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Pourquoi Ras Bath est-il populaire ? Quelques clés d’éclairage d’un phénomène
Publié le mercredi 9 aout 2017  |  Le Reporter
Grand
© aBamako.com par Momo
Grand meeting de la société civile
Bamako, le 25 octobre 2014. La société civile malienne a tenu un grand meeting pour la défense de l` intégrité territoriale du pays.
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1- Il fut “héroïsé”, “victimisé” par son arrestation, une sacrée aubaine pour lui. Les peuples portent haut les symboles de la “répression” et de l’acharnement. Il a gagné en quelques jours (arrestation) en gain d’estime et de capital sympathie voire en ferveur, ce qu’il aurait mis des années à construire ;

2- Il évoque des sujets qui résonnent bien avec les préoccupations populaires (corruption, injustice sociale) et incarne la figure de l’opposant ;



3- Il s’attaque à des puissants, sorte d’audace dont plein ne se permettraient pas. Il est donc perçu comme symbole de courage et d’audace. En un mot, il a osé et ose ;

4- Accéder à la sphère du débat public exige des compétences, un temps dont tous les citoyens n’ont pas le privilège (il est en quelque sorte le porte-parole de ceux qui apprennent des choses (infos) par le canal de ses chroniques);

5- Il est du temps médiatique, des réseaux sociaux et des formes du populisme voyeuriste où une vidéo sur youtube peut être vue et partagée par des milliers de gens en quelques heures (les musiciens et les prêcheurs et autres bénéficient du même privilège de l’océan numérique);

6- Il est une sorte de voix et de visage pour les déçus de la gouvernance et même d’une partie des opposants qui voient leurs propres opinions relayées autrement, par une autre voix ;

7- Il n’a pas été associé au pouvoir, n’a exercé aucune charge publique, donc incarne la “virginité” dans un champ public partagé entre la mobilisation des acteurs politiques et celle des religieux (qui semblaient avoir le monopole de la forte mobilisation) à l’heure de la crise des partis politiques, l’homme de cette autre société civile occupe UN VIDE. Entre ceux qui voient en lui une dérive dans le discours “insolent” et ceux qui en font une figure “christique”, le symbole de la révolution, il y a la vérité que la démocratie est familière (de nombreux exemples dans plein de pays) d’un tel phénomène d’acteur social dont les sciences sociales étudient d’ailleurs les ressorts de la construction processuelle.

Yaya TRAORE

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Attention, je sens un peu de mépris et de crainte chez certains cercles de décision et de réflexion au phénomène Ras Bath !

Pour moi, ce n’est pas une dérive de plus !!!! C’est une très, très, très bonne nouvelle pour le Mali ! Reconnaissons qu’on n’a laissé que le choix de la religion et de la politique du petit jeu aux jeunes. Zéro perspective du Mali et du monde leur est vendue. Ouverts sur le monde, mais en perpétuelle recherche de repères, ils se réclament, de façon généralement brouillonne, de Tomas Sankara, de Marvus Garvey… Certains sont même très vite récupérés par des cercles mafieux et des religieux. Ils ont trouvé en Ras Bath la possibilité de sortir de ce cercle infernal dont tout le monde constate qu’il nous amène au mur et continue à l’entretenir.

Cercle infernal que j’ai dénommé dans mon dernier livre la BANYENGOYA. J’ai la chance de pratiquer ces jeunes. Si Ras Bath ne se renouvelle pas (je peux me tromper mais j’en doute, car on ne peut continuer à mobiliser par le «kórófóli» seulement), ils passeront à autre chose. Jusqu’à trouver leur voie. Car ils sont capables d’apprentissage et d’adaptation rapides sans complexe. Ce monde en mouvement est très prometteur. Ces jeunes sont en train de construire un monde sans frontière. Ils se parlent de Mali, d’Afrique, d’Europe, d’Asie, d’Amérique, de Neymar, de Diaba Sora, de Sidiki Diabaté, d’Iba One, de Petit Guimba, de trop c’est trop.

Ils cherchent des perspectives. Des rêves. Ils développent des tutoriaux pour échanger leurs connaissances sur Internet. Ils ont créé un monde virtuel pour échapper à l’hypocrisie et l’irresponsabilité généralisée des aînés qui ramènent le Mali à leur seul confort. Ce monde virtuel est en train de devenir réel. À nous de le comprendre, de ne pas le mépriser, de ne pas le laisser aller à la dérive. Mais d’en faire un des outils essentiels de la nouvelle dynamique du Mali post-crise.

Alioune Ifra NDIAYE
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