gouvernement ne rit donc pas. Le comite de suivi de la mise en œuvre de la feuille de route évalue les progrès et maintient que les élections auront bel et bien lieu en juillet. Malgré l’incrédulité générale. Malgré le chemin à encore parcourir car il y en a, s’agissant du fichier, de l’argent, de la sécurisation du Nord et du rapatriement de nos refugiés, deux dispositions de la feuille de route qui précèdent normalement la présidentielle. Malgré, les risques d’élections contestées dont le gouvernement ne peut pas ne pas être conscient et qui peuvent, plus rapidement que le cartel Mnla-Aqmi mettre le feu au pays. On ne peut donc qu’applaudir Django Cissoko et son équipe pour leur optimisme. En vérité, si les élections étaient possibles demain samedi, il faudrait les tenir. Parce que ceux qui gagneront à cette situation sont bien plus nombreux que ceux qui y perdront. La grande gagnante, en tout cas, serait la nation malienne. A condition que l’élection change la gouvernance en donnant au Mali une « majorité de progrès » au service d’un pays dont l’ambition est l’émergence plutôt que la mise en œuvre de petits projets de lutte contre la pauvreté. Les observateurs savent que nous puisons ici dans le lexique de la Déclaration de Politique Générale du nouveau Premier ministre Modibo Sidibé en 1997. Depuis, le « grand commis de l’Etat » qui venait pourtant de tenir là les propos des propos résolument politiques sait si sa déclaration de l’époque était utopique. Car il sera lui-même remercié d’une manière visiblement peu républicaine, et comme tous les autres candidats d’une présidentielle damnée, il verra afficher ses posters dans un contexte de replis tactiques de troupes dont nous avions été tous si fiers lors de l’imposante parade militaire du cinquantenaire de la nation. Pour boucler la boucle, il devra, manu militari souffrir avant d’être arrêté quelques mois plus tard par la junte de Kati. L’ancien Premier ministre est candidat sans doute en 2013 sinon la création récente de son parti ne s’expliquerait pas. Il trouvera au starting block Soumaila Cissé, peut-être « rentré pour ça » et Ibrahim Boubacar Kéita parmi certains des candidats de 2012. Le candidat de l’Adema, lui, attend d’être désigné à l’issue d’un processus qui ressemble à un vrai abattage de génération -tant mieux si c’est pour l’indispensable sursaut éthique attendue de la classe dirigeante-. Or même si nous croyons pas un traître mot de la boutade selon laquelle même un chameau investi par l’Adema sera élu président, il faut reconnaître que le candidat de ce parti, le plus grand du pays, n’est pas rien. Ils sont dix neuf à avoir la noble ambition de gouverner la cité. Mais ils ne se valent pas et il va leur falloir recourir à des arbitrages. Le choix de ce candidat dictera à la campagne la teneur morale et la profondeur stratégique du Mali post 22 mars. Dans l’intérêt bien compris des populations maliennes, de leur démocratie et d’une jeunesse qui n’est pas prise en charge alors qu’elle constitue le fer de lance de l’émergence de la nation ou de sa descente aux enfers. Une direction qu’elle s’est auto-infligée et qui lui vaut aujourd’hui d’être perfusée par les armées du monde, d’être la cible de bien des moqueries et la source d’angoisses sous régionales et globales. Le Mali nouveau, ressaisi, évalué et irréversiblement positionné sur la vitalité démocratique et le bien être des masses doit pourtant être la substance de l ’élection en juillet ou plus tard. La forme nous a joué des tours que nous pourrons regretter encore longtemps. Le fond est notre seul salut.