Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a expliqué aux leaders religieux et aux représentants des familles fondatrices de Bamako que la révision constitutionnelle est un impératif. En réponse, ceux-ci ont formulé le vœu d’un report du référendum en vue d’apaiser les esprits et de chasser les démons de la maison
Pour le président de la République, le dialogue et la concertation demeurent la seule alternative pour résoudre les multiples crises auxquelles fait face notre pays aujourd’hui. Il en avait été ainsi tout au long du processus de paix engagé entre Maliens sous l’égide de la communauté internationale conduite par l’Algérie.
Ce processus a accouché d’un accord à la satisfaction de toutes les parties prenantes. Pour sa mise en œuvre, une révision constitutionnelle s’impose. Mais le texte proposé par le gouvernement, bien qu’adopté par l’Assemblée nationale, fait l’objet de vives contestations.
Des manifestations ont été organisées par les partisans du « Non » à Bamako et à l’intérieur du pays. Les partisans du « Oui » ne sont pas non plus démeurés en reste. Ils ont aussi organisé plusieurs meetings pour défendre la nécessité de la révision constitutionnelle.
Les arguments juridiques évoqués par les opposants au référendum, notamment l’insécurité, ne sont pas des motifs valables au point d’annuler un scrutin. Le rendez-vous référendaire est légal, dit en substance l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui avait été saisi par les députés de l’opposition. Malgré cette décision de la haute juridiction, qui est sans recours, les partisans du « Non », regroupés dans une Plateforme appelée « An tè A bana, Touche pas à ma Constitution », ne lâchent pas prise. Ils sont allés jusqu’à lancer un ultimatum au chef de l’Etat pour le retrait pur et simple du projet de révision constitutionnelle.
En cas de non satisfaction, ils menacent d’appeler à la désobéissance civile. La tension est ainsi telle que nombre de nos concitoyens s’interrogent sur l’issue de cette crise politique.
Dans ce contexte, et dans le double souci de mieux appréhender la vision de ses concitoyens et de se faire mieux comprendre, le président Ibrahim Boubacar Keïta a, depuis quelques semaines, initié une série de consultations des forces vives de la nation. Des consultations au cours desquelles il a exposé le processus engagé et expliqué clairement que la révision de notre loi fondamentale est un passage obligé pour l’application de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger, et partant, pour la réconciliation nationale.
Après les institutions de la République, les partis politiques, l’Ordre des avocats et celui des notaires, la société civile, le président de la République a rencontré, samedi dernier, les leaders religieux et les familles fondatrices de Bamako, à la Résidence des Hôtes.
Pendant plus de deux heures d’horloge, Ibrahim Boubacar Keïta leur a expliqué que la révision constitutionnelle est un impératif. Le message présidentiel est donc clair : l’annulation demandée par les contestataires n’est pas à l’ordre du jour. Les religieux et les familles fondatrices qui n’ont pas fait mystère de leur adhésion au projet et, à échelle supérieure, leur soutien indéfectible aux actions du chef de l’Etat, ont néanmoins formulé le vœu d’un report du référendum en vue d’apaiser les esprits et de chasser les démons de la maison.
Abdramane Niaré, représentant des familles fondatrices de Bamako, qui a parlé au nom de tous, a soutenu que la révision constitutionnelle se fera. Mais qu’il faut juste se donner du temps pour mieux la préparer. Le soutien des familles fondatrices de Bamako, a-t-il dit, est définitivement acquis au profit du chef de l’Etat. Abdramane Niaré a également confié avoir demandé au président Ibrahim Boubacar Keita « un report ». « Et il lui appartient de prendre une décision », a-t-il ajouté.
La réponse du chef de l’Etat à cette demande ne sera pas connue avant la fin de la série de concertations qu’il a initiée. Nous avons appris que dans les prochains jours, Ibrahim Boubacar Keïta recevra les responsables de la Plateforme « An te A bana, Touche pas à ma Constitution » et d’autres acteurs directement concernés par le projet.
En attendant le pays retient son souffle. La campagne d’explication pour le référendum se poursuit et le suspens sur le report reste entier.