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IBK sur le G5 Sahel : "Le doux temps de l’insouciance est terminé"
Publié le jeudi 17 aout 2017  |  Le Point
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Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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Quarante-huit heures après les attaques terroristes qui ont endeuillé le Burkina Faso et le Mali, le G5 Sahel se retrouve au cœur des enjeux sécuritaires de la sous-région.

On ne sait pas encore qui est derrière l'attaque contre le café-restaurant Aziz Istanbul de l'avenue Kwamé-Nkurumah, qui a fait 18 morts et plus d'une vingtaine de blessés, mais une chose est sûre : les dirigeants de la sous-région sont montés au front. « Le doux temps de l'insouciance est terminé. Nous sommes obligés d'accepter aujourd'hui qu'à tout moment nous pouvons être agressés. Que chacun de nous fasse preuve de la plus grande vigilance » a déclaré le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, depuis Ouagadougou, où il est venu soutenir son homologue burkinabè. Alors que son propre pays a été touché ce lundi par une attaque terroriste qui a fait neuf morts dans deux camps de la Minusma, IBK, président du G5 Sahel, tire la sonnette d'alarme afin d'accélérer le déploiement de la force conjointe. Selon lui, si le G5 Sahel n'existait pas, il aurait fallu le créer.

L'attentat de Ouagadougou place le G5 Sahel au cœur des enjeux
Pour Boubacar Sanso Barry, du Djely.com, « cette nouvelle attaque, qui confirme l'acharnement des fanatiques contre le pays des hommes intègres, doit servir de motivation aussi bien pour les responsables de l'entité régionale que pour certains acteurs de la communauté internationale qui traînent encore les pas ». Pour l'éditorialiste, « même si ce dernier attentat est de nature à faire regretter Blaise Compaoré, l'ancien négociateur attitré de la sous-région ». « Même si son approche était toxique d'un point de vue régional, il n'en demeure pas moins qu'il avait réussi à établir un deal avec les boutefeux qui faisait que son pays était systématiquement épargné par ces derniers. Mais, puisqu'il n'est ni souhaitable ni envisageable de revenir à cet arrangement, les pays de la sous-région doivent pousser dans le sens de l'effectivité du contingent du G5 Sahel. »

C'est ce message qu'a porté mardi 15 août l'ambassadeur malien à l'ONU, Issa Konfourou, devant le Conseil de sécurité. Il a réclamé une aide matérielle et financière pour contribuer à la création par cinq pays du Sahel d'une force militaire conjointe. Revenant sur ces attaques (9 morts) et sur l'attentat dimanche au Burkina Faso (18 morts), Issa Konfourou a souligné que « ces actes criminels soulignent l'importance et l'urgence » de créer une force conjointe entre pays du Sahel « avec l'appui de la communauté internationale ».

Problème : il faut mobiliser un budget de près de 423 millions d'euros pour cette force de 5 000 hommes. À ce jour, seulement 108 millions sont assurés.

Où le G5 Sahel en est-il vraiment ?
Depuis l'acte de constitution de cette force début juillet, des « progrès considérables ont été réalisés », mais le Mali appelle « tous les pays amis et organisations internationales partenaires à nous aider à boucler le budget », a-t-il ajouté lors d'une réunion du Conseil consacrée à la sécurité en Afrique. Parmi les besoins immédiats, les cinq pays qui participeront à la force – Niger, Tchad, Mali, Mauritanie et Burkina Faso – cherchent de « l'équipement pour les bataillons », un réseau de communication pour relier les unités aux états-majors et une aide pour l'évacuation médicale d'urgence, a précisé le diplomate malien.

C'est ce que confirme le Guinéen Alpha Condé, président en exercice de l'Union africaine, sur RFI : « Nous devons renforcer le soutien au Groupe des 5 (G5 Sahel, NDLR) », a-t-il plaidé une fois de plus, réclamant « des moyens pour se défendre, trouver les 400 millions d'euros nécessaires pour renforcer les équipements, les moyens de combat, hélicoptères, et surtout appuyer le renseignement ». « Je pense que c'est ça qui va être fondamental » pour le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Tchad et la Mauritanie. L'objectif est de déployer de premières unités en octobre et que tous les bataillons soient opérationnels en mars, avec une priorité accordée aux opérations militaires transfrontalières.

Lors de son intervention, la représentante adjointe de la France, Anne Gueguen, a aussi souligné la nécessité d'une « réponse urgente » à la déstabilisation de la zone sahélienne par des groupes armés. « La situation sécuritaire au Sahel reste directement liée à la situation au Mali », a-t-elle fait valoir.

Son homologue américaine, Michele J. Sison, a plutôt insisté sur les relations bilatérales pour améliorer les capacités militaires des membres de la force conjointe. « Une coopération approfondie entre les cinq pays du G5 Sahel permettrait d'améliorer leur sécurité et de compléter les efforts de la mission de paix au Mali, a dit la diplomate américaine. À cette fin, les États-Unis continueront leur soutien bilatéral ancien pour développer les capacités des forces de sécurité des membres du G5. »

Interrogés après la réunion, les ambassadeurs du Mali et du Niger ont assuré qu'il n'y avait pas de refus américain de contribuer financièrement à la force. Même sans avoir annoncé d'engagement (contrairement à l'Union européenne pour 50 millions d'euros, au G5 pour 50 autres millions et à la France pour 8 millions), les États-Unis « vont participer aux conférences » internationales prévues d'ici fin 2017 pour trouver des fonds et rendre la force opérationnelle, ont dit les deux ambassadeurs.
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