Dans un entretien à bâtons rompus, le Directeur Général de l’Autorité Routière, M. Baba Moulaye Haidara est revenu sur les missions de sa structure, ses innovations et ses perspectives. Selon lui, conformément à la vision du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, le transport n’a aucune chance de se développer lorsque les routes ne sont pas en bon état. C’est pourquoi il décline la mission de sa direction en un seul objectif :« faire en sorte qu’il n’y ait plus de mauvaise route au Mali ».
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Quelles sont les missions de l’Autorité Routière ?
L’Autorité routière est affiliée au ministère de l’Equipement et du Désenclavement. Nos missions sont diverses et concourent toutes à la préservation de bon état des routes. C’est pourquoi, l’une de nos missions fondamentales consiste à collecter des ressources à partir des redevances perçues sur les usagers de la route pour les mettre à la disposition des acteurs qui s’occupent des entretiens routiers. Et pour récolter tout ce fonds, nous faisons recours aux différents postes de péage et au ministère de l’Economie et des Finances. Par la suite, ces fonds sont reversés dans les comptes de la Direction Nationale des Routes (DNR) qui dispose des mécanismes de financement au profit de l’AGEROUTE pour la réalisation des travaux d’entretien routier.
Ainsi, chaque année nous faisons la réunion annuelle des routes, qui évalue le linéaire de route à entretenir. En 2017 il y avait 14500 KM à entretenir sur lequel l’Autorité Routières dispose à peu près les moyens qu’il faut pour 8500 KM de route. Nous mettons les moyens à la disposition de la DNR en fonction des marchés attribués par l’AGEROUTE qui est chargé de l’exécution des travaux d’entretien routier. Nous payons une avance de démarrage de 20% une fois que le marché est attribué et nous continuons à payer en fonction des décomptes qui tombent au niveau de la DNR qui nous les impute directement aux paiements.
Cette année il y a eu certaine innovation, tout le monde sait l’activité principale au Mali pour développer le pays c’est l’Agriculture. L’Autorité Routière a décidé de mettre 5 à 7 % de ses ressources dans l’entretien des pistes rurales. Le problème qui se pose généralement est que les zones de productions sont éloignées des zones de consommations et les routes mauvaises, ce qui fait que les transporteurs craignent d’abimer leurs engins donc ils n’empruntent pas ces routes-là. Nous avons décidé maintenant de faire l’entretien des pistes rurales. Pour cela, l’Autorité Routière va désormais mettre un minimum de fonds de 5 % ou même plus. Cette année nous avons mis 7%, grâce à un arrêté interministériel signé entre le ministre de l’Equipement de Désenclavement et celui de l’Economie et des Finances. Cela est une grande innovation.
Nous avons fait une autre innovation encore, dont les premières expériences ont débuté sur les corridors d’approvisionnement du pays. Nous confions les travaux à une entreprise sur une route bien connue pendant deux ou trois ans, pendant ce temps si on constate un dégât, on s’adresse immédiatement au premier responsable de l’entreprise. Un autre avantage, sur chaque appel d’offre, on donne pour deux à trois ans, du coup, les frais pour les appels d’offre seront économisés. C’est ça qu’on appelle les entretiens pluriannuels.
Votre direction bénéficie des redevances. Elles sont de quelles natures ?
Les redevances que nous avons sont : la redevance sur les hydrocarbures, soit 35 FCFA sur chaque litre d’essence ou du gasoil consommé sur nos routes, les redevances péages que les usagers payent pour le service de la route, les subventions accordées par l’Etat sur le budget spécial d’investissement qui sont de 400 millions FCFA cette année, on était à 600 millions FCFA il y a deux ans, ça diminue de plus en plus. Voilà un peu les fonds sur lesquels nous travaillons pour faire face aux difficultés d’entretien routier.
Au niveau de certains postes de péage on constate un nouveau mode de paiement, à savoir le système Orange-money. Pourquoi avez-vous porté votre choix sur ce nouvel outil?
Vous savez tous où il y a l’argent, se trouvent les ennemis. Vous vous souvenez sur ce qui s’est passé à Sanankoroba, ils ont tué trois agents de péage pour s’emparer de tout l’argent qui se trouvait sur les lieux. Aussi les problèmes de monnaie étaient l’une des véritables difficultés auxquelles nos agents sont confrontés.
Sécuriser les agents des postes de péage, sécuriser les fonds et les matériels au niveau des postes de péage et permettre la fluidité de la circulation en cas de manque de pièces de monnaie, sont entre autres raisons qui motivent l’instauration de ce nouveau mode de paiement. Nous n’avons plus de difficultés parce que l’argent est payé de façon électronique. Ce système ne peut pas empêcher aussi de payer l’argent en espèces. Nous voulons progresser avec les autres pays, il faut digitaliser. Il faut aller à la numérisation et faire en sorte qu’un jour les gens puissent travailler avec les cartes de crédit, avec le système électronique pour qu’on puisse diminuer beaucoup de mauvaises choses qui peuvent se passer.
Les usagers sur l’axe Koulikoro-Bamako refusaient de payer le péage soi-disant que la route est en construction. Vous pouviez nous expliquez cela ?
Il n’est écrit nulle part qu’on ne doit pas payer le péage sur une route en construction. Dire qu’on ne doit pas payer le péage sur une route en construction n’est pas juste. Le péage c’est quoi ? C’est le service que la route rend à l’usager. C’est ce qui est payé sous forme de redevance péage. La route qui est en construction comme celle de Koulikoro, si les gens ne payent pas, en cas d’accidents là-dessus quelques jours après son inauguration et que ces accidents laissent de gros nid-de-poule. Où peut-on trouver les moyens pour réparer ? C’est les moyens que les usagers payent. Je vais insister sur une chose, le péage au Mali jusqu’à présent c’est par 24 Heures alors que dans les autres pays du monde entier c’est par passage. Il faut songer un jour à faire le péage par passage au Mali, parce que c’est cela qui permet d’avoir de bonnes routes. Et les bonnes routes c’est pour les populations, leur sécurité et la sécurité de leurs engins.
Vous recherchez quoi aujourd’hui ?
Notre objectif est qu’un jour on puisse faire face à toute nos routes, les entretenir. Vous savez que le Mali n’a pas de port, tout nous viennent de l’extérieur il faut forcement disposer de bonnes routes. Une route dans notre économie c’est exactement comme les vaisseaux dans le corps humain. Si le sang ne circule pas bien, la personne ne se porte pas bien. Notre objectif est qu’un jour il n’y ait plus de mauvaise route au Mali.
Les gens ne comprennent pas réellement les missions de l’Autorité Routière. Ils doivent comprendre où va l’argent que nous leur prenons. Ils doivent comprendre aussi que la porte de l’Autorité Routière est ouverte pour les expliquer davantage. Comme ils ne viennent pas vers nous, c’est pour cela que nous avions dit que nous allons faire passer les messages dans les médias. Une des activités principales de l’Autorité Routière sera l’activité d’information et de sensibilisation pour aboutir à la conscientisation des usagers de la route dans le système de développement de notre pays. Le transport n’a aucune chance de se développer lorsque les routes ne sont pas en bon état.
Binta Bocoum-chargée de communication/AR