Sur le plan politique, le sujet de conversation le plus prosaïque actuellement est la transhumance politique. Loin d’être une bonne stratégie politique, ce phénomène, qui reste la distraction favorite de certains hommes politiques, est d’envergure, mais honteux.
Portée au périgée, la jeune démocratie malienne souffre aujourd’hui d’un terrible mal : la transhumance politique. Certes, la majeure partie de la classe politique malienne, hormis ses perversions, a nettement révélé ses limites. Mais la transhumance politique demeure un véritable goulot d’étranglement à l’évolution de la jeune démocratie malienne.
La transhumance, du latin trans (de l’autre côté) et humus (la terre, le pays), est la migration périodique d’une part du bétail (bovidés, équidés et ovins) de la plaine vers la montagne ou de la montagne vers la plaine, d’autre part des abeilles d’une région florale à une autre, et ce en fonction des conditions climatiques et de l’alternance des saisons. Au Mali, lorsqu’on parle de transhumance, la définition est tout autre. Cela évoque immédiatement le passage d’un politicien d’un parti à un autre, d’une idéologie à une autre. Le bétail transhumant est toujours guidé par un berger, les hommes qui transhument le sont par leur moralité.
La transhumance politique apparaît donc comme étant une action opportuniste des hommes politiques à la recherche d’une nouvelle élite. En effet, en contrepartie de son adhésion et de son soutien, le transhumant garde ses privilèges et/ou échappe à une condamnation certaine pour faute de gestion ; c’est souvent le cas des élus maliens qui quittent leur parti qui les a élus. Les cas les plus récents sont ceux des députés de Sadi partis rejoindre l’URD avec bagages et privilèges dus à leur rang de parlementaire. Ce, après que Sadi ait demandé le retrait de ses députés de l’Assemblée nationale. Une véritable honte pour la démocratie malienne. Le plus pénible reste à venir : à l’issue des fameuses élections primaires de l’Adema, on assistera, sans nul doute, à une méga transhumance politique, celle que le Mali n’a pas encore connue. Beaucoup de Maliens en sont déçus et regrettent le projet de loi soutenu en sont temps par Daba Diawara. Une loi qui faisait perdre à un élu son titre, quand il quittait sa formation politique en plein mandat.
S’il est vrai que chaque parti politique est une entité à part entière et forme l’opinion et ses militants par un encadrement doctrinal et idéologique, si c’est grâce à cette formation assurée par cette entité que seront connus les idées et le programme dont se réclame tel ou tel candidat qui sollicite, de ce parti, son investiture à une charge politique, la transhumance politique doit être considérée comme la pire des trahisons. La transhumance politique, en somme, c’est une belle expression péjorative pour désigner un fait bien moche. Ceux qui changent de partis politiques du jour au lendemain, qui n’ont aucune opinion et cherchent à servir leurs desseins personnels. L’expression transhumance politique, en tant que telle, les sanctionne déjà, parce que renvoyant terriblement à un troupeau, plus précisément à des animaux, qui ne se déplacent que pour rechercher des pâturages plus verts. Quelle honte ! Il faudrait qu’ils comprennent qu’en politique, la victoire ne vient pas par la masse, mais de l’effort des fidèles.