les niveaux d’eau de ce barrage avaient diminué jusqu’à atteindre presque le point de rupture.
La contre-révolution a tenté de profiter de ces circonstances pour multiplier les sabotages électriques, cherchant à créer un chaos énergétique et à provoquer la colère sociale et des insurrections. Le danger était énorme, car au problème électrique s’ajoutait de surcroît le manque d’eau potable, conséquence de la sécheresse persistante. Mais, une fois de plus, le président Maduro a réagi rapidement en adoptant les mesures appropriées : il a décidé non seulement de remplacer des millions d’ampoules à incandescence par des ampoules à faible consommation d’énergie, mais aussi, il a ordonné le remplacement des vieux climatiseurs par d’autres moins gourmands en énergie, décrétant la demi-journée de travail dans l’administration publique, et mettant en œuvre un plan national spécial de rationnement de la consommation d’électricité et d’eau. Grâce à ces mesures audacieuses, le président a réussi à éviter l’effondrement énergétique du pays. Et il a ainsi obtenu une de ses victoires les plus populaires de l’année 2016.
L’opposition trouvera un soutien diplomatique indéfectible auprès de l’Organisation des Etats Américains (OEA) appelée par une bonne partie de l’opinion progressiste latino-américaine comme le «ministère des colonies nord-américaines». Sous l’impulsion de son Secrétaire général, et avec la bénédiction du gouvernement des Etats-Unis, elle va s’engager sans état d’âme aux côtés de l’opposition. C’est ainsi que le 13 avril dernier, foulant aux pieds toutes les règles, et voulant obstinément légitimer les manœuvres putschistes de dirigeants de la Table de l’Unité, un groupe de pays membres de cette organisation se réunit sur la situation qui prévaut au Venezuela.
Ce groupe écarte d’emblée les ambassadeurs de Bolivie et d’Haïti, respectivement président et vice-président du Conseil, les remplace illégalement par celui du Honduras, dans le but d’obtenir une résolution trafiquée condamnant fermement le gouvernement vénézuélien et appelant à l’application de la Charte Démocratique. La frauduleuse manœuvre échoua parce que, pour que la résolution soit adoptée, il fallait une majorité de 18 pays sur 34. Les pays de la Caraïbe et ceux de l’ALBA s’y sont activement opposés. Toutefois, 17 adoptent par «consensus» une résolution dénonçant «la rupture de l’ordre constitutionnel».
Malgré cet échec, l’OEA a toujours joué son rôle historique : Servir de cheval de Troie de Washington. Disposant d’un certain nombre de pays comme le Mexique, l’Argentine et le Brésil, redevenus depuis peu les chantres du néolibéralisme le plus réactionnaire, Washington adopte une posture discrète sur le dossier vénézuélien, même si le Congrès va transférer au cours de cette année près de 5,5 millions de dollars Us pour aider la société civile à «défendre la démocratie et les droits humains». En outre, les Etats-Unis disposent de leur homme de paille, en la personne de Luis Almagro, premier responsable de l’OEA. Traité de «laquais», cet ancien ministre des Affaires étrangères du très populaire président uruguayen José Mujica dit Pepe, a été sérieusement sermonné par ce dernier qui considère ces agissements comme «un danger non seulement pour le Venezuela, mais pour tout le continent latino-américain». Et c’est avec juste raison que l’ambassadeur du Venezuela à l’OEA Samuel Moncada a opportunément rappelé que durant les trois années de crise politique que traverse son pays, cette institution n’a pas fait preuve d’impartialité et de mesure. Or, selon lui, Luis Almagro, contrairement aux idées reçues, n’est nullement le «chef de l’OEA», mais un «fonctionnaire» au service d’une organisation de pays souverains dont la non-intervention constitue théoriquement le fondement politique.
Le coup de force à l’OEA, malgré son échec retentissant, a donné le signal à l’opposition vénézuélienne. Déjà, dès le 6 décembre 2016, elle avait désavoué ses propres représentants qui étaient pourtant parvenus à un accord avec le gouvernement et avaient signé le document «construire la paix» parachevant ainsi le cycle des discussions engagées entre les deux parties sous les auspices de l’UNASUR et le Vatican. Dès lors, des manifestations frauduleusement baptisées «pacifiques» et fortement médiatisées par les grandes chaînes de télévision occidentales se succèdent. Le scénario est le même : chaque jour, cette presse à sensation nous sert le spectacle d’un pays en guerre civile, dépeignant les manifestants comme des «résistants à la dictature castro-chaviste».
Des individus équipés de masques à gaz, de cocktail Molotov et d’armes improvisées prennent d’assaut les principales artères de la capitale, confisquent les camions à leur conducteur sous la menace de leurs armes, érigent des barricades à l’aide de pneus enflammés, s’attaquent aux symboles de l’Etat notamment les bâtiments publics et les fonctionnaires de la Garde nationale. Des actes de pillage et de vandalisme ainsi que des assassinats se multiplient et s’étendent à plusieurs Etats du pays comme Carabobo, Táchira, Merina, Bolivar où ce sont le plus souvent les chavistes qui sont enlevés puis retrouvés morts.
