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Entretien routier en 2017 : Les autorités en charge ont-elles faillis ?
Publié le vendredi 11 aout 2017  |  Carrefour
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Le programme d’entretien routier pour la période 2017 déjà peu rationnel s’achemine vers une mise en œuvre très aléatoire. Il devrait commencer depuis le mois d’avril, au plus tard au mois de mai, supposé être le mois des premières pluies dans les zones soudaniennes et pré-guinéennes. La réforme du secteur des transports en 1998, devait permettre l’amélioration de l’entretien des infrastructures existantes notamment les voies urbaines, interurbaines surtout en période hivernale.
Cette réforme a permis non seulement de mettre fin aux pratiques du défunt ‘’Fonds Routier’’ en 1990, mais aussi à la création de l’Autorité Routière en 2002 en lui confiant les missions relatives aux travaux d’entretiens courants, aux travaux d’entretiens périodiques, l’amélioration de la sécurité routière, par des travaux de réparations ponctuelles pour rétablir la circulation consécutive aux dégâts causés par la pluie etc…Pour lui octroyer des ressources à même de mener à bien les dites missions une redevance d’usage routier sur les véhicules admis à la circulation, sur les produits pétroliers et surtout le péage a été instaurée.
L’Autorité Routière collecte et gère les fonds pour ce faire. L’Ageroute créée dans ce cadre, assure la mise en œuvre des programmes annuels de l’entretien routier à travers une convention de Maitrise d’Ouvrage déléguée signée avec l’autorité Routière (AR). L’Ageroute assure la finalisation des études après un inventaire de l’état de dégradation des routes par les directions régionales des routes, l’appel d’offre pour les entreprises et la signature des marchés. Le contrôle est assuré par des bureaux d’études. Malheureusement, cette année, l’entretien a commencé pendant la saison des pluies. L’impact attendu sur la qualité des routes ne sera pas atteint.
Cette situation est désormais visible sur les différents tronçons de la ville de Bamako, avec de gros nids-de-poule dangereux pour la circulation alors que certains tronçons sont accidentongènes. Cette mise en œuvre tardive s’achemine vers une opération qui consiste à jeter les fonds publics par la fenêtre. Cette situation dénote d’un manque d’anticipation, alors que l’Autorité Routière s’est endettée pour une soixantaine de milliards pour parer au plus pressé. Est-ce-à dire que ces soixante milliards ne serviront à rien, sinon rendre les voies encore plus impraticables ?
Le Ministre de l’équipement, doit veiller au quotidien à l’utilisation de cette somme pour éviter qu’il ne soit le responsable désigné du fiasco de l’entretien routier 2019. en 2010, nous avions alerté le Ministère sur la qualité des travaux de la route Bafing-Kenieba-Falémè. En effet dans le cahier de charge il était écrit que le compactage du remblai devrait se faire par couches successives de 20 cm.
Mais, dans la pratique, le compactage du remblai se faisait par couches successives de 60 cm. Malheureusement, tel été le cas, depuis le démarrage des travaux. La couche de remblai est compactée une seule fois sur une épaisseur de 60 cm. Toute chose qui a eu comme conséquence de produire une couche de base moins compactée, donc présentant des poches par lesquelles l’eau s’infiltre à partir de la couche de base, provoquant ainsi un gonflement de la couche de fondation, tout en anéantissant sa capacité de portance. Ensuite des points faibles ont été créés et ont été élargis pour permettre le passage des véhicules lourds.
Ce phénomène a eu pour conséquence la dégradation rapide de l’état des routes en une année. Autre phénomène observé sur ces routes, c’est la stagnation de l’eau au bas des remblais produisant à la longue les mêmes résultats que ceux précédemment décrits. Cette mauvaise façon de travailler a rapporté à l’Entreprise en plus de sa marge bénéficiaire les 2/3 du montant prévu pour le poste de terrassement. Car au lieu de faire 3 séries de compactage sur une longueur de 200 km, l’entreprise n’a effectué qu’un seul passage. Elle a fait une économie en gasoil, en temps d’utilisation des engins, en nombre d’essai à réaliser sur la plateforme, en salaire des ouvriers, etc…
Au bas mot, sur le marché de 30 milliards, l’entreprise a réalisé une économie de 10 milliards environ en plus de sa marge normale. Dans le milieu des responsables de l’entreprise, on murmure que les représentants des bureaux de contrôle ont protesté en vain, la Direction Nationale des Routes est restée imperturbable sur la question. Dans le même milieu, on rapporte que cette manne financière a été partagée entre les responsables nationaux du Ministère de l’équipement et de la Direction Nationale des Routes. Chacun de ces responsables savait ce qui se passait, sans réagir. Ce qui a confirmé à notre avis qu’il y a eu l’OMERTA dans cette affaire.
C’est le manque de suivi véritable sur les travaux de ladite route qui a été à la base de sa dégradation accélérée au bout d’une année après sa réception. C’est en devenant tatillon par rapport au suivi des travaux qu’un Ministre arrive à sauver sa tête. Déjà le fait d’être chaque semaine sur un chantier marque l’intérêt qu’un Ministre accorde à la qualité des travaux et à leur programme d’exécution. Ce rythme ne doit pas changer. Au Mali il n’y a pas de destin forclos, il n’y a que des responsabilités désertées.
Seydou DIARRA
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