Le chroniquer Ras Bath est rentré au Mali en grande pompe. Il signe ainsi son retour triomphal au bercail et marque un nouveau départ dans ses prises de position très radicales. Son retour a été l’occasion pour les responsables politiques de l’opposition de se rabaisser devant un simple activiste. Quel gâchis !
L’humoriste Mamane a là un bon sujet pour sa chronique sur RFI. Tiébilé Dramé, 62 ans, à la tête du Parena (Parti pour la renaissance africaine) depuis sa création; Soumaïla Cissé, 68 ans, à la tête de l’URD (Union pour la République et la démocratie); Modibo Sidibé, 65 ans, à la tête du parti Fare Anka Wuli (Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence) et bien d’autres. Tous ces leaders de l’opposition malienne sont devenus tout d’un coup les disciples du jeune chroniqueur Ras Bath. Si on ajoute à ces « faits d’armes » le fait que les opposants au régime IBK ont changé les règles du jeu en plein match, alors on retrouve toutes les caractéristiques du personnage fictif de Mamane, le «président fondateur», dirigeant d’un pays imaginaire d’Afrique, la « République très démocratique du Gondwana ». En effet, ces trois personnalités politiques de l’opposition malienne sont les figures de proue de notre opposition. De ce fait, ils doivent certes critiquer les failles du régime en place, mais aussi faire des propositions afin de trouver une solution à la sortie de crise. Mais comme ils ne sont pas inspirés, du fait qu’ils ont été à la mangeoire sous les régimes précédents. Du coup, ils sont moins critiques du régime en place, de peur que leurs casseroles ne soient mises sur la place publique. Même s’ils veulent critiquer, ils sont avares en mot.
A force de s’embrouiller et de se faire une guerre de leadership sans merci, le jeune chroniquer Ras Bath leur a ravi la vedette. La question mérite d’être posée: à quoi servent les opposants maliens ? De manière plus générale, à quoi servent les opposants politiques dans un système démocratique ? Les opposants ne devraient-ils pas empêcher ou minimiser la «dictature» de la majorité présidentielle en contrebalançant les pouvoirs et les points de vue politiques ? Certes, dans les pays africains, le manque de ressources allouées aux oppositions démocratiques ne leur permet pas de faire face aux projets politiques et autres prétentions du groupe majoritaire. Malgré cela, ont-ils eux-mêmes simplement essayé de jouer leur rôle, de ramer à contre-courant, mais dans le bon sens ? Dans la plupart des cas, les opposants politiques n’essaient même pas. Pourquoi ? Les partis de l’opposition comme du pouvoir sont des « républiques très démocratiques » en miniature. Les partis se confondent à leurs présidents dont le sport favori est de multiplier les astuces, les coups bas et les intrigues pour garder leur place (ou plutôt leur trône). La situation est encore plus déplorable pour les dirigeants des partis d’opposition qui réclament tous les jours l’alternance au sommet de l’Etat, mais évitent soigneusement de s’appliquer ce principe à eux-mêmes. La seule issue pour les ambitieux qui ne veulent pas passer leur vie à supporter les caprices du président, c’est de faire dissidence en créant leur propre parti. On nage ainsi en pleine contradiction : comment peut-on exiger des autres d’être des démocrates quand on est soi-même un petit dictateur dans son coin ? Résultat : le discours des partis d’opposition sur la démocratie n’a aucun effet sur les tenants du pouvoir. Les présidents-fondateurs étant à la fois au pouvoir et dans l’opposition, voire dans la société civile (syndicats et associations dirigées toujours par les mêmes personnes), c’est le peuple qui casque. Et au Mali, comme nos opposants n’ont rien à proposer aux Maliens, ils se cachent derrière ras bath pour se faire attendre. Oubliant que ce dernier n’est militant d’aucun parti politique. En plus, ils les arnaquent sans qu’ils ne s’en rendent compte. Car à ce jour, il a su capter les militants de ces formations politiques à sa guise. Toute chose qui risque d’avoir de sérieuses répercussions sur leur électorat dans les jours à venir. Dans leur fougue de voir le diable avec l’actuel régime, qu’ils se font ravir la vedette par leur propre fils, sans qu’ils ne s’en rendent compte. Pour plus de démocratie, pour des représentants politiques plus responsables et soucieux de la cause publique, bref pour une politique plus noble et plus saine, nos opposants politiques doivent prendre conscience de leur mission. Il ne s’agit pas de tenir un éternel et redondant discours démagogique. Il ne s’agit pas non plus d’avoir à l’esprit une éternelle critique stérile encore moins une velléité de seulement détruire sans être une force de propositions. Il s’agit de contribuer à l’évolution des idées et des pratiques politiques. Il s’agit de prendre part à un projet collectif noble et humaniste dans un vrai processus démocratique. Une démocratie de façade fera long feu. Elle débouche sur une désintégration progressive des bases constitutionnelles et institutionnelles, sur une remise en cause de la structure étatique prélude à son effondrement.