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Mission onusienne de stabilisation du Mali: la main nourricière de la CMA
Publié le mercredi 9 aout 2017  |  Info Matin
Patrouille
© aBamako.com par Momo
Patrouille de la MINUSMA à Tombouctou
Tombouctou, le 11 Mai 2015, la MINUSMA a procédé aux patrouilles à Tombouctou
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Entre la Coordination des mouvements armés (CMA) et la Mission onusienne de stabilisation du Mali, la lune de miel continue de plus belle et ce ne sont pas les rations alimentaires généreusement distribuées à l’ex-rébellion qui contrediront cette idylle.

Le deal était si trompeur, si malveillant que son secret n’a pas résisté au temps et aux événements. A la suite des dernières escalades au Nord, au cours desquelles il a été constaté un abject parti pris des Forces internationales en faveur de la Coordination des mouvements armés, certaines langues ont commencé à se délier pour laisser filtrer des informations les plus jalousement gardées au monde. L’une de ces informations, les plus scandaleuses serait que la Mission onusienne, dans sa bienveillante attention à l’endroit de l’ex-rébellion, fournirait à ses combattants des rations alimentaires par des biais détournés d’organisations humanitaires internationales qui n’ont pas réussi à détourner l’attention de nombre d’acteurs.
Ce favoritisme trouve son sens à la lumière de cette déclaration d’un ancien ministre de la Défense de la Puissance que tout le monde connaît qui, répondant à la question s’il y a eu des exactions de l’armée malienne au Nord, affirmait : «Il y a des risques». «Je le dis pour aujourd’hui (…) et aussi pour demain. Les Touaregs, sauf ceux qui se sont laissés embrigader par des groupes terroristes que nous condamnons totalement… Mais les Touaregs sont nos amis», a-t-il poursuivi.
C’est au nom de cette vieille amitié que Serval a filé nuitamment à Kidal sans prendre congé des FAMAS ; c’est également au nom de cette amitié que le Mali a été entraîné dans les dédales d’un Accord poussif ; c’est au nom de cette amitié que le Groupe d’Autodéfense Touareg, Imghads et Alliés (GATIA) a été soulagé de ses armes lourdes pour asseoir une victoire militaire de la CMA qui n’y parviendrait jamais sans coup de main. Au nom de cette amitié, on aura tout vu et tout enduré dans ce pays.
C’est cette iniquité que dénonçait le secrétaire général du Groupe d’Autodéfense Touareg, Imghads et Alliés (GATIA), Fahad Ag Almahmoud : ‘’de plus, les recrutements du personnel des ONG et de la MINUSMA se font sur recommandations des leaders d’Ansar Eddine et de la CMA. (…) Nos parents Imghads ne sont pas recrutés ni par la MINUSMA, ni par les ONG à Kidal…’’
En ce qui est de l’approvisionnement en vivres, il disait : ‘’à partir du 22 juillet 2016, l’écrasante majorité des populations civiles ont commencé à quitter Kidal. La Plateforme à laquelle nous appartenons a distribué 250 tonnes de vivres à ces déplacés, sans distinction d’ethnie. Nous sommes allés voir le PAM (Programme Alimentaire Mondial) afin d’obtenir l’allocation d’une aide humanitaire régulière aux déplacés. Nous avons offert de sécuriser les convois d’aide depuis Gao car si l’aide était remise au Comité de gestion de Kidal, elle n’arriverait jamais aux populations bénéficiaires. Le PAM a accepté notre proposition. Il s’est engagé à appeler le GATIA chaque fois qu’un convoi devait acheminer de l’aide aux déplacés et réfugiés. Il était aussi convenu que la distribution de l’aide allait commencer par Anefis avant de se poursuivre à Kidal. A notre grande surprise, un convoi dit humanitaire du PAM a voulu directement se rendre à Kidal sans que le GATIA en soit informé. Nos combattants l’ont alors intercepté. Nous avons été vraiment déçus que cette interception soit interprétée par la communauté internationale comme une violation des droits de l’homme ! Elle fait semblant d’ignorer que les populations originaires de Kidal vivent aujourd’hui hors Kidal et que l’aide qui leur est destinée est détournée par la CMA et ses alliés’’.
Il n’y a effectivement que la Communauté internationale qui fait semblant d’ignorer que ceux qui sont dans le besoin ne sont pas ceux qui reçoivent l’aide alimentaire. L’on comprend dès lors que les magasins du PAM soient la cible de personnes frappées d’ostracisme dans le partage des vivres. Ce sont elles qu’on qualifie de vandales alors qu’il s’agit de gens qui n’agissent que par instinct de survie.
Ainsi, le deux poids deux mesures des Forces internationales va jusque dans l’assiette.
D’une part, il y a ceux qui sont grassement nourris et qui stockent des réserves de vivres ; d’autre part, il y a les pauvres hères qui errent à la quête du pain quotidien. Parce que les uns sont leurs amis qui sont bichonnés. Et les autres ? Certainement leurs ennemis présentés comme le mouton noir, ceux par qui arrivent tous les malheurs au Nord, ceux qui ont l’outrecuidance de refuser de se laisser dominer par la CMA, ceux qui s’érigent en rempart contre les exactions commises sur leurs frères.
Avec une telle disposition d’esprit comment arriver à une paix véritable, une réconciliation des cœurs et des esprits ? Telle est la question de fond que tous les Maliens devraient se poser. Ce, d’autant plus qu’il paraît évident que les positions partisanes plus ou moins affichées de certains ne sont pas de nature à favoriser leur avènement.
En conséquence, la paix tant souhaitée ne viendra que de l’intérieur, du courage des Maliens de se parler, de faire table rase des différends et d’envisager ensemble un avenir plus radieux. Le Mali a les ressources morales nécessaires pour y parvenir.

Par Bertin DAKOUO

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