Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Leçon de géopolitique : De bonnes raisons de croire aux collusions du Qatar avec les groupes terroristes au nord malien
Publié le vendredi 11 aout 2017  |  Infosept
Soldats
© Autre presse par DR
Soldats du MNLA à Kidal le 4 février 2013.
Comment


Le grand discrédit jeté sur le richissime Qatar par des pays du Golfe et l’Egypte fait échos aux forts soupçons dont l’émirat faisait l’objet dans la crise malienne. De nombreuses voix l’accusaient d’être le soutien des groupes terroristes armés et même de la rébellion arabo-touareg. Avec la fièvre de l’achat de Neymar qui se dissipe, les esprits retrouvent peu à peu leur sobriété. Et l’on se rappelle qu’en 2013, le président François Hollande, faisait pression sur les cercles d’affaires français implantés au sein du groupe de télécommunications, Maroc Telecom, de ne pas accepter d’offre d’achats de la part du Qatar. Ces révélations de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo faisaient état de la crainte de Paris de l’installation du Qatar dans la zone du Sahel pendait que l’opération Serval battait son plein.

Le président Hollande aurait demandé au groupe Vivendi de maintenir ses 53% qu’il détenait dans le groupe Maroc Telecom devant l’insistance du Qatar, à travers Qatar Telecom (Qtel), de s’implanter dans la société. Alors que pour d’évidentes raisons de rentabilité, le groupe Vivendi était plus qu’intéressé par l’offre de Qtel (5,5 milliards d’euros), il a été refroidi dans ses ardeurs par l’Elysée. Il est à noter que le Qatar avait déjà réussi à s’implanter sur le plan de la télécommunication au Maghreb à travers le rachat de 42,7% de parts dans une entreprise koweïtienne, Watanya Télécom, implantée en Tunisie et en Algérie.

Le rôle stratégique de Maroc Télécom pour l’opération militaire française au Mali était énorme. Le groupe marocain détient une part majoritaire des principaux opérateurs de la région du Sahel, notamment en Mauritanie, au Burkina Faso, au Niger mais aussi et surtout au Mali. Et sur le plan militaire, les opérateurs jouent un rôle primordial. Hollande craignait la perte d’un tel atout considérable pour les services de renseignement français qui pouvaient grâce, à ce fait, contrôler les communications des terroristes au Sahel.

D’un autre côté, l’Elysée soupçonnait fortement le Qatar d’être un soutien plus ou moins actif des groupes armés, toute tendance confondue. Une cession de parts au profit de cet émirat belliqueux et sournois pourrait être une arme redoutable aux mains des terroristes. Et Serval se serait retrouvée fortement fragilisée car ayant perdu un grand avantage, celui du renseignement. D’ailleurs, l’Elysée trouvait très suspecte cette insistance du Qatar d’acquérir les parts de Vivendi dans le groupe Maroc Telecom.

L’Emirat avait-il des desseins hégémoniques sur fond de soutien aux terroristes du nord malien ? En tous cas, ce énième élément qui fait état de collusions du Qatar avec le terrorisme prouve la complexité de sa stratégie diplomatique. Alors qu’il a fortement soutenu la vague des printemps arabes en Tunisie, en Egypte et en Libye à travers l’Otan, il s’est opposé au soulèvement populaire du Bahreïn, pays à majorité chiite, dirigé par une minorité sunnite. Le Qatar est donc le pays de l’équilibrisme diplomatique, par excellence, puisque, également durant de longues années, il soutenait, tour à tour, Riyad et Téhéran, pourtant ennemis jurés dans le Moyen-Orient

Le vilain petit Qatar
Quant à son rôle au nord malien, il a aussi été très complexe. Il a été allié de la France par ses investissements dans le secteur minier et gazier dans la zone sahélienne. Il a été aussi ennemi, car des sources occultes affirmaient qu’il soutiendrait logistiquement et financièrement des groupes tels que Ansar Dine, les indépendantistes du MNLA, le mouvement Aqmi et d’autres coalitions terroristes présentes en Afrique de l’Ouest.

Le cynisme du Qatar était d’un tel niveau qu’il envisagerait, à l’époque, la création d’un Etat islamiste au nord du Mali avec qui, il exploiterait le potentiel gazier et minier de la zone. L’Emirat maitrisant les techniques d’exploitation, il aurait pu établir un partenariat gagnant-gagnant avec les émirs du terrorisme.
Le Qatar, à force de jouer à l’équilibriste, a fini par s’attirer les foudres de ses « pays frères arabes » et dans une moindre mesure de la communauté internationale. Son histoire est semblable à celle de la fable de la grenouille qui, voulant être aussi grosse qu’un bœuf, « s’enfla si bien qu’elle creva ».

Ahmed M. Thiam
Commentaires