Aujourd’hui samedi 05 août, j’ai eu deux conversations au téléphone, l’une de Diafarabé et l’autre de Bamako, mais toutes deux au sujet de la situation sécuritaire qui prévaut dans la commune de Diafarabé. Mon premier informateur, celui de Bamako, était pressé de partager avec le bonheur de la nouvelle que venait de lui communiquer son frère, chef du village de Sene Marka.
Selon mon informateur, nos frères peuhls qui étaient opposés à nos frères bambaras, auraient envoyé une délégation à Sampaye (un des plus gros hameaux de culture) pour sceller la paix. Ils auraient soutenu que le conflit intercommunautaire qui sévit en ce moment est destructeur pour tout le monde et qu’il faut maintenant qu’on y mette fin, et que les différentes communautés reprennent à vivre ensemble dans l’harmonie. Il aurait ajouté que le but de leur combat vise plutôt l’armée et l’administration. En attendant d’avoir plus de détail et une confirmation, on peut bien croire que cette nouvelle est un motif réel de réjouissance.
Pour vérifier l’information, j’ai appelé une de mes sources à Diafarabé vers 18h, qui me dit ne pas être au courant, mais qu’il cherchera tout le détail pour moi dès son retour du champ. Il a ensuite ajouté que par contre les djihadistes viennent de porter un coup dur au développement à Diafarabé il y a une heure. En effet, une ONG intervient en ce moment pour appuyer les femmes dans des activités génératrices de revenus. L’ONG venait d’arriver avec beaucoup de matériel pour la promotion de l’aviculture. Elle a amené une équipe de Mopti qui était à la tâche ce samedi matin 05 août 2017 pour construire un magasin de stockage au quartier Tieoulé, derrière l’école Bane Soumana Thienta.
Malheureusement, entre 11h et midi, un groupe de six hommes (des terroristes), bien armés avec leurs kalachnikovs au dos, ont débarqué sur le chantier et ont sommé tout le monde de déguerpir, arguant que ces manœuvres n’ont aucun droit à venir construire quoique ce soit sans leur accord préalable. La panique s’est emparée de nos hôtes, et certains n’auraient eu leur salut que grâce à l’intervention d’un de nos frères de Diafarabé, du nom d’Allaye Gouro. Finalement l’équipe a été obligée d’embarquer dans la pinasse qui passe tous les samedis en provenance de Tenenkou direction Mopti, et qu’on appelait dans le temps “la Pinasse de Sékou Amadou”.
Encore une fois, nos pauvres populations ont une raison de désespérer de leurs gouvernants ou tout simplement de la vie. Chers frères et sœurs du Massina, cet acte des pseudo-djihadistes et bien d’autres du genre, est la preuve que nous avons affaire à des forces rétrogrades et anti-progressistes, animées d’une volonté maléfique de sevrer nos braves populations de tout bienfait du développement. Je ne cesserai de nous appeler à nous mobiliser davantage et mieux pour sauver notre Massina. La NÉGOCIATION restant la seule arme efficace pour le moment, ne nous en privons. Usons-en, à souhait, et abusons, s’il le faut. Nous ne devons plus nous donner le luxe de croiser les bras. Que Dieu veille !
Lassine DIALLO