La Colombie joue un rôle obscur dans le conflit vénézuélien. Elle dispose de zones d’influences, surtout dans l’Etat du Tachira, au sud du lac de Maracaibo là où fleurit la contrebande de pétrole, de drogue et des produits de première nécessité. D’autres Etats Comme Carabobo et Merida sont sous forte influence des paramilitaires colombiens qui opèrent souvent en civil et à visage découvert et s’insèrent dans la grande criminalité. Ces bandes imposent l’état de siège, attaquent avec des armes à feu les Commissariats de police, les casernements de l’armée comme à la Grita (Tachira), La Carlota (Caracas) ou de la Garde Nationale à Tovar (Merida). La liste des victimes de cette violence orchestrée et planifiée est très longue. Citons quelques cas emblématiques comme ces policiers et gardes nationaux tués, de même que les civils fauchés par des pièges ou assassinés en tentant d’éviter les barricades. Le juge Nelson Moncada Gomez, exécuté de plusieurs balles. Le jeune Orlando Figueira, lynché par une foule d’opposants, lardé à coups de couteaux, arrosé d’essence puis carbonisé. Cet ex-lieutenant de la Garde nationale Danny Soubero, arrêté à Cabudare et accusé d’être une «taupe» du pouvoir avant d’être égorgé à l’aide de tessons de bouteilles. Ou encore ce jeune violoniste Armando Canizalès dont l’assassinat a été mis au compte du gouvernement par les opposants sans apporter la moindre preuve concrète de leur accusation.
Dépité, désabusé et malmené par une opposition qui a rejeté toutes les voies de dialogue pacifique, notamment la feuille de route sur laquelle elle s’était pourtant entendue avec le gouvernement en présence d’un représentant du Pape dans l’objectif d’organiser des élections régionales de 2017 (qui auraient dû avoir lieu en 2016), harcelé également par une O.E.A aux ordres, Maduro, en vertu de la pleine autorité constitutionnelle du pouvoir exécutif ( article 348), a fait appel le 1er mai 2O16, à la participation du peuple dans sa diversité à travers un processus participatif constituant pour garantir la paix sociale. Et la source de légitimité de cette constituante est le peuple souverain. Pour Nicolas Maduro il s’agit d’une «constituante citoyenne et non celle des élites, mais une constituante ouvrière, communale, paysanne, une constituante de la jeunesse, des étudiants» qui aura pour tâche d’élaborer une nouvelle constitution en surmontant l’impasse politique entre l’opposition et le gouvernement de façon démocratique.
Incontestablement, son initiative a permis d’imposer de nouvelles réalités politiques en forçant tout le monde à choisir son camp. Si le gouvernement a choisi le camp du dialogue, l’opposition par contre a choisi le camp de la violence à travers son appel au «Trancazo» c’est-à-dire le blocage du pays. Les conséquences ont été funestes. On dénombre plus de cinq mille commerces, cinquante et un autobus incendiés, des machines électroniques électorales détruites. Pire, l’opposition a détruit plusieurs tonnes d’aliments pour semer le mécontentement populaire. Elle est fortement soupçonnée d’avoir commandité l’assassinat de deux candidats à l’Assemblée nationale constituante, José Luis Rivas Aranguren et José Pineda.
Malgré ses nombreux appels au boycott, ses opérations ville-morte et son «référendum» visant à délégitimer les institutions et l’Etat bolivarien, le peuple vénézuélien est sorti massivement le 30 juillet dernier avec un taux de participation de 41%. L’enjeu était fondamentalement politique, puisque le peuple constituant va garantir dans la nouvelle constitution les acquis sociaux obtenus de haute lutte par le peuple sous la conduite du gouvernement bolivarien : le droit à l’éducation, à la santé, au logement, à la vie, à la culture dans un contexte historique de basculement et de remise en cause des acquis sociaux partout en Amérique Latine. À l’exemple du gouvernent de Michel Temer qui a gelé le Budget d’Etat brésilien pour les vingt années à venir !
Sur les 540 représentants élus de la constituante, 364 l’ont été de façon conventionnelle, c’est-à-dire au vote universel libre et secret sur une base territoriale et 181 par «secteur» pour garantir un grand débat national. À ce niveau sectoriel également, dépendant d’un vote libre et secret, l’Assemblée constituante comptera 8 représentants indigènes, 24 étudiants, 8 paysans et pêcheurs, 5 entrepreneurs, 5 handicapés, 28 retraités, 24 membres des conseillers communaux (collectivité de base créée par la révolution bolivarienne) et 79 travailleurs.
Nouhoum KEITA


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