Le verdict est tombé le mercredi 16 août dernierdans la salle d’audience de la Cour d’Appel de Bamako dans l’affaire ministère public contre Youssouf Diarra inculpé de meurtre par la chambre d’accusation, en son audience du 21 février 2017. Après avoir pris connaissance de l’arrêt de ladite chambre et entendu les parties ainsi que les témoins à la barre, la Cour s’est retirée pour délibérer. Youssouf Diarra a été condamné à une peine de 10 ans d’emprisonnement.
En effet, les faits remontent au 12 février 2016 dans le village de N’gola, commune de Cinsana Gare. Youssouf Diarra, natif et domicilié à Balankowèrè, un village environnant prit en chasse un chien qui guettait ses animaux (chèvres et pintades), lesquels ont été plusieurs fois victimes d’attaques perpétrés par des chiens. Ainsi, l’accusé entra dans sa chambre, s’empara de son fusil de chasse et le chargea avant de poursuivre le chien qui a eu le temps de s’enfuir pour se réfugier chez son maitre, Tahirou Traoré à 3km environ de son village.
Selon les faits rapportés par l’enquête judiciaire, Youssouf Diarra ayant porté absent le propriétaire du chien a laissé un message de mise en garde auprès des frères cadets de celui-ci en l’occurrence Lassine et Lamine avant de prendre congé d’eux. Et c’est en chemin qu’il a rencontré Tahirouà qui il a adressé le même message. En jouant à l’apaisement, ce dernier, à son tour, lui a promis de le rejoindre très prochainement à Balankowèrè avec un conseiller du chef de village afin de régler le problème à l’amiable. C’est sur ces mots que les deux personnes se sont séparées. Mais la situation a pris une autre tournure car Youssouf, en cours de route a été interpellé par Soumaila Sidibé dont il associa également le chien à la meute dont sont victimes ses animaux.
Ce dernier lui dit d’abattre son animal s’il retourne encore sur les lieux. Ayant pris en mal les propos de son interlocuteur, YoussoufDiarra a rétorqué et finalement les échanges ont dégénéré, incitant Harouna Diarra et Lamine Traoré à venir intervenir entre eux leur demandant de savoir raison garder. Mais au même moment, le coup de fusil de Youssouf Diarra est parti, touchant Lamine au flanc droit et Harouna au thorax. Ce dernier s’écroula et rendit l’âme. Quant à Lamine, il fut conduit à l’hôpital pour recevoir des soins.
Arrêté et interrogé, Youssouf Diarra reconnait le port illégal d’arme mais nie avoir tiré délibérément en soutenant que le coup serait parti d’un tiraillement entre Lamine et Tahirou qui ont tenté de le désarmer de force. En criant au secours,la foule s’en est prise à lui avec des coups de bâton. Il a fallu l’intervention du chef de village pour le mettre à l’abri.
Pour l’accusé Youssouf Diarra, il avait le fusil dans le seul but de se défendre au cas où le chien serait enragé et qu’il tenterait de l’agresser, mais pas dans l’intention de tuer quelqu’un avec.
Tahirou Traoré, le premier témoin reçu à la barre a expliqué que l’accusé a proféré des injures graves à l’encontre de Soumaïla et le menaçait de mort au cours des échanges. Mais contre toute attente, une détonation se fait entendre tuant Harouna et blessant Lamine. Et le second témoin, Soumaïla Sidibé, ajouta qu’au moment de la séparation, Youssouf a fait semblant de s’en aller avant de tirer.
En fonction de ces témoignages et des plaidoiries des avocats des deux parties, le Ministère public dans sa réquisition, a demandé à la cour de déclarer Youssouf Diarra coupable de meurtre et de détention illégale d’arme à feu. Et de le condamner à 10 ans d’emprisonnement ferme à défaut de la peine capitale. Etant donné qu’il reconnait avoir pris son fusil et l’a chargé avant de rejoindre l’autre village. La cour après s’être retirée pour délibérer, a déclaré l’accusé coupable et a rejeté l’homicide involontaireavant de lui infligerune peine de 10 ans de prison ferme.
Moussa Sékou Diaby