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Tribune : Vous n’aurez pas notre haine
Publié le mercredi 16 aout 2017  |  La lettre du Mali
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Ayant perdu sa femme dans l’attentat contre le Bataclan à Paris, le 13 novembre 2015, Antoine Leiris, a écrit une lettre ouverte dans laquelle il proclame que les terroristes n’auront pas sa haine. « Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils, mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas lesavoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur.
Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant maisrépondre à la haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’aie peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore. » Peut-on dire plus après cette proclamation !


Encore une fois, ils ont frappé de leur main haineuse. A Ouagadougou, au café Istanbul, deux écervelés ont ôté la vie à 17 personnes qui étaient venues vivre leur vie. Pensaient-elles en venant que cet endroit de vie et de joie, de convivialité et d’humanisme vrai, serait leur tombeau ? Hélas, venues pour partager avec l’être cher et les êtres chers, elles sont tombées sous les balles aveugles de la violence que rien ne justifie. Je pleure à l’instar des familles éprouvées, de l’enfant désormais orphelin, de la femme contrainte au veuvage, du père éploré, du frère rembruni, de l’ami affligé. Je pleure comme tout ce monde venu par solidarité témoigner de cet humanisme que ne connaissent pas ces porteurs de haine. Je pleure et pleure encore.
A la même période en 2015 avec quelques mois de recul, tout comme Leiris, j’avais publié sur ma page, une tribune intitulée « Massalikouldjinane », Les chemins de Dieu. Je l’avais écrite pour sensibiliser ceux qui accusaient le président IBK de s’être rendu à la Marche républicaine à Paris suite à l’attentat contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes. Je rappelais à mes compatriotes que la présence d’IBK à cette marche se justifiait par le besoin de solidarité au-delà de nos divergences de toutes sortes car le terrorisme ne connait pas de frontière et n’épargnait personne ni rien. Ceux qui nous ont attaqué le campement Kangaba, La Terrasse, Radisson Blu et bien avant Gao et Tombouctou, sont les mêmes qui ont endeuillé Londres, Nice, Zaventem, Grand-Bassam, Tunis, Saint-Etienne-du-Rouvray,Chibok,Mossoul, Palmyre, Bally, etc. Changeant de nomset de stratégies au gré des contingences, ils gardent le même visage monstrueux de l’horreur, de la désolation et de la hideur. Ils cherchent à nous faire peur, à nous diviser davantage pour profiter de notre faiblesse. Ils n’ont pas d’autre agenda que d’étancher leur soif avec nos larmes. Ils salissent notre religion faite de tolérance, de paix et de respect de la dignité et de l’intégrité humaine. Ce n’est pas notre islam qu’ils pratiquent ni notre Dieu qu’ils adorent, ce sont des imposteurs.
Cependant ne les haïssons pas car notre haine est plus saine que leurs âmes de vilénie. Gardons notre haine pour d’autres ennemis qui ne sont pas lâches, qui nous affrontent à visage découvert et non pas des poltrons, incapables de courage. En endeuillant nos familles, nos pays, à un rythme savamment réfléchi ces derniers temps, ces « lycanthropes » escomptent sur notre désappointement qui pourrait les servir pour propager leurs venins partout. C’est pourquoi, il nous faut demeurer forts et répondre par la résistance infaillible à leur lâcheté. Nous ne devrons point manquer de solidité dans notre amitié pour être présents partout ils ont ôté des âmes et semé la terreur. Notre présence prompte à ces lieux de désolation est comme la graine qu’on plante pour faire germer l’espoir d’un monde qui triomphera.
Notre solidarité manifestée partout renvoie à leurs actes une résistance que le temps consolide et la douleur entretient. Au peuple du Burkina Faso qui, hier était à nos côtés pour témoigner de cette amitié sincère, nous témoignons en retour notre fraternité et notre solidarité.
Moussa Cissé
Diplomate, écrivain à Paris

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