Voté par l’Assemblée Nationale, le projet de loi portant révision de la constitution du 25 février 1992, devait passer au referendum le 9 juillet. Cette date a été repoussée à la suite d’une requête déposée par l’opposition parlementaire auprès de la Cour Constitutionnelle avec des réserves sur certains points. Cette question de révision constitutionnelle a donné lieu à la formation de regroupements qui sont de trois natures: celui du ‘’NON’’ demandant un retrait pur et simple du projet, celui du centre sans position et celui du ‘’Oui’’ prônant le maintien du processus. Dans les faits, si les deux premiers regroupements font preuve d’une synergie d’actions, il est loisible de constater une véritable cacophonie au sein du dernier, à savoir celui de ‘’oui’’. Ce regroupement qui rassemble les partis et organisations de la mouvance présidentielle peine à donner une lisibilité, voire une visibilité à ses actions.
Le processus portant révision de la Constitution du 25 février 1992 est en cours dans notre pays, cela était une promesse du président de la République lors de son investiture à la magistrature suprême. Le projet de loi le portant a été voté par l’Assemblée Nationale le 3 juin, et il devait être soumis au referendum le 9 juillet, date qui a été finalement repoussée par le président de la République.
Naturellement comme l’on pouvait s’y attendre cette question de la révision constitutionnelle a donné lieu à la formation des regroupements, certaines sous forme de plateforme de partis politiques, d’associations et de syndicats. Les plus illustratives sur ce registre sont la plateforme ‘’Antè Abana. Touche pas à ma Constitution’’ et celle de ‘’Oui An Sonna’’. D’autre part, des partis comme MC-ATT de Jeamille Bittar et des organisations de la société civile, notamment religieuses ont joué la carte de l’apaisement pour prôner aux autres la préservation des intérêts du pays.
Une curieuse montée des partisans du Non !
Ce processus de révision constitutionnelle, selon les plus hautes autorités se justifie par trois raisons fondamentales. De ces raisons, on évoque la désuétude la Constitution du 25 février 1992, qui après plus 25 ans de pratique démocratique a montré ses limites dans la prise en compte de certaines questions, dont le mandat du président intérimaire (45 jours pour organiser des élections).
On avance surtout la mise en œuvre des dispositions de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger pour justifier la nécessité de cette révision. Enfin, la troisième raison évoquée est relative à la création de la Cour des comptes pour permettre à notre pays d’être en harmonie avec les règles juridiques des organisations sous régionales dont la CEDEAO.
Au regard de ces raisons et bien d’autres, le président de la République dans son adresse à la Nation du 31 décembre 2016 a annoncé le démarrage du processus de révision constitutionnelle durant le premier trimestre de l’an 2017. Ce processus débuta par le dépôt sur la table de l’Assemblée nationale de la mouture issue des réflexions du comité d’experts. Au niveau du parlement, le projet avant de passer en plénière fut soumis à l’appréciation des différentes couches de la nation (on parle de 400 personnes ressources).
Suivront deux jours d’amples débats entre les députés des différents groupes parlementaires sur le texte soumis à leur vote. Après tous ces amendements, le projet de loi constitutionnelle fut voté le 3 juin avec 111 voix pour et 35 contre. Quelques jours seulement après ce vote, un premier mouvement des jeunes ‘’Trop c’est Trop’’, à travers les réseaux sociaux proteste contre le projet voté avec comme argument principal : le renforcement du pouvoir du président de la République au détriment des autres institutions de la République.
Ce mouvement, à cette occasion tiendra un premier sit-in à la Bourse du Travail qui sera repoussé par un fort contingent de forces de sécurité. Ainsi de fil en aiguille d’autres associations, mouvements d’activistes et partis politiques de l’opposition se joindront à la lutte et feront de la Pyramide du Souvenir leur quartier général. Là où ils mettront une plateforme avec un nom évocateur : « Antè A Bana. Touche pas à ma Constitution ».
Curieusement, cette plateforme avec un melting-pot d’opposants au régime ne mettra pas du temps à conquérir le cœur d’une frange importante de la population. Pour preuve, toutes ses manifestations seront d’un franc succès en termes de mobilisation. En face, l’autre camp n’arrivera ni réussir le même degré de mobilisation ni à étouffer la contestation. Auréolée par cette légitimité populaire, cette plateforme vient de lancer un ultimatum au président de la République pour le retrait pur et simple u projet de révision constitutionnelle.
La cacophonie et le nombrilisme des Tisserands !
Bien avant le vote du projet de loi de la révision constitutionnelle, la Convention de la Majorité Présidentielle(CMP) fut le premier regroupement à mener la réflexion sur le sujet lors de ses deuxièmes assises nationales, dont les résolutions ont été remises à la commission loi de l’Assemblée nationale. Dans la même dynamique, la réunion des présidents des partis de la même convention a élaboré un plan de campagne budgétisé pour la réussite du référendum.
Mais à la surprise générale dès les premières actions de la plateforme ‘Antè bana’’, sans tenir compte d’un quelconque planning de campagne, des ministres politiques du Gouvernement se sont appropriés les débats. Ils s’invitent sur les plateaux des médias tout en menant la campagne sur le plan théorique en occultant toute action de terrain et omettant ce qui peut représenter un ensemble homogène, telle la CMP. Toute chose qui ouvrira du boulevard devant l’autre plateforme pour fragiliser ceux qui de manière solitaire ont voulu prendre le devant au détriment de la CMP, histoire de convaincre le prince du jour. Du coup, l’on assista à une valse des opportunistes.
Quelques Tisserands contre la volonté de leur président, qui est aussi le premier responsable de la CMP, vont entreprendre des actions de mobilisation au niveau des démembrements de leur formation politique. Cela sans grand effet sur le rayonnement des contestataires. Dans le même camp, des proches du pouvoir, au lieu de prôner une synergie d’actions au sein de la grande convention politique, préfèrent s’investir au profit des illustres inconnus débarqués avec tous les noms séducteurs de plateforme, pour disent-ils soutenir le référendum.
Ce n’est pas tout, car, à la surprise générale, ce sont quelques jeunes leaders du parti au pouvoir (RPM) qui ont concocté une action de force, une contremarche pour démontrer, selon eux mêmes, la vraie force de la majorité silencieuse. Hélas, toutes ces actions seront vouées à l’échec au grand profit de l’autre plateforme, qui se cramponne sur son mot d’ordre d’ultimatum lancé au président de la République. Sans quoi, l’on assistera à une situation de désobéissance civi l qe vis-à-vis du régime.
Une analyse approfondie de la situation chez les défenseurs du ‘’Oui’’ laisse entrevoir un véritable malaise. Pour ne pas dire une fissure au sein des tenants du pouvoir. Cela, par la faute de certains Tisserands, qui n’adoptent aucune discipline politique dans la conduite des choses. Sinon, toutes les actions politiques du pouvoir doivent être menées au sein de la CMP, sous la direction du Dr Tréta qui reste le président à la fois de cette convention que du RPM.
Celui-là même qui doit édicter, de concert avec ses homologues présidents des partis de la majorité, les lignes directrices des actions à mener pour bien faire comprendre aux Maliens le bienfondé de la révision constitutionnelle. Sans cette nécessaire organisation, des plateformes, telles ‘’Oui An Son Na, ‘’Oui An Ta ye Maliko ye’’, ‘’Awo A Bekè’’ ne feront pas tache d’huile.
Par Jean Joseph Konaté