L’ONG dénommée Sauvegarde et valorisation des manuscrits pour la défense de la culture islamique (Savama-Dci) a organisé, du vendredi 11 au samedi 12 août, au Grand Hôtel de Bamako, une rencontre sur le thème : ” Les détenteurs de manuscrits anciens face à la demande croissante d’accès aux manuscrits “.
La cérémonie d’ouverture était présidée par le chef de Cabinet du ministère de la Culture, Ibrahim Almany Kouréïchi, en présence du directeur de Savama-Dci, Mahamoud Mohamad Dédéou dit Hamou ainsi que plusieurs personnalités impliquées dans la sauvegarde des anciens manuscrits.
Le directeur de Savama-Dci a salué l’engagement du département en charge de la Culture dans la sauvegarde des manuscrits de Tombouctou durant l’occupation de 2012 suite à la grave crise sécuritaire ayant contribué à évacuer plus des 75 % des manuscrits.
Il ajoutera que le Mali, à l’instar d’autres pays subsahariens, est héritier d’un riche patrimoine écrit en langue arabe et en langues africaines connu sous le vocable de ” manuscrits arabes et ajami”. Et d’indiquer que ces manuscrits ont résisté aux temps et aléas climatiques grâce aux efforts collectifs ou individuels des générations précédentes qui ont voulu les préserver et les perpétuer pour la postérité. “De génération en génération, les familles détentrices ont accompli une mission historique de conservation de la mémoire collective. Aujourd’hui, c’est notre tour de porter le flambeau de la préservation et de la perpétuation de cet héritage et mieux, de l’enrichir en y apposant la marque de notre évolution par notre travail de description, d’analyse, nos progrès de tous ordres, scientifiques, technologiques et artistiques”, a-t-il précisé.
Selon le directeur, pendant que ce patrimoine historique commence à susciter un intérêt scientifique national et mondial, les détenteurs de manuscrits manquent de répondant en raison de leurs réalités en contraste avec la modernité, notamment l’insécurité, la pauvreté, le sous-développement et le manque d’infrastructures et déphasage avec les technologies et le monde du numérique.
D’après lui, au-delà des besoins de sécurité et de conservation, les conservateurs des bibliothèques font face au devoir et à l’enjeu de mise à disposition des documents à la communauté scientifique et aux usagers, “Malheureusement, les conservateurs sont démunis et dépassés par rapport aux besoins des usagers, aux réalités et aux enjeux du monde moderne”.
Aux dires du directeur de Savama-Dci, un large accès permettant le partage et la collaboration autour des manuscrits pour leur exploitation et leur valorisation passe par une dématérialisation bien maitrisée. En plus de contribuer à la conservation et à l’accès aux documents, la dématérialisation permettra d’inscrire les détenteurs et leurs bibliothèques dans le réseau mondial pour interagir avec les diverses communautés professionnelles.
À le croire, cette rencontre de deux jours permet de mutualiser les acquis de l’ensemble des acteurs impliqués dans la sauvegarde des anciens écrits, “la conférence jettera un regard sur les différents acteurs des manuscrits notamment détenteurs, professionnels de bibliothèques ou institutions patrimoniales et usagers afin de mieux cerner leur travail, leur interaction, le cadre juridique ainsi que les possibilités d’actions pour une meilleure collaboration autour des manuscrits “.
De son analyse, la conférence permettra d’échanger sur les problématiques suscitées par la satisfaction des besoins des utilisateurs des manuscrits ainsi que les défis et les enjeux auxquels sont confrontés les détenteurs de manuscrits anciens, “ ici, il est question du rôle du conservateur traditionnel de manuscrit, des mutations de sa fonction au regard de l’évolution des besoins, des usagers, des pratiques modernes et des enjeux “.
À sa suite, le chef de Cabinet du ministère de la Culture a laissé entendre que les manuscrits englobent d’énormes savoirs dans différents domaines de la vie humaine, notamment la santé, la philosophie, la sociologie et l’histoire. Et de poursuivre que c’est à ce titre que le gouvernement malien a décidé de mettre ces écrits anciens à la disposition du monde entier.
Pour finir, il a rendu un vibrant hommage à Savama-Dci pour l’organisation de cette conférence sur les manuscrits anciens qui, selon lui, permettra de mutualiser les acquis de tous les acteurs impliqués dans la sauvegarde de ces documents.