Contraint à emprunter un taxi, Barou n'avait pas d'autre choix que d'inventer un plan machiavélique pour s'en sortir. Sa poche était trouée, c'est-à-dire sans aucun rond dedans.
Barou est natif de Badalabougou en commune V du district de Bamako. Fiancé, sa dulcinée est d'un quartier situé à quelques deux à trois kilomètres de chez lui. Tous les week-ends, il arrive chez elle à bord d'un taxi. En réalité, le brave homme fait une grande partie du trajet à pied, pour manque d'argent, avant d'emprunter le taxi à quelques cents mètres pour masquer sa pauvreté.
Après chaque causerie, Barou se rend chez lui à pied. Là aussi, il bluffe faisant croire qu'il va emprunter le taxi en cours de chemin. Malheureusement pour lui, après la causerie du week-end dernier, il fut embarqué dans un taxi qui le menait à toute allure vers l'humiliation. Il fait tard la nuit, au moment même où Barou donne au revoir à sa fiancée, s'arrête juste un taxi pour déposer un client. "Voici un taxi, tu as de la chance aujourd'hui !" S'exclame sa fiancée ! Sans calcul ni mesure, il s'engouffre à l'arrière du véhicule. Le problème est que le petit play-boy est un bluffeur qui n'a même pas un franc en poche.
Embarqué, il se demande dans son subconscient comment s'en sortir. "Dois-je sauter de ce pétrin pour m'enfuir ?" Mais le chauffeur roule à toute allure. "Dois-je faire un scandale pour refuser de payer ?" Là aussi la réponse c'est non car le taximan est un "gros-bras".
Ainsi, après ce questionnement, il décide de se comporter en un revenant. Puisqu'il y a un cimetière sur la route, le tour était bien joué. Arrivé à la devanture du cimetière, avec un ton élevé, il ordonna : "arrêtez c'est ici chez moi !"
Le chauffeur très bouleversé n'attendait que le revenant quitte son taxi. Aussitôt que le magicien eut refermé la portière derrière lui que le taximan alterne vitesse et précipitation pour se sauver. Comme quoi tant qu'on ne manque pas de bonne stratégie, on peut rélever les défis.
Youba KONATE