SociétéRévision constitutionnelle / A l’écoute de la médiation des autorités coutumières et religieuses / La Plateforme « Antè A bana » reporte ses manifestations
Le dimanche 13 août 2017, la Plateforme « Antè A bana : touche pas à constitution » a informé l'opinion nationale et internationale qu'à l'expiration de son ultimatum le mardi 15 août 2017 à minuit, elle organisera une marche pacifique le mercredi 16 Août 2017 pour exiger la mise en accusation du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) pour haute trahison afin qu’il soit démis de ses fonctions. Le lundi 14 août dernier lors de leur rencontre, les chefs coutumiers de Bamako et les leaders religieux ont demandé à la Plateforme de lever le mot d'ordre de manifestation du 16 Août. L’Assemblée générale de la Plateforme « Antè A bana » tenue hier au siège de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) statuait sur cette demande de lever du mot d'ordre de marche du 16 Août faite par les notabilités.
A l’écoute donc de la médiation des autorités coutumières et religieuses, la Plateforme « Antè A bana » a décidé de décaler sa marche initialement prévue ce mercredi 16 août au samedi 19 août prochain. Toutefois, la Plateforme maintient sa revendication de voir le projet retiré et le référendum annulé d’ici samedi, faute de quoi, la marche se fera sur l’Assemblée nationale.
Plusieurs personnalités ont pris part à cette assemblée générale de la Plateforme « Antè A Bana : Touche pas à ma constitution » dont son vice-président, l’honorable Amadou Thiam, Tiébilé Dramé et Makan Moussa Camara du Parena, Mme Coulibaly Kadiatou Samaké, Mamadou Hawa Gassama Diaby et Abdramane Diarra de l’URD, l’artiste Master Soumi, le juriste Bréhima Fomba, les Syndicalistes, Djimbé Kanté et Soumana Kalapo, Nouhoum Togo du Pdes, Souleymane Koné et Alhousseini A Maïga des Fare AnKa wuli et bien d’autres.
L’assemblée générale de la Plateforme d’hier était différente des autres. Elle était électrique car une décision devait être prise, à savoir : marcher ou non ce mercredi sur l’Assemblée nationale. Même si plusieurs membres de la Plateforme voudraient le maintien de la marche de ce mercredi, la sagesse et le respect à l’endroit des notabilités ont fini par prévaloir.
Car, au finish, la « fameuse » marche de ce mercredi est reportée au samedi 19 août prochain. Les débats qui ont commencé après l’exécution de l’hymne national du Mali ont été démocratiques mais quelques fois houleux. Prenant la parole en premier, le vice-président de la Plateforme, l’honorable, Amadou Thiam a rappelé les différentes manifestations effectuées par la Plateforme et l’ultimatum lancé au président IBK. Il a également fait le compte rendu de la rencontre entre la Plateforme et les notabilités le lundi dernier qui a durée 4 heures du temps. A l’en croire, les notabilités ont demandé au président de surseoir son projet de referendum, de rencontrer la Plateforme « Antè A bana », et enfin de faire la médiation au nom du président avec la Plateforme.
Il va même plus loin en disant que les notabilités ont souhaité « la signature d’un communiqué conjoint avec la Plateforme » attestant que c’est grâce à eux que la marche a été reportée comme pour dire qu’on sentait un danger venir ou qu’il y’avait le feu à la demeure. L’honorable Thiam a également fait savoir la volonté du gouverneur du district de Bamako du changement de l’itinéraire de la marche, faute de quoi, il n’y aurait pas d’autorisation. Après cette brève information donnée à l’assistance, les débats ont commencé. C’est ainsi que Eric, membre de la Plateforme a indiqué que face à l’appel des religieux, des notabilités, il n’y a pas urgence à marcher ce mercredi. Il sera appuyé par Adam Dicko qui a appelé au sens de responsabilité des uns et des autres. « Je ne vois pas pourquoi on s’empresse de marcher demain dès l’instant que la Plateforme a été appelée par les leaders religieux. Reportons la marche de demain pour pouvoir bien organiser la prochaine », a-t-elle souhaité.
Pour Abdramane Diarra de la jeunesse URD, « on peut reporter notre marche mais pas à cause du président IBK ». Pourtant, il y avait certains membres de la Plateforme qui voudraient le maintien de la marche de ce mercredi. C’est le cas de Moussa Traoré de la jeunesse Parena. « On n’a pas demandé au président de surseoir mais de retirer le projet. Il faut maintenir la marche de demain et de façon simultanée. Si le président de la République ne se sent pas menacé, il ne va pas retirer le projet», a-t-il dit. Idem pour Oumar Sow de l’Association Adema qui souligne que le président de la République n’est « pas de bonne foi ». Et par conséquent, dit-il, il faut maintenir la marche. Cheick Oumar Diallo de l’Adp Maliba était également partant pour la marche de ce mercredi. A défaut, poursuit-il, le délai de 72 heures ne doit pas être dépassé pour organiser une marche.
‘’ La Plateforme ne sera jamais démobilisée’’
C’est l’intervention du président du Parena, Tiébilé Dramé qui a apaisé les esprits. Pour autant, il ne mâche pas ses mots. Selon lui, ça fait deux mois que la Plateforme lutte pour le retrait pur et simple du projet de révision constitutionnelle. « Nous avons en face un président de la République qui n’a pas de respect pour son peuple. Nous avons un gouvernement irresponsable. On n’a pas besoin d’autorisation pour marcher, il faut simplement faire une déclaration. La lettre (Ndlr, interdisant la marche) du gouvernement est inacceptable. Il jette de l’huile sur le feu en refusant cette marche. Nous devons maintenir l’ultimatum parce que ça fait deux mois que nous marchons et manifestons. Il (Ndlr, IBK) a reçu tout le monde sauf ceux qui contestent le projet de révision constitutionnelle. Nous voulons obtenir le retrait. Pour quelle raison nous devons lever notre ultimatum ? Je propose qu’on mette notre marche à samedi.
Qu’il veut ou non, si rien n’est fait d’ici samedi, on marchera pour mettre en accusation le président IBK », a martelé l’ancien ministre Tiébilé Dramé. Il sera suivi sur cette lancée par le diplomate Souleymane Koné des Fare Anka Wuli. « Comme les notabilités nous ont demandé de surseoir à la marche du mercredi, si le président IBK ne s’adresse pas au peuple tout en retirant ce projet, nous ferons ce qu’il y a lieu de faire », a-t-il dit. Selon Allaye Bocoum du Sadi, il y a la démocratie au sein de la Plateforme. Pour preuve, il dira que la jeunesse du Parena souhaitait le maintien la marche de ce mercredi contrairement à son président Tiébilé Dramé qui a proposé le samedi pour tenir la marche. « Mettons les notabilités à l’épreuve pour leur montrer que nous sommes de bonne foi », a-t-il dit. Dans ses éléments de réponse, l’honorable Amadou Thiam a signalé que la Plateforme ne sera jamais démobilisée.
Pour preuve, dit-il, elle enregistre de nouvelles adhésions. A l’issue donc de l’Assemblée générale, la Plateforme a produit un communiqué. « Lors de son Assemblée Générale du Mardi 15 Août 2017, les membres de la Plateforme "Antè A Bana- Touche Pas à ma Constitution" ont évoqué la médiation initiée par les chefs coutumiers de Bamako et les leaders religieux.
À l'issue des échanges, la Plateforme informe l'opinion nationale et internationale que sa marche citoyenne et populaire du 16 Août 2017, qui exigeait la mise en accusation devant la Haute Cour de Justice de Monsieur Ibrahim Boubacar Keita pour Haute Trahison, est reportée au Samedi 19 Août à 9h sur le même itinéraire », précise le communiqué. La Plateforme prend à témoin l'ensemble du Peuple malien par rapport aux efforts fournis par ses membres pour obtenir une issue dans le cadre du dialogue et de la médiation des chefs coutumiers de Bamako et des leaders religieux. Enfin, la Plateforme espère que ce délai permettra d'obtenir du Président de la République l'abandon du projet de révision constitutionnelle et une adresse solennelle à la Nation dans ce sens.