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CMA – GATIA : Leçons d’une complicité douteuse
Publié le jeudi 10 aout 2017  |  Le Point
MNLA
© Autre presse par DR
MNLA (Mouvement National pour la Libération de l`Azawad)
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L’alliance n’aura finalement pas duré longtemps. A moins que ce ne soit une énième complicité entre ces deux mouvements pour faire échec au projet de retour de l’administration à Kidal. Mais le nombre de victimes évoquées est bien lourd pour que ce soit une farce destinée à amuser la galerie. Ceci étant, un des quelques enseignements qu’on peut tirer de ce « divorce » entre la CMA et le mouvement Gatia est que ce dernier a eu tort de jouer le jeu de la première, en coalisant (le Gatia sous le couvert de la Plateforme) contre le gouvernement pour faire aboutir des revendications communes. « L’union fait la force » se sont-ils dit certainement, d’autant plus que leurs communautés respectives sont quasiment les mêmes, ne serait-ce que de par la couleur de la peau. Il est vrai que « la nuit, tous les chats sont gris ». Comme il est tout vrai que « pour dîner avec le diable [la CMA], il faut avoir une longue cuillère !».

Pour qui roule Bamako ?



Par ailleurs, la deuxième leçon est que le gouvernement, probablement sous la pression de la France (que d’aucuns soupçonnent d’être derrière cette énième volte-face de sa protégée, la CMA, histoire de donner une petite leçon aux Maliens qui rejettent la constitution taillée sur mesure), a commis une grosse faute stratégique en « lâchant » la Plateforme, le seul ou l’un des rares mouvements à soutenir Bamako pendant un long moment, en tout cas jusqu’aux déclarations hostiles du président IBK en son encontre. On s’étonne d’ailleurs que le même IBK ne somme pas la CMA de se retirer de Ménaka, comme il l’avait fait avec la Plateforme, lorsque celle-ci s’était installée par ses propres moyens à Kidal et ailleurs. « Déshabiller Pierre pour habiller Paul », dit l’adage. Deux poids, deux mesures, et donc question : pour qui roule véritablement Bamako ?

Un autre enseignement – actualité oblige – est l’interprétation de ce coup de force de la CMA par rapport à la lecture par la Cour Constitutionnelle de l’article 118 de la Constitution. Considère-t-elle aussi ces affrontements comme relevant de « l’insécurité résiduelle » ? « L’atteinte à l’intégrité territoriale » se résume, selon la même cour, à « l’occupation par des puissances étrangères ». Cette interprétation, selon les défenseurs du projet de révision constitutionnelle, serait celle du Droit international. Ce qui n’est pas exact, car ils veulent sciemment expliquer « l’intégrité territoriale » par « l’intangibilité des frontières ». Mais, à supposer qu’ils aient raison sur ce point, la question qu’on peut leur poser est : Pourquoi justifier une mesure nationale, se fondant sur un accord « entre Maliens », comme ils disent (qui n’est donc pas un accord international) par un concept relevant d’un Droit dit international ? Il y a forcément contradiction. Si le Mali n’est pas occupé par une « puissance étrangère », si le conflit est inter Maliens, il ne devrait pas y avoir intrusion de quelque « concept international » que ce soit. Il faudrait donc s’appuyer sur la législation nationale, en l’occurrence le Code pénal qui explique « l’atteinte à l’intégrité territoriale » par, en substance, « l’incapacité de l’Etat à exercer ses pleines compétences sur toute l’étendue du territoire national ». C’est d’ailleurs cette définition de notre Code pénal qui correspond, selon les vrais spécialistes constitutionnalistes, à celle du Droit international, des Nations-Unies elles-mêmes.

Pour revenir à la Cour Constitutionnelle, même en liant « l’atteinte à l’intégrité territoriale » à « une notion de frontières », elle a peut-être oublié que la CMA, à l’origine, est venue de la Lybie de Kadhafi alors en disgrâce. Nombre de combattants du MNLA n’avaient même pas la nationalité malienne et foulaient le sol malien pour la première fois. Sans compter tous ces mercenaires qui les accompagnaient dans leur aventure d’apatrides.

Par ailleurs, le Mali ne fabriquant pas d’armes, c’est à se demander : Qui procure les armes à la CMA ? On ne saurait le dire exactement. Ce dont on est sûr, en revanche, c’est que le renforcement et le fonctionnement matériel et financier de la CMA ne peuvent pas ne pas être liés à une « puissance étrangère ». D’où question encore à la Cour Constitutionnelle : Serions-nous toujours dans un cadre strictement maliano-malien ? Nous sommes convaincus que non. A moins que la Cour Constitutionnelle ne sache que ces armes et le financement de la CMA ont une origine malienne ; le cas échéant : Qu’en déduire en ne divulguant pas cette information relevant de la « haute trahison » ?

Le dernier enseignement qu’on tire de ces événements douloureux entre la CMA et Gatia est que nous sommes loin du bout du tunnel. Contrairement au PM qui pense que « nous sommes en haute mer », mais « que nous sommes plus près de la berge de la paix ».

Si les différents camps formés à la faveur du projet de révision constitutionnelle (an sô na, An tara A ba na, An ta chi ra, An bi fè ka famou, que sais-je encore !) se mettaient tous ensemble pour exprimer leur ras-le-bol à la France, à la Minusma, à l’ONU, et exiger des pouvoirs publics qu’ils donnent à l’armée les moyens de son combat, le Mali ne pourrait que mieux se porter. Puisse donc Dieu inspirer chaque Malien dans ce sens ! Mais pour reprendre une expression chère à Hamidou Diarra Dragon de Klédu : « Allah ne descendra ni n’enverra aucun ange pour nous sortir de cette impasse ». C’est nous et nous seuls, la solution à notre problème. Comme Thomas Sankara qui n’avait aucun respect pour « l’esclave qui s’apitoie sur son sort », Dieu ne devrait pas aimer un peuple qui laisse quelques individus décider de son sort, soutenus soient-ils par une puissance nommée France. Sommes-nous toujours « résolus de mourir » comme dit « notre » hymne national ? Un hymne national désormais nostalgique sinon orphelin aujourd’hui. Un hymne qui semble s’être finalement trompé de pays d’adoption? L’adage « Si vis pacem, para bellum » (si tu veux la paix, prépare la guerre) ne s’est jamais démenti au fil des siècles, surtout quand il s’agit de se défendre pour assurer sa seule survie.

Sory Haïdara

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