Mercredi 16 août, un conducteur de Sotrama a eu la frayeur de sa vie après avoir délibérément foncé sur des marcheurs dans la commune du Mandé, faisant des légers dégâts sur plusieurs motos Jakarta et des manifestants contusionnés. Dans le viseur des marcheurs se trouvaient le préfet adjoint de Kati et l’ancien maire de la commune, Mamourou Kéïta dit Mamourouba, deux personnalités soupçonnées d’envenimer la situation administrative et politique locale.
La faute du Préfet adjoint de Kati aura été d’avoir déclaré nuls tous les actes administratifs établis par la mairie depuis le 16 mars 2017. Le 16 mars, c’est la date de l’annulation de l’élection communale passée par la Cour suprême.
Depuis, les affaires courantes sont gérées par l’équipe communale qui avait gagné la communale dernière, en attendant la mise en place des autorités intérimaires. «Jeudi 10 août 2017, l’adjoint du préfet de Kati est passé ici et a fait des déclarations qui nous ont beaucoup dérangés. Il a dit que sont désormais inutiles tous les actes administratifs établis par les maires qui ont été élus par tous les ressortissants du Mandé, des maires que eux-mêmes sont venus installer», a évoqué Sidiki Sidibé.
Alors que les jeunes tentaient de noyer leur colère dans des slogans hostiles au Préfet adjoint de Kati et à l’ancien maire, un conducteur de Sotrama a fait irruption sur les marcheurs. L’imprudent chauffeur a été sévèrement battu par la foule en colère. Les débris du pare-brise de son véhicule jonchaient le sol, alors que la police s’affairait à faire le constat sur les lieux où les cinq Jakarta étaient par terre.
Le véhicule a fait les frais de la furie des jeunes marcheurs, mais quant au malheureux conducteur, il a été sauvé du pire par la diligence des organisateurs de la marche. Les manifestants ont repris la marche qui avait un moment été interrompue par l’incident.
Quel statut pour les enfants des mariages annulés ?
La marche était organisée par l’Association des jeunes de la commune du Mandé(AJCM) et soutenue par plusieurs organisations locales dont Collectif pour la défense de la République(CDR) représenté par le président du bureau national et bien d’autres. La commune rurale du Mandé va mal, selon Sidiki Sidibé, le président du comité local CDR.
Le préfet qui s’exprimait en public est allé jusqu’à prendre l’exemple sur les mariages célébrés pendant cette période et qui sont désormais considérés comme nuls. «Quelle sera alors le statut des enfants issus de ces mariages ? Le préfet n’a pas su apporter une réponse claire à ces questions-là», a expliqué Sidiki Sidibé.
Les manifestants soupçonnent l’adjoint du préfet d’être de connivence avec l’ancien maire Mamourou qui était à ses côtés le jour où il faisait ces déclarations. Mamourou Ba, c’est l’ancien maire de la commune que la population n’aime pas du tout car il a perdu lors de l’élection communale passée. « Ils veulent ramener Mamourou Ba. Il y a 310 hectares de réserve foncière ici dans notre commune. Mamoura Ba veut octroyer plus de 200 hectares à la Commune IV. Il a été relevé à la faveur de l’élection communale lorsqu’il travaillait sur ce projet. Afin d’achever ce projet, ils veulent amener Mamourou alors que les 300 hectares sont réservés aux habitants du Mandé», a poursuivi Sidibé.
Partie de l’entrée du quartier de Kanadjiguila, la marche s’est poursuivie jusqu’à la mairie de la commune située dans le quartier de Ouézin. Mady Tounkara, le rapporteur de l’AJCM, a affirmé que c’est le changement que veulent les jeunes dans la commune qui tend à être négligée.
Même son de cloche chez Mahamadou Coulibaly, secrétaire général de l’AJCM, qui a estimé que les jeunes ont décidé de faire une marche pacifique après plusieurs réunions sur la situation politique de la commune. Dans un premier temps, ce sont les villages du secteur Ouézin qui se sont mobilisés pour marcher : Mamaribougou, Kanadjiguila, Ouezin, Samaya et Samanko. La deuxième partie des manifestations sera le Mandé profond, soit une vingtaine de villages.