Mardi 16 août 2017, les Maliens opposés au projet de révision de la constitution devaient accomplir un devoir républicain défini par l’article 121 de la constitution de 1992. La désobéissance civile, cette phase ultime dans une revendication sociale afin de préserver la forme républicaine d’un Pays, elle se préparait activement. Lundi et mardi passés, tous les canaux utiles étaient mis à profit afin d’appeler le peuple à répondre massivement présent à cet appel. Une marche était prévue. Son itinéraire était la place de l’Indépendance à l’Assemblée Nationale où la plateforme allait donner une lettre à l’hémicycle : ‘’exiger la mise en accusation d’IBK pour haute trahison afin qu’il soit démis de ses fonctions’’. Cette démarche qui intervient dès l’expiration de l’ultimatum, le 15 août à 00h, sentait l’odeur d’une menace envers le fauteuil présidentiel. L’occupant de Koulouba allait certainement vécu le dernier jour de son confort.
IBK au regard du climat qui lui était défavorable a utilisé toutes les cartouches possibles. Le président est enfin parvenu à désamorcer la bombe. Dans ses séries de consultations avec les différentes sensibilités de la Nation, il s’est finalement adossé aux familles fondatrices, les leaders religieux… Et après plusieurs heures de discussion entre le comité directoire de la plateforme et les notabilités et dignitaires religieux, la plateforme a décidé de surseoir à sa marche du mardi. Cela suite à l’engagement pris par le camp de la médiation. Dans leur exposé, les médiateurs avaient souligné que le Président de la République les a promis de surseoir à son projet en vue de continuer les consultations. Va-t-il retirer le projet comme le revendique la plateforme ? Aucune certitude à ce niveau.
Dans les coulisses, du camp de la plateforme et celui de la médiation, certains se disent convaincus que le Président de la République rangera son projet dans les tiroirs au regard de la tension que cela a jaillie.
Cette mi-temps dans ce bras de fer est une victoire pour la plateforme car c’est sa position tranchante sur la question qui a poussé le camp présidentiel à ralentir le processus engagé pour la réforme constitutionnelle.
Le fait que la plateforme a accepté les propositions de la médiation est salutaire. Cela sous-entend qu’elle accepte toutes les concessions possibles pour la préservation de la cohésion sociale. Dans un communiqué rendu officiel mardi soir, après son assemblée extraordinaire houleuse, il est indiqué que d’ici la fin de la semaine si le Président ne se prononce pas en faveur de la vision de la plateforme, la marche aura lieu le samedi prochain pour la même raison précisée dans le communiqué de l’ultimatum.
Si les raisons évoquées par la médiation au regard de l’Etat fragile du pays sont rationnelles, elles devraient être un déclic pour le Président de la République de revenir à la raison. Le Mali a trop de problèmes et pour faire face efficacement à ceux-ci, le pays a besoin de l’union de tous ses fils autour de l’essentiel. Le Président est le seul qui peut instaurer et entretenir ce climat de communion entre les Maliens. S’il agit autrement, c’est la division. Cela n’arrange personne. Il en sera la première victime.