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Lutte antiterroriste: le Gatia et le MSA menacés de représailles
Publié le jeudi 17 aout 2017  |  Info Matin
MNLA
© Autre presse par DR
MNLA (Mouvement National pour la Libération de l`Azawad)
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Le Groupe d’Autodéfense Touareg, Imghads et Alliés (GATIA), de chasseur, est en passe de devenir le gibier traqué qu’il est par les Forces françaises Barkhane, mais également dans le collimateur de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS).

Sale temps pour le GATIA, peut-on dire, depuis que le choix a été fait de semer la zizanie au Mali, en prenant pour point de départ le nord où sont présents des groupes armés, dont certains n’aspirent qu’à la paix. En ce qui est du GATIA, il est doublement victime de ce scénario catastrophe dans l’indifférence générale, si ce n’est avec l’onction générale. Que ce soit la MINUSMA, la Commission technique mixte de sécurité (CTM), le Comité de suivi de l’Accord (CSA), à tous les niveaux, l’on se contente de regretter l’escalade de la violence, en se gardant soigneusement de situer les responsabilités pour ne pas incommoder les groupes internationalement protégés dans des cocons.

La rage de Barkhane
D’une part, le Groupe d’autodéfense est victime d’un acharnement injustifié et hasardeux de la part de Barkhane qui le désarme pour le livrer poings et pieds liés à ses adversaires de la Coordination des mouvements armés (CMA), avec pour corollaire de le disqualifier du processus de paix et de réconciliation en cours. Faut-il noter qu’en quelques semaines (entre juillet et août), il a été désarmé à deux reprises, dont la dernière, en date du samedi 13 août 2017, a donné lieu à une attaque aérienne et terrestre de ses positions dans la zone de Tabankorte par Barkhane dépêchée depuis Gao. Le traitement préférentiel de cette Force à vocation de lutte antiterroriste dans le Sahel venait d’éclater au grand jour, après ses manœuvres tendancieuses visant à établir une zone temporaire de sécurité sur l’axe Anéfis-Almoustarat, de 10 km de part et d’autre de la route, le 24 janvier 2015 (cf : accord signé en catimini entre le Commandant français de la MINUSMA, le général THIBAULT, et le chef d’état-major de la CMA, le colonel Mohamed Ag Najim) ; et une zone de sécurité de 20 km autour de Kidal, à partir du mardi 18 août 2015, quand, après la prise d’Anéfis, le GATIA a révélé son projet de poursuivre sur sa lancée et déloger la CMA de Kidal, en août 2015. Ce rempart érigé l’a été sous le couvert de la Mission onusienne qui lui doit obéissance et respect et qui apparaît plus que jamais comme un pantin, une girouette que Barkhane manipule à sa guise pour ses basses besognes. En somme, il s’agissait de l’établissement de zones d’exclusion.

Le signe indien
D’autre part, un malheur ne venant jamais seul, il y a l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) qui se présente en redoutable adversaire. L’affaire est très sérieuse, même si le GATIA continue à défier crânement tous ceux qui se dressent en travers de sa route.
L’on apprend de sources sûres que dans le secteur de Ménaka, il y a de cela quelques semaines, l’Émir de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), Abou Walid Adnan Sahraoui qui n’est plus à présenter, tant il aura commis des crimes, a menacé par écrit de représailles contre les leaders de la Plateforme et du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA). La raison de cette menace ouverte ? La collaboration présumée de ces deux mouvements armés avec la Force française Barkhane, et pour avoir intercepté une colonne de son groupe qui a attaqué le poste militaire nigérien d’Abala, non loin de la frontière malienne, à 180 km au sud-est de Ménaka, pendant son repli au Mali. C’était le 31 mai 2017, vers 18 h, en lui causant des morts.
De toute évidence, cette interception est restée en travers de la gorge de l’État islamique au Grand Sahara qui considère cette action comme une provocation. Il ne tolère surtout pas une collaboration supposée ou réelle avec ses ennemis.
Si l’on ignore la nature précise de la menace contre les leaders du GATIA et du MSA ; l’on est par contre certain que ce ne sont pas des friandises que le groupe djihadiste a envoyées à ses ennemis par transposition.

Un serpent de mer
Ce ne sont pas que les leaders de ces deux mouvements qui sont dans le collimateur des groupes djihadistes qui pullulent dans le Septentrion de notre pays. À titre illustratif, il faut rappeler que le 18 juin dernier, un campement Imghad a été attaqué par des individus armés et se réclamant des islamistes. Au bilan, apprend-on, un véhicule brûlé et un autre emporté, une personne tuée, deux autres personnes enlevées. L’un des otages, fort heureusement, a pu s’échapper et l’autre a été libéré par ses ravisseurs. L’objectif de ce semblant de magnanimité ? Lui faire porter le message suivant aux siens : ‘’on vous déclare la guerre, parce vous collaborez avec nos ennemis qui sont la France, le Niger et le Mali’’. Pourquoi cette ‘’short list’’ de pays qui est dans le viseur des islamistes qui ne déclinent pas leur identité, alors que bien d’autres pays interviennent au Mali dans le cadre de la lutte antiterroriste ? La réponse leur appartient.

La vraie riposte
En ce qui nous concerne, une guerre nous est déclarée sans n’avoir commis le moindre tort à qui que ce soit. Les leaders ci-dessus cités et les populations de plusieurs localités ne sont que les victimes expiatoires de psychopathes pour qui la religion n’est qu’un exutoire. Dès lors, il s’agit moins de se préoccuper à trouver des réponses à des questions qui n’en ont pas, que d’organiser une riposte efficace et efficiente qui nécessite une appropriation nationale et individuelle du problème du terrorisme. Parce qu’il est intolérable de faire l’impasse sur le drame que vivent d’autres compatriotes, tout simplement parce que cela ne nous touche pas directement. À cet effet, faut-il rappeler cette citation de Marie-Claire Blais : ‘’rien n’est plus dangereux que ces consciences endormies, satisfaites ! Ces consciences raisonnables dont la vie se retire peu à peu’’.
En dernier lieu, il est intrigant de constater qu’il n’est aucunement fait mention de la Coordination des mouvements armés (CMA) qui est pourtant présentée, depuis le début de l’Opération Serval, comme le collaborateur le plus fiable de la France qui lui a érigé, à cet effet, un piédestal.

Une exception suspecte
Pour quelle raison cette CMA ne figure-t-elle pas parmi les cibles de ces islamistes qui ne souffrent aucunement la contrariété ? Est-ce parce qu’ils ont des accointances qu’ils collaborent ? Les questions demeurent. Une chose est certaine, en juin 2016, des sources au sein du ministère français de la Défense ont exprimé les préoccupations et l’agacement des autorités françaises face au « double jeu du HCUA ».
Selon ces mêmes sources proches du ministre, le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad « bien qu’étant un des groupes signataires des accords d’Alger, n’hésite pas à afficher une forme de proximité avec Iyad Ag Ghali et Ansar Dine. Cette proximité, constatent-elles, se manifeste tant sur le fond que sur les éléments combattants ».
Étant donné que les oiseaux du même plumage font le même ramage, difficile donc de délivrer un blanc-seing aux MNLA et MAA-Dissident qui forment avec lui la Coordination des mouvements de l’Azawad et qui s’entendent comme larrons en foire. Le faux mystère est quotidiennement révélé, mais il y en a qui veulent coûte que coûte que certains soient laïques et ils le sont devenus, à force de mensonges, tout en continuant à fricoter avec les succédanés des djihadistes. Allez-y savoir !

Par Bertin DAKOUO
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