Mamoutou Touré «Bavieux» et Salaha Baby sont en terrain connu et disposent d’une nette avance sur les autres prétendants. Du moins sur le papier
Il n y a jamais eu autant de candidats pour le poste de président de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT). Sauf erreur de notre part, c’est la première fois, en effet, que le nombre de prétendants à l’élection du patron du football national dépasse dix personnes.
A notre avis, il y a deux explications à cette prolifération de candidatures : l’intérêt que suscite le football chez nos concitoyens, toutes catégories sociales confondues et les lacunes des textes qui régissent le football national.
Sur le deuxième point, les textes de la FEMAFOOT stipulent, simplement, qu’il faut être Malien et jouir de ses droits pour briguer la présidence de la fédération. N’importe quel Malien peut donc être candidat au poste de la FEMAFOOT, que l’on soit ou pas du monde du football. Depuis la création de la fédération aux premières heures de l’indépendance, il en est ainsi et personne n’a pensé à une révision des textes, notamment sur ce point précis. Pourtant, le statut de la fédération a été soumis, à plusieurs reprises, à l’appréciation des représentants des ligues et clubs, mais jamais, on n’a touché aux critères d’éligibilité du président de la FEMAFOOT.
Pour la crédibilité de la fédération et la bonne marche du football national, le futur président de la FEMAFOOT doit tout faire pour corriger cette lacune. Une relecture du statut de la fédération est d’autant plus importante que le Mali est, aujourd’hui, l’un des rares, sinon le seul pays africain où il n y aucune évolution à ce niveau. Le premier chantier de celui qui succédera à Boubacar Baba Diarra, le 8 octobre prochain, est donc trouvé.
Pour revenir aux dossiers de candidature qui ont été dévoilés, hier par le secrétariat général de la FEMAFOOT, deux candidats se détachent du lot. Il s’agit du premier vice-président du bureau sortant Mamoutou Touré «Bavieux» et du président de la ligue de football de Tombouctou, Salaha Baby. Contrairement à leurs concurrents, ces deux candidats ont l’avantage d’être des dirigeants de clubs ou d’instances sportives, mais aussi d’avoir déjà occupé des postes importants à la fédération.
Ce n’est pas tout, Bavieux Touré et Salaha Baby peuvent, également, compter sur des soutiens de poids que sont les ligues, clubs et groupements sportifs. On s’en souvient, lors de la dernière assemblée élective qui s’était tenue en 2013 à Mopti, c’est Salaha Baby qui a fait basculer le vote en faveur de Boubacar Baba Diarra, grâce aux voix des trois ligues et des clubs du Nord (Gao, Tombouctou, Kidal). Mais avec la grave crise qui a éclaté après l’assemblée générale de Mopti, le monde du football s’est divisé et aucune instance sportive du pays n’a été épargnée.
La question qui se pose est donc de savoir si les ligues et clubs du Nord dont on sait que certains ont changé de camp, feront encore bloc derrière Salaha Baby pour lui permettre d’accéder à la présidence de la fédération.
A l’instar du président de la ligue de football de Tombouctou, Bavieux Touré fait, également, partie de ceux qui ont joué un rôle décisif dans l’élection de Boubacar Baba Diarra. Le vice-président du Réal était sur la liste de Boukary Sidibé «Kolon» qui a donné ses voix à Boubacar Baba Diarra au deuxième tour du scrutin, faisant ainsi chuter feu Kolla Cissé. Comme Salaha Baby, l’atout principal de Bavieux Touré sera le soutien des ligues et clubs.
En vieux routier, le vice-président des Scorpions sait que c’est à ce niveau que se jouera l’élection et tentera, tout comme son concurrent le plus sérieux, de s’inspirer de l’exemple de la dernière assemblée élective.
………et Salaha Baby (d)
La confrontation qui se profile à l’horizon entre les deux grands favoris de l’élection sera, aussi, une opposition entre les partisans du bureau fédéral sortant et le Collectif des ligues et clubs majoritaires (CLCM). Les deux camps se disputent la tête de la fédération depuis 2013 et après ce qui s’est passé au cours des quatre dernières années, il ne fait guère de doute que la confrontation va se poursuivre et que les deux parties ne seront départagées que par les urnes, le 8 octobre prochain.
Certes, le retrait de Boubacar Baba Diarra a fortement contribué à faire baisser la tension et permis à certains responsables des deux camps de reprendre langue. Mais il ne faut pas se tromper, le contentieux n’est pas encore vidé et il faudra sans doute attendre le verdict de l’assemblée générale élective pour tourner, définitivement, cette page sombre de l’histoire de notre football.
Depuis 2013, Bavieux Touré tend le bras au CLCM et son entourage assure qu’il continuera sur cette voie, quelle que soit l’issue de l’élection du 8 octobre. Du côté de Salaha Baby aussi, on adopte la même attitude, en insistant sur la nécessité de tourner la page de la crise et pacifier le monde du football. Il ne reste donc plus qu’à traduire cette volonté par des actes et c’est là tout le problème.
Pour les neuf autres candidats, il faut avouer que leurs chances de déjouer les pronostics et d’accéder au «trône» sont très minces, pour ne pas dire inexistantes. Les Rafan Sidibé (ancien joueur du CSK, du Stade malien et du Djoliba), Famakan Dembélé (agent de joueur et père du footballeur, Bassirou Dembélé), Habba Bah (sergent de police) notre confrère de l’ORTM, Alassane Souleymane (ancien secrétaire à la communication de la FEMAFOOT) pour ne citer que ces quelques noms, devront, probablement se contenter d’un rôle de trouble-fête.
Détail important, tous les 11 candidats sont à leur première participation à une élection «présidentielle» de la fédération. C’est une première dans l’histoire de la fédération.