Que de sang versé, que d’humiliation subie ! Des populations totalement désespérée, contraintes à l’exil intérieur et extérieur, pour fuir les brutalités, les assassinats, les viols et les pillages. Répétition des brutalités, massacres et pillage des conquêtes coloniales. Et c’était une conquête coloniale déclenchée par le Mouvement national de libération de l’Azawad, après vingt ans de confusion ou « d’Etat sauvage » dans le Nord.
Comment éviter la guerre ! Telle a été la ligne de conduite des dirigeants civils et militaires maliens sur la Question du Nord, depuis 1991. Tout dirigeant politique doté d’une intelligence moyenne dirait qu’il faut préparer la guerre pour vivre en paix ! Mais la réponse des dirigeants maliens a été : « courage fuyons » ! L’État a ainsi abandonné Tombouctou, Gao et Kidal aux mains de la rébellion à partir de 1992 qui y a fait régner l’insécurité par les razzias. Elle a transformée la région en « zone franche » pour criminels vivant du trafic de drogues, de cigarettes, d’enlèvement d’Occidentaux.
Circonstance aggravante pour les autorités, elles ont rejeté les mises en garde émises par de bonnes volontés maliennes, comme s’il n’y avait point de salut en dehors de leur politique antipatriotique. Ainsi en 1991, le Collectif pour la paix et le développement au Mali – Copadem, regroupement de plusieurs associations maliennes de France – avait alerté les dirigeants maliens sur la dangerosité des revendications suivantes de la rébellion :
– la gestion des régions du Nord par les seuls autochtones
– une police locale dépendant des seules autorités régionales
– le bannissement de l’armée dans les régions revendiquées
– l’instauration d’une justice islamique
Une vingtaine d’exemplaires de ce Mémorandum avait été distribuée aux officiels à Ségou, dans la Salle Tientigiba Danté lors de la Conférence technique préparatoire (du Pacte national). Ces remarques avaient valu des censures partielles sur les discours et les interventions des représentants du Copadem à la rencontre de Ségou (novembre 1991) puis à celle de Mopti (décembre 1991). La complaisance a conduit à la capitulation et la capitulation à la guerre actuelle. « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous aurez le déshonneur et vous aurez la guerre », avait dit Winston Churchill.
Le MNLA et l’idéologie de la suprématie raciale
Le pays touareg revendiqué par le MNLA, sous le nom de « l’Azawad », recouvre des régions qui, hier comme aujourd’hui, ont toujours fait partie des empires Mandé, Songhaï ou Peulh. Hier comme aujourd’hui, les Songhaïs, les Peuls et les Bellas y sont majoritaires. Et de mémoire d’historien, il n’y a jamais eu de royaume ou pays appelé Azawad. La seule zone connue sous le nom d’Azawad est une cuvette entre Araouane et Tombouctou !
Le MNLA ne représente que lui-même, comme l’a si bien dit le président du Niger. C’est un « Parti de l’étranger » car il a plus de soutien en France qu’au sein des Touaregs maliens. Il n’aurait même pas un strapontin dans le cadre d’une élection démocratique !
C’est pour cette raison que la démocratie ne l’intéresse pas : il veut prendre par la force, ou conquérir, un territoire appartenant à plus de 90% aux Peulhs, aux Sonrhaïs, aux Somonos, aux Dogons, aux Bellas, aux Arabes, etc. La domination des maîtres blancs ! Une poignée de « Seigneurs blancs » pour diriger la multitude noire ! Bref, implanter l’apartheid dans le Nord malien. Cette posture renvoie à cette déclaration d’un leader de la rébellion des années 1990 : « Nous (les Touaregs) sommes les seuls représentants de la race blanche encore dominés par les Noirs » (Georges Marion, Le Monde 1-2 décembre 1991). Ce statut de « derniers blancs », jadis décerné aux criminels de l’apartheid en Afrique du Sud, attire de la sympathie en Europe où ils sont nombreux à regretter le « temps des colonies ». Aujourd’hui, les partisans de la « Guerre des civilisations » verraient bien un Etat fantoche entre l’Afrique du Nord musulmane (donc ennemie de l’Occident) et les Noirs au Sud, alliés potentiels des musulmans. Et si le sous-sol de la région s’avérait riche…
Rappelons aussi que lors de la crise de 1990, le médiateur français avait recommandé aux autorités maliennes de tenir compte, sinon d’accepter l’idéologie des rebelles selon laquelle la couleur de la peau doit être un critère d’accession au pouvoir. Et le 2 février 2013, Bernard Kouchner déclarait sur BFM-TV, France (Journal de 11h00) : « même s’il ne faut pas d’indépendance pour les Touaregs, il faut une réelle autonomie…L’Europe et les Nations unies doivent aider à cela. Ils n’ont pas la même culture, pas la même couleur de peau. On a vu des frontières héritées de la colonisation changer ».
Enfin, « la rébellion touarègue a remporté récemment d’importants succès militaires au Nord du fleuve Niger », avait commenté un ministre français, après le massacre, à Aguel Hoc, de plus d’une centaine de prisonniers militaires maliens par l’alliance MNLA-Aqmi-Mujao, en février 2012 ! Ces prisonniers militaires et des civils avaient été ligotés et exécutés froidement, d’autres avaient été égorgés ou éventrés. Le MNLA avait fièrement revendiqué cette tuerie abominable. Que dire de l’enfer imposé aux habitants de Gao et Tombouctou, pendant presque un an : des amputations de mains, de pieds, des femmes et des fillettes violées, fouettées, des monuments historiques uniques en Afrique détruits par des mercenaires invités par le MNLA ! Des libertés publiques et individuelles supprimées. On n’a guère entendu les grands défenseurs des Droits de l’homme, et autres ONG bien pensantes ! Aucun tapage médiatique de leur part, encore moins des menaces de poursuivre le MNLA devant la CPI !
Le MNLA et l’esclavage ?
Sur son site internet, le MNLA déclare adhérer à la Déclaration universelle des Droits de l’homme, et à la Déclaration africaine des droits de l’homme et des peuples. Tant mieux ! Mais pourquoi pas un mot sur la question de l’esclavage, une triste réalité au Nord ? D’après des enquêtes menées par plusieurs universitaires maliens, à la demande de Temedt (Association des »Tamasheqs Noirs » ou Bellas), l’esclavage survit toujours plus ou moins à Mopti, Gao, Tombouctou et Kayes. Ces « esclaves de naissance » sont appelés « Bella » chez les Touaregs, « Rimaybé » chez les Peulhs et « Bagna » chez les Songhaïs. Mais ce sont les Bellas qui subissent l’esclavage sous sa forme la plus violente et la plus cruelle. Récemment, dans une conférence de presse organisée par Temedt, le MNLA a été mis en cause. Ce silence sur le sort et la condition des Bellas est une autre preuve de l’archaïsme et du décalage du MNLA par rapport à tous les principes modernes de gouvernance, et de son attachement à une société de type féodale et raciste. Déshonneur et capitulation : depuis vingt ans, au nom de la realpolitik, nos « grands démocrates », qu’ils soient du Nord ou du Sud, ferment les yeux sur cette triste et honteuse réalité. (Pour les détails de cette étude et les témoignages poignants d’esclaves, voir le livre Esclavage au Mali, ouvrage collectif d’universitaires maliens, publié par l’Harmattan Mali en 2012).
La « campagne des exactions » … préparée par le MNLA depuis novembre 2012
Le MNLA prépare cette campagne de dénonciation des « exactions de l’armée malienne » depuis le mois de novembre 2012. Comme en témoigne un article daté du 2 novembre 2012, posté sur son site, accusant : le Mali qui « renoue avec le génocide dans l’Azawad », la CEDEAO et la France (en cas d’intervention) « qui auront alors à répondre des débordements et exactions commises » par l’armée malienne !
On assiste actuellement au déroulement de cette campagne médiatique préparée depuis cinq mois par le MNLA et ses amis (journalistes, responsables d’ONG et autres spécialistes). Dans le cadre de sa propagande, depuis les années 1990, la rébellion pratique « l’embarquement des journalistes » : après une bonne semaine passée au milieu des Touaregs, à écouter des chants et poèmes dédiés, plus quelques parures en prime, le ou la « journaliste embarqué(e) » délivre forcément le bon message. Mais quel crédit accordé à un tel message ? Cette campagne autour des exactions relève tout simplement de l’intoxication, de la désinformation. Enfin, qui peut nier actuellement que le MNLA n’a pas infiltré les camps de réfugiés ? Alors que valent les témoignages rapportés par ces « journalistes embarqués ».
Malheureusement, les autorités maliennes, toujours en retard d’un plan de communication, sont tombées dans ce piège grossier, cet attrape-nigaud. Cette manipulation les a amené à lancer des mises en garde répétées et des menaces à nos militaires sur le théâtre des opérations. De quoi démoraliser plus d’un ! Bien sûr qu’il faut sensibiliser les militaires sur la question des bavures ; de là à obéir aux injonctions de personnages dont les mains dégoulinent du sang des Maliens ! Visiblement, l’opinion internationale pratique le « deux poids, deux mesures » concernant les exactions : les femmes et filles violées, les amputés des mains et des pieds, les victimes des vols et pillages de Tombouctou et Gao auraient apprécié un peu plus de compassion de la part des bonnes consciences internationales. Il ne faut pas se voiler la face : une « guerre asymétrique » est rarement propre, même menée avec des « bombes intelligentes » ou des « frappes chirurgicales ». Tous les pays qui ont connu le phénomène de l’occupation, avec la question des « collabos » savent très bien que les forces sur place, Serval, Armée malienne et Misma, ont un bilan globalement positif ! Que se passe-t-il en Irak, en Afghanistan? Que s’est-il passé en Libye ? Faut-il exiger que le militaire malien contrôle d’abord l’identité d’un kamikaze avant de le neutraliser ?
En finir avec l’Etat brigand…
« Si vous tuez votre chien, sous prétexte qu’il est méchant, celui du voisin vous mordra », disent les Mandeka. Oubliant cela, les « démocrates maliens » ont sabordé l’armée malienne. Ainsi, pensait-on résoudre le problème des coups d’Etat. Or, sans une puissante armée, aucun peuple, aucune nation ne peut vivre en paix : c’est la force de frappe de l’armée, ou sa force de dissuasion (sa fonction de chien de garde) qui est le garant de la liberté du peuple et lui permet de vaquer tranquillement à ses occupations. L’armée a ainsi été associée à la « gestion consensuelle » ou « Etat brigand ». Gestion qui a fini par annihiler le sens critique, le sens de la responsabilité, de la morale, de l’éthique, du bien et du mal. Ainsi, pendant que Tombouctou, Gao et Kidal étaient à feu et à sang, on se battait comme des chiffonniers à Bamako. Des soldats tchadiens meurent à Kidal, on se mobilise pour les élections à Bamako ! Nos dirigeants croient-ils avoir été mis à la tête du pays par Dieu, sur proposition de nos ancêtres communs ? En mille ans d’histoire, ce pays n’a-t-il jamais eu des dirigeants aussi médiocres et incompétents ?
Dans les années 1990, l’armée avait présenté ses excuses à la nation, suite aux événements tragiques du 26 mars ! Quand la classe dirigeante va-t-elle réunir les citoyens maliens au Stade du 26 mars et se mettre à genou pour lui demander pardon ? A-t-elle conscience de sa responsabilité dans la crise actuelle ? Eprouve-t-elle le moindre sentiment de culpabilité ? Rien n’est moins sûr ! Car pour elle, « la démocratie malienne était exemplaire » et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles…jusqu’au 22 mars 2013. Mais pour la majorité, comme ce jeune gardien rencontré devant l’ORTM, « ce jour a été comme un coup de projecteur qui a montré le roi tout nu, derrière le bosquet ».
Pour refonder la nation malienne, il faut une gouvernance qui associe ce jeune gardien à la gestion de sa cité ; qu’il ne passe plus sa journée à contempler les gros 4X4 des dirigeants. Il faut aussi une armée qui veille sur ses nuits calmes ! Est-ce possible que nos ancêtres guerriers, les Soundjata, Fakoli, Tiramakan, Soumangourou, Soni Ali, Tiéba, Babemba, Da Monzon, Firoun, Koumbi Diossé, etc, est-ce possible donc que ces ancêtres ne nous aient transmis aucun gène guerrier ? Difficile à croire !
Mânes de nos Ancêtres, Grands Fétiches rescapés, Allah, Bouddha et Jésus, protégez ce pays, le Mali !