Bamako - Le procès de l’ancien chef de la "police islamique" de Gao pendant le contrôle de cette ville du nord du Mali par les jihadistes, entre 2012 et 2013, s’ouvre vendredi à Bamako en présence de plusieurs victimes.
Arrêté en décembre 2013 par les forces armées maliennes, Aliou Mahamar Touré, "l’ancien commissaire islamique" de Gao, plus grande ville du nord du Mali, est notamment accusé d’avoir coupé une main à des voleurs présumés et fouetté en public des femmes qui ne portaient pas le voile islamique.
"Le procès de Aliou Mahamar Touré, pivot des groupes jihadistes pendant l’occupation (jihadiste) s’ouvre (vendredi à 09H00 GMT) à la Cour d’appel de Bamako en présence de plusieurs victimes. Il devra répondre de ses crimes", a déclaré jeudi à l’AFP un responsable de cette juridiction.
Le procès va s’ouvrir en présence de huit victimes, dont deux hommes dont la main droite a été coupée par Aliou Mahamar Touré, a déclaré à l’AFP un avocat des parties civiles, également président de l’Association malienne de défense des droits de l’homme (AMDH), Me Moctar Mariko.
"Je suis chauffeur. Aliou m’a coupé la main droite alors que je n’ai rien fait", a déclaré jeudi à l’AFP l’une de ces victimes, qui ne s’est pas identifié pour des raisons de sécurité. "Je veux que la loi le frappe", a poursuivi l’homme.
L’AMDH et la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) "espèrent" que le procès débouche sur "un jugement reconnaissant l’ampleur et la gravité des crimes" commis par les jihadistes, ont-elles vendredi indiqué dans un communiqué.
Mais elles "s’inquiètent" que "l’ordonnance de renvoi" contre M. Touré "ne mentionne pas les crimes de guerre et torture", ne retenant, selon elles, que des "coups et blessures aggravés".
Aliou Mahamar Touré, originaire de Gao, était un pilier du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un des groupes jihadistes ayant occupé le nord du Mali en 2012 avant d’en être en partie chassés par une intervention militaire internationale lancée par la France en janvier 2013 et qui se poursuit encore.
Le procès de Aliou Mahamar Touré va débuter au lendemain du jugement de la Cour pénale internationale (CPI) déclarant un jihadiste malien, Ahmad al Faqi al Mahdi, coupable d’avoir provoqué pour 2,7 millions d’euros de dégâts en faisant détruire en 2012 des mausolées de la cité historique de Tombouctou (nordi) et ordonné des réparations pour les victimes, les premières pour destruction de biens culturels.
Le Touareg Ahmad al Faqi al Mahdi avait été condamné en septembre dernier à neuf ans de prison pour avoir "dirigé intentionnellement des attaques" contre la porte de la mosquée Sidi Yahia et neuf des mausolées de Tombouctou, classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.