En 1999, l'Agence américaine pour le commerce et le développement (USTDA) finança une étude de faisabilité pour un projet de raffinage de sucre à la demande du Ministère malien de l'industrie, du commerce et des transports. L'USTDA donna 145 millions de F CFA à Schaffer & Associates, une société basée en Louisiane et 116 millions de F CFA au gouvernement malien pour mener l’étude. Schaffer termina l'étude en 2001, et fut sélectionné comme consultant par le gouvernement malien pour chercher un financement pour la mise en œuvre du projet à Markala, juste au nord de la ville de Ségou.
En 2003, l'USAID contribua à hauteur de 517 millions de F CFA et Schaffer avec 348 millions de F CFA pour entreprendre la sélection des variétés de canne à sucre. La contribution du Mali était un terrain de 74 hectares dans l'Office du Niger. Schaffer trouva un partenaire technique en la société sud-africaine Ilovo, une filiale de British Amalgamated Foods, et créa, en 2003, la société malienne Société Sucrière de Markala (SOSUMAR). Ilovo détenait 70% de SOSUMAR, 22% était pour les investisseurs privés maliens, 4% pour Schaffer et 4% pour le gouvernement malien. Le projet de raffinage devrait se faire en deux étapes. Au cours de la première phase de 10 ans, SOSUMAR produirait 200 000 tonnes métriques de sucre blanc de plantation pure par an sur 15 000 hectares. Ce sucre répondrait aux normes internationales et pourrait être exporté vers d'autres marchés en Afrique de l'Ouest.
La production doublerait au cours de la deuxième phase, à 400 000 tonnes par an, créant une économie d'échelle assez grande pour satisfaire le marché intérieur et transformer le Mali en exportateur de sucre. Le projet devrait créer environ 7 000 emplois à temps plein et plus de 3 000 emplois saisonniers. La proximité du projet de sucre de Schaffer avec une raffinerie de sucre de taille chinoise, SUKALA, a été un défi dès le départ. En tant que seul producteur et raffineur de sucre domestique au Mali, SUKALA a bénéficié d'une part du marché inégalée au Mali depuis son lancement en 1968. À l'origine, SUKALA était détenue à 100% par le gouvernement malien. En 1996, le Mali échangea une partie de sa dette chinoise accumulée lors de la construction de l'usine contre des actions de SUKALA.
En conséquence, la Chine obtint 60% de SUKALA, laissant 40% pour le gouvernement. Étant donné que SUKALA produisait du sucre mal raffiné qui ne répondait pas aux normes internationales et qui n’était pas particulièrement appréciés par les consommateurs maliens, le traitement préférentiel du gouvernement malien a aidé SUKALA à rester à flot. Pour chaque kilogramme de sucre de SUKALA acheté, un importateur peut importer de l'étranger jusqu'à trois fois ce montant en sucre blanc pur sans taxe.
Ces réglementations douanières et le statut de SUKALA en tant que seule raffinerie de sucre au Mali signifiait que la société chinoise avait un marché garanti pour son produit et s'inquiétait de perdre cet avantage si SOSUMAR commençait sa production. SUKALA a, à plusieurs reprises, demandé au gouvernement malien de revoir son accord foncier avec Schaffer, en espérant que le Mali attribuera les terres de SOSUMAR à SUKALA.
En fin 2008, Schaffer informa l'ambassade américaine que le nouveau Ministre de l'économie, de l'industrie et du commerce, Ahmadou Abdoulaye Diallo, avait l’intention d’attribuer les terres de SOSUMAR à SUKALA. Cependant, quelques jours plus tard, le ministre Diallo retira sa décision, affirmant qu'il ne savait pas que le gouvernement malien avait déjà officiellement donné le terrain en question à Schaffer (SOSUMAR). Mais un peu plus tard, le ministre changea une fois de plus sa décision.
Durant une rencontre avec les autorités américaines, les responsables de Schaffer énumérèrent plusieurs occasions où le gouvernement malien refusa d’honorer un accord d'investissement avec Schaffer et son partenaire technique sud-africain, Ilovo. Les représentants de Schaffer ont déclaré que les opérations de SOSUMAR ont été entravées par les efforts des Chinois qui demandaient aux responsables maliens de revoir les allocations de terres déjà établies.
Les Chinois voulaient simplement éliminer un compétiteur afin de ne pas perdre leur position dominante sur le marché du sucre au Mali. Continaf, PDG de Schaffer, déclara que c'était une tactique souvent employée par les entreprises chinoises en Afrique. Elle avait été témoin des manœuvres similaires par les compagnies chinoises dans d'autres marchés de l'Afrique de l'Est et de l'Ouest. Les représentants de Schaffer ont décrit les importateurs chinois au Mali comme une « mafia », puisque trois à quatre hommes d'affaires chinois jouaient les rôles de producteur, importateur, et distributeur.
Malheureusement, l'expérience de Schaffer n’est pas isolée. Lorsque les intérêts chinois sont menacés, la Chine fait pression sur le gouvernement malien. Cette influence constitue un facteur dissuasif pour les investissements étrangers au Mali. Malheureusement, le gouvernement malien n'est pas connu pour ses actions décisives. Après dix ans de travail, le projet de sucre de Schaffert ne verra pas le jour.