Le samedi 5 août 2017, les professeurs maliens de langue française étaient en conclave dans la salle de conférence de la Dette publique sise quartier du Fleuve. C’était sous la présidence de M. Issiaka Ahmadou Singaré, professeur émérite de l’Université de Bamako, avec, à ses côtés, M. Hamidou Maïga, Conseiller technique au ministère de l’Education nationale (MEN), représentant le ministre empêché, Mme Françoise Gianviti, chef du Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) de l’ambassade de France au Mali et d’ Issoufi Arbert Bédari Touré, Secrétaire Général de l’association. Placée sous le signe des retrouvailles, la rencontre a été marquée par différentes interventions, la relecture des statuts et règlement intérieur de l’association et l’élection d’un nouveau bureau exécutif.
AMAPLAF, un acronyme qui ne dit pas grand-chose à beaucoup de nos compatriotes. Il renvoie à l’Association Malienne des Professeurs de Langue Française. Elle doit son existence à Hamidou Maîga qui, le 28 juin 1987, avec ses camarades de promotion frais émoulus de l’Ecole Normale Supérieure, l’ont porté sur les fonts baptismaux à l’issue d’une assemblée générale constitutive. Pour en assurer la présidence, ils ont songé à trois de leurs professeurs, les trois premiers Maliens à avoir soutenu une thèse de doctorat de spécialité à Bamako dans le courant des derniers jours du mois de décembre 1975 : feu Cheick Oumar Dembélé, feu Abdoulaye Keïta et Issiaka Ahmadou Singaré. Ce fut ce dernier qui fut retenu. Le promoteur du mouvement, accompagné de son ami Mamadou Jacques Traoré, firent le déplacement pour lui annoncer la nouvelle en son domicile de Korofina-Nord.
Ce fut, le 5 août, d’abord, la traditionnelle cérémonie d’ouverture. Dans son mot de bienvenue, le président de l’association a dit l’émotion qu’il ressent après tant d’années à la tête de l’association avant d’adresser son salut aux participants et ses remerciements à l’endroit des deux partenaires que sont le MEN et le SCAC. Lui succédant, Mme Gianviti a dit sa satisfaction d’avoir à collaborer avec les professeurs de français et leur a annoncé la disponibilité d’une série de produits et d’outils que le SCAC est prêt à mettre à leur disposition. M. Hamidou Maïga, transmettant le message du ministre de l’Education Nationale a exprimé la disponibilité du département à continuer d’assister l’association, souhaité succès aux travaux et déclaré ouverts des travaux de l’assemblée générale ordinaire de l’AMAPLAF.
Après une suspension de séance, les travaux ont repris. Ce fut au président, le Pr Singaré de présenter son rapport moral. Il l’a structuré en trois parties, se prononçant successivement sur : la vie de l’association, ses activités au plan international et les objectifs à se fixer pour le nouveau mandat.
En ce qui concerne la vie de l’association, il a rappelé les circonstances de sa naissance, les moments fastes où l’exécution des programmes d’activités donnait satisfaction et les moments moins fastes avec leurs crises ou leur léthargie. La grande crise, d’après le président, s’est située en l’an 2000. Profitant d’un stage de renforcement des capacités organisé par le SCAC à l’attention d’un groupe de professeurs de français, M. Buttiger, coopérant français, avec l’appui d’un inspecteur général de français, a tenté un coup de force pour accaparer l’association et l’utiliser selon ses points de vue. Sommé de présenter sa démission, le président a refusé, renvoyant les uns et les autres aux dispositions des textes fondateurs. Ce qui fut fait. Une assemblée générale fut convoquée et le Pr Singaré, fut réélu. Les moments de léthargie connus par l’association, toujours d’après son président, se sont situés après le coup d’Etat de mars 1991 et la désorganisation des années scolaires qui s’ensuivit d’une part ; et le coup d’Etat de mars 1992 avec la suspension de l’aide du SCAC qu’il provoqua.
Poursuivant son exposé, le président, dans la deuxième partie de son rapport, s’est prononcé sur les activités menées au plan international. Créée en 1987, l’AMAPLAF a participé au congrès mondiaux de la Fédération Internationale des Professeurs de Français (FIPF) de Thessalonique et de Berne avant d’être sollicitée par la même instance pour apporter sa contribution à la réforme de l’orthographe demandée par le Premier ministre français, Michel Rocard, à l’Académie Française. En 2000, au congrès de Paris, affaiblie par les manœuvres de M. Buttiger, elle ne fit qu’une pâle apparition, toutes les prises en charge ayant été détournées au profit des amis du coopérant. Le dynamisme reprendra son cours en 2004, au congrès d’Atlanta : l’AMAPLAF est élue membre du Conseil d’administration de la FIPF. En 2008, à Québec, ce sera la consécration avec l’élection de son président comme président de l’APFA-OI (Association des Professeurs de Français d’Afrique et de l’Océan Indien). Enfin, en 2012, à Durban, son secrétaire général, Issoufi, Arbert Beidari Touré est élu président de la zone Afrique de l’Ouest de l’APFA-OI.
Le Pr Singaré a terminé son intervention par une série de recommandations : l’actualisation du projet de création d’une revue Contacts et Dialogue, du projet de rédaction de fiches pédagogiques à l’intention des collègues de tous les ordres d’enseignement, la poursuite des séminaires de formation, des colloques. Il a insisté sur la nécessité de rester unis derrière des objectifs précis dont, en particulier, l’enseignement du français selon les normes académiques, du français avec les qualités qui lui sont traditionnellement reconnues et ce, nonobstant hostilités et difficultés. Il s’est déclaré prêt à rester membre de l’association, mais plus comme président actif.
Le rapport moral fut suivi du rapport d’activités du secrétaire général, M. Touré. Il a été consacré au rappel d’activités comme : le colloque sur « le français et les langues nationales », les séminaires de formation à la rédaction scientifique et à la pratique de l’outil informatique, les causeries sur l’APC et l’évaluation, la célébration des Journées du Professeur, la participation à la célébration de la Semaine de la Francophonie.
L’assemblée générale statutaire s’est terminée par l’élection d’un nouveau bureau pour deux ans avec : Issiaka Amadou Singaré, président honoraire, Hamidou Maïga, président actif, Issoufi Arbert Touré, secrétaire général à la tête d’un bureau de consensus au sein duquel sont représentés tous les ordres d’enseignement